Il s’appelait Georges

Il avait l'art et la manière ; il était doué de patience, celle de vous écouter jusqu'au bout ; il surprenait par son humilité et sa finesse. Il était médecin biologiste ; mais il comprenait et connaissait tous les secrets de la profession d'Hippocrate, autant l'anatomie que les désordres fonctionnels. Il vous parlait du Goiffon – une technique mise au point par son patron de stage – de l'analyse coprologique, du côlon irritable, du bon cholestérol, des infections, du sang, des cellules et leurs étiologies. Son visage s'éclairait quand il racontait ses séjours annuels chez Pasteur, l'Institut Pasteur.
Il savait surtout être un ami, un compagnon, un croyant, un humaniste, un esprit distingué, une âme comme il en reste si peu : proche de Dieu, des hommes et des souffrances que les découvertes de la science révèlent chaque jour, qu'il faut combattre. Il savait regarder et comprendre, avec courage et lucidité. Il restait fidèle à ses camarades de faculté, à ses amis, avec cette générosité et cette affection qui façonne l'amitié et la rend éternelle.
Il s'est éteint il y a quelques jours, sans partager la tendresse et les nostalgies que ces fêtes évoquent. Il va cruellement manquer à ses amis et à ceux qui l'ont connu. Il s'appelait Georges. Docteur Georges Yazigi.

Ibrahim NAJJAR