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Liban - Architecture

Le BeMa, autre phare de Beyrouth, s’élancera sur 120 mètres

La réalisation du Beirut Museum of Art, futur temple de l'art moderne et contemporain du Liban et de la région, a été confiée à l'architecte franco-libanaise Hala Wardé, partenaire et bras droit de Jean Nouvel dans le projet du Louvre Abou Dhabi.

Depuis plus de 25 ans, Hala Wardé collabore avec Jean Nouvel sur de nombreux projets à travers le monde.

Hala Wardé est la lauréate du concours d'architecture lancé par l'Association pour la promotion et l'exposition des arts au Liban (Apeal) pour la réalisation du Beirut Museum of Art (BeMA). Son projet a été sélectionné par un jury d'architectes, notamment Rem Koolhaas et Richard Rogers, Georges Arbid, président de l'Arab Center for Architecture (ACA), Rodolphe el-Khoury, doyen de la faculté d'architecture de l'Université de Miami, et l'artiste Lamia Joreige. Le musée, qui doit être fin prêt dans trois ans, se dressera sur une parcelle de 12 000 m2 appartenant à l'Université Saint-Joseph. Avec pour voisins le musée national de Beyrouth et le Musée des minéraux (mim), le BeMa formera le triangle d'or d'Achrafieh.

Née à Beyrouth, Hala Wardé est diplômée de l'École spéciale d'architecture de Paris (ESA). Elle a eu deux éminents professeurs: Paul Virilio qui a formé dans son atelier plusieurs grands noms de l'architecture contemporaine française et a mis en évidence l'importance de l'espace concret dans la vie sociale ; mais aussi Jean Nouvel, prix Pritzker 2008, dont elle fut « l'une des meilleures élèves », selon la presse française. Depuis plus de 25 ans, elle collabore avec lui sur de nombreux projets à travers le monde. Actuellement, la Franco-Libanaise est sa partenaire et son bras droit dans le projet du Louvre Abou Dhabi dont elle dirige le chantier. Travailler avec l'architecte français le plus célèbre au monde est une consécration ! « C'est plus une confirmation », avance-t-elle.

 

(Lire aussi : Trois fois lauréate, la T3 Tower sera implantée à Béchara el-Khoury)

 

En parallèle, elle développe ses propres projets à partir de son agence parisienne HW Architecture, fondée en 2008. Aujourd'hui, elle est « ravie et honorée » de réaliser son « premier grand projet » dans Beyrouth.
Le BeMA) comporte une « tour centrale campanile » de 120 mètres de haut, qui abritera un espace pour les ateliers et les expositions, ainsi que des résidences d'artistes. Le concept comprend également un jardin public et une promenade qui sera aménagée pour accueillir des installations et des œuvres d'art spécifiques au site, ainsi qu'un amphithéâtre pour les arts du spectacle. La surface de la construction est de 16 000 m2 dont 3 200 m2 seront dédiés aux expositions et 6000 m2 consacrés aux jardins, et autant pour le parvis et les terrasses.

Notons que le projet paysager a été développé en association avec un véritable artiste des espaces urbains : Michel Desvigne. Grand Prix de l'urbanisme 2011, il a réalisé notamment l'espace public autour de la bibliothèque François Mitterrand et le jardin des logements de Renzo Piano, tous les deux à Paris. Il a également travaillé avec Richard Rogers pour le parc de Greenwich à Londres ; avec Herzog et De Meuron pour les jardins du musée de Minneapolis; avec Rem Koolhaas, la place centrale d'Almere aux Pays-Bas, et avec Norman Foster pour le viaduc de Millau.
D'autre part, pour la scénographie, Hala Wardé a fait appel à l'expertise de Ducks Sceno, qui a à son actif la Philharmonie de Paris, l'Elbphilharmonie de Hambourg, la Casa da musica à Taipei et la Fondation Louis Vuitton à Paris. L'agence 8'18'' a été choisie pour la mise en lumière, et la spécialiste Claire Bergeaud, ex-directrice de la conservation des collections du musée Picasso, pour la conservation préventive. Le développement du projet se poursuivra avec eux.

 

Un édifice appelé à « appartenir à l'identité de Beyrouth »

La lauréate du concours, Hala Wardé, a répondu aux questions de L'Orient-Le Jour :
Jean Nouvel est célèbre pour ses megachantiers. Comment se présente celui du BeMA ?
Chaque chantier est une aventure différente. Le nôtre présente des enjeux comparables en complexité au mégachantier, mais en soi il n'est pas exceptionnel. Il s'agit de construire dans une économie logique et mesurée. Comme partout, le choix et les compétences des entreprises seront déterminants dans cette mise en œuvre.

 

Pourquoi une tour dans un quartier dit « traditionnel » ?
Ce que nous nous construisons ici est à l'opposé des tours ordinaires dont la typologie est inappropriée pour un programme de musée. En revanche, le campanile est un archétype architectural qui s'inscrit parfaitement dans la tradition. Il est conçu dans une logique de contemporanéité, de préciosité et de raffinement, en écho avec la base minérale où se trouvent les espaces de musée. Je ne vois pas de contradiction avec le tissu urbain existant. C'est un élément architectural qui est là pour équilibrer de façon logique le socle fondateur du musée en contrebas. Sa hauteur est liée à son élancement, nécessaire à l'échelle urbaine de la ville.
Le campanile (Aleph) a naturellement surgi du puits en contrepoint vertical essentiel, pour marquer par sa présence le territoire culturel de ce site. Il pourra accueillir des programmes complémentaires, lieux d'expression exceptionnels et uniques. Aussi, il devient un point de repère au centre de la ville, un signe d'appel et de rassemblement à la culture.

 

Comment s'inscrit le projet par rapport au campus universitaire ?
Une des spécificités du terrain est qu'il appartient au campus universitaire, dont il est la proue. Il est important que ce nouveau musée puisse s'insérer dans un quartier déjà occupé par l'ensemble historique des institutions éducatives, académiques et culturelles des jésuites, elles-mêmes à l'origine d'une grande partie du développement culturel de Beyrouth. Le campanile qui ponctue le projet devient en soi une « tour du savoir ». C'est en quelque sorte « l'autre phare » de Beyrouth, un phare terrien.

 

Le jury a salué votre manière de créer les paysages et les espaces où « l'art et la société peuvent se réunir ». Peut-on avoir plus de précision ?
C'est autour d'un puits (Bir, origine étymologique du nom de Beyrouth) qu'une série de paysages se développent pour créer un nouveau jardin dans la ville, lieu public de rencontres sociales et culturelles. Le jardin se développe sur plusieurs niveaux en intégrant un amphithéâtre extérieur qui prolonge la scène de l'espace de performance du musée et double sa capacité, puis se prolonge en esplanade minérale en périphérie du site jusqu'à la terrasse du socle/musée faisant face au musée national.
Le promeneur peut y accéder depuis la rue de Damas ou par les rues arrière, et sera guidé par une ligne d'eau, gravée dans les dalles de pierre karstique, qui va progressivement redescendre vers la végétation luxuriante du ravin, au niveau du foyer bas du musée et son café.

 

Peut-on dire que ce bâtiment entrera dans l'histoire du patrimoine architectural ?
Il en a certainement l'ambition : s'inscrire et appartenir à l'identité culturelle, architecturale et patrimoniale de la ville de Beyrouth.

 

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