Tout le monde le dira aux États-Unis : « Rarement, depuis un an, on ouvre un journal du monde sans constater que le populisme est en marche. Peut-être parce que la globalisation a culminé, entraînant derrière elle des millions d'aigris pour différentes raisons. Et ce populisme a renversé le jeu politique aux États-Unis par l'arrivée au pouvoir de Donald Trump qui a secoué l'establishment dans ses fondations. »
Le monde regarde ébahi Donald Trump en train de prendre le pouvoir avec une main de fer, poussant tous les piliers de la démocratie (syndicat, presse, partis) à rechercher un moyen d'exister avec lui. Les plus grands noms de la vie publique, politique ou pas, se précipitent ver la « Trump Tower », au cœur de Manhattan, en quête d'un rôle à jouer au sein de cette nouvelle force. Une situation pas vraiment nouvelle, selon des chercheurs américains qui font l'analogie avec l'arrivée d'Adolf Hitler dans une grande démocratie qu'était l'Allemagne d'avant-guerre. Ce spectre du populisme monte à présent en France, en Autriche, en Allemagne et au Pays-Bas, avec les États-Unis en proue. En témoigne notamment un article de l'édition électronique de Bloomberg, signé David Rovela, et intitulé, sans détour : « Le populisme envahit le monde ».
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« Donnez-moi un balcon, et je serai président »
L'arrivée de Trump, qui n'est pas encore entré officiellement à la Maison-Blanche, a presque écarté les chances d'amener un président dans les normes classiques, tel que le président Barack Obama. De deux décennies plus jeune et supérieurement plus éduqué que Trump, ce dernier apparaît, dans ce contexte populiste, comme le dernier des Mohicans.
Ce populisme, doublé d'un « nativisme », est pourtant un cycle propre au monde entier, surtout aux pays moins développés. Avec des leaders populistes, toujours charismatiques. À ce sujet, la presse s'est souvenue de José Maria Velasco, le proéminent populiste équatorien (fin du XIXe) qui avait dit : « Donnez-moi un balcon, et je serai un président. » Il avait été président à cinq reprises et quatre fois renversé par l'armée. La BBC, pour sa part, revient au « grand-père des populistes des temps modernes », le français Pierre Poujade, dont les protestations avaient capté l'esprit d'une France qui venait de perdre la guerre en Indochine et en Algérie. Il était un extraordinaire orateur, qui avait pu, entre autres, mobiliser cent mille personnes venues l'écouter à la Porte de Versailles. Et ce n'était pas peu pour un papetier, qui n'était pas issu d'un parti politique. Le professeur Jim Shields, de l'université anglaise d'Aston, et un expert de cette période historique française, a dit qu'il n'avait pas de doute que « Poujade a créé les politiques d'un outsider ».
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Abdallah el-Hage, le populiste libanais
Le Liban n'a pas été étranger à ce courant et il a eu un populiste dans l'âme, en la personne du député Abdallah el-Hage, comme nous l'a rappelé Sobhi Ghandour, fondateur et directeur du al-Hewar Center, à Washington. Mais el-Hage n'a pas pu créer une tendance ou un courant politique car son pays pouvait, à l'époque, sympathiser avec une telle personnalité, mais non avec le concept qu'elle portait. Et pourtant, avec son background d'enseignant, il avait pu remporter dans les années 50 le siège de Baabda au Parlement, sans l'appui d'aucun parti, mais en effectuant sa campagne électorale à pied. Il avait parcouru toute la banlieue sud, s'arrêtant à chaque maison, où souvent il partageait le repas des locataires. Sinon, on le voyait manger en marchant du « kaak ».
Retour au populisme américain qui se différencie du populisme européen du fait qu'au pays de l'Oncle Sam, les deux partis, républicain et démocrate, se relaient le pouvoir à grande vitesse, alors que de l'autre côté de l'Atlantique, les partis populistes ont pris le temps de s'ancrer. Souvent, les mouvements populistes n'arrivent pas à réaliser leur objectif et, souvent, leurs demandes sont récupérées par les partis majeurs ou complètement rejetées.
Pour Trump, les choses sont quelque peu différentes. Il est en train de défier avec force les normes démocratiques. Au départ, il a compté sur son côté show-biz et célébrité. Mais, primaire après primaire, il a su comment gagner de crédibilité et de respect de la part de l'électorat. L'histoire politique américaine se compose toujours de conflits (esclavage, interventions militaires ou pas, droit encore discuté à l'interruption de grossesse, à l'orientation sexuelle, etc.), mais elle conserve une constante : l'Amérique se doit d'être influente dans le monde. Une constante que Trump a faite sienne, gagnant la 45e présidence des États-Unis avec cette devise : « Make America great again ».
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le "populisme " ! mot condamnatoire ...! du vocabulaire du politiquement correct de gauche ...! car quand "le populisme" est de gauche ,il se nome socialisme !
08 h 15, le 29 décembre 2016