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Moyen Orient et Monde - Syrie

Des milliers de civils et de rebelles évacués d’Alep-Est

Idleb risque de devenir la prochaine Alep, avertit Staffan de Mistura.

Sur les vitres de certains bus couvertes de poussière, des évacués d’Alep-Est ont inscrit « Nous reviendrons un jour ». Karam al-Masri/AFP

Des milliers de civils et de rebelles ont été évacués hier d'Alep, un mois après une offensive dévastatrice du régime.
Le président Bachar el-Assad, qui a bénéficié du soutien crucial de la Russie et de l'Iran dans la guerre, a affirmé que les Syriens « écrivaient l'histoire » avec la « libération » en cours de la ville. Mais cette victoire a un coût humain exorbitant, après le déluge de feu des troupes du régime qui ont déversé sans arrêt leurs missiles, barils explosifs et obus sur les quartiers encore tenus par les rebelles dans la cité septentrionale lors de leur dernière offensive lancée le 15 novembre.
Des centaines de civils tués, plus de 100 000 autres affamés et assiégés pendant quatre mois poussés à la fuite, sans compter les immenses destructions qui suscitent des comparaisons avec Berlin en 1945 ou Grozny en Tchétchénie. La communauté internationale s'est bornée à condamner, mais est restée impuissante. D'ailleurs, 25 ONG internationales ont déploré la « faillite morale de la communauté internationale » au moment où « l'humanité rend son dernier souffle » à Alep.
Aux termes d'un accord d'évacuation des dernières poches rebelles, où les armes se sont tues hier à l'aube, trois convois de bus et d'ambulances ont fait sortir en grande majorité des civils dont des blessés et des combattants. Le trajet est le même : du quartier al-Amiriyah encore tenu en partie par les insurgés vers celui de Ramoussa aux mains du régime, avant de parvenir en territoire rebelle dans l'ouest de la province d'Alep. Les personnes évacuées se sont agglutinées dans les bus, s'asseyant sur les sièges ou à même le plancher. Certaines, âgées, pleuraient, mais d'autres étaient soulagées de sortir de l'enfer. Certains habitants hésitaient à monter à bord des bus, craignant que le régime ne se livre à des fouilles.

« Nous reviendrons un jour ! »
Sur les vitres de certains bus couvertes de poussière, des évacués ont inscrit « Nous reviendrons un jour ». Des volutes de fumée blanche s'élevaient des quartiers rebelles. Les derniers habitants brûlaient des effets qu'ils ne veulent pas laisser au régime et les insurgés leurs documents.
Les trois convois formés de nombreux bus et ambulances étaient ouverts par des véhicules du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant-Rouge syrien. Selon des correspondants de l'AFP et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), il y avait un petit nombre de combattants à bord des bus et une majorité de civils. Le CICR n'a parlé que de civils évacués dans ces convois. Selon sa représentante en Syrie, Marianne Gasser, environ 3 000 civils et plus de 40 blessés dont des enfants ont pu être évacués dans les deux premiers.
Pour que les ambulances et les bus puissent arriver jusqu'aux habitants, une grue a dû déplacer les décombres des rues ravagées, a-t-elle dit. « Ce que nous avons vu fendait le cœur. »

Évacuations de plusieurs jours
« Personne ne sait combien de gens sont encore dans les quartiers rebelles » en passe de tomber aux mains du régime, a poursuivi Mme Gasser, en soulignant que l'évacuation « pourrait prendre des jours ».
Néanmoins, l'émissaire de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura a estimé à environ 40 000 le nombre de civils encore piégés dans le réduit rebelle et à entre 1 500 et 5 000 celui des combattants et leurs familles. La Turquie, qui a promis d'accueillir des déplacés, a, elle, chiffré entre 80 000 et 100 000 le nombre de civils qui pourraient être évacués.
Dans le cadre de l'accord d'Alep, des blessés et des malades des villages chiites de Fouaa et Kfarya, sous contrôle du régime, mais assiégés par les rebelles dans la province d'Idleb, pourront aussi être évacués vers des zones prorégime.
Les personnes sorties d'Alep peuvent au final se rendre dans la province voisine d'Idleb, dernière place forte de la rébellion qui voit fondre les zones sous son contrôle. Mais M. de Mistura, qui appelle de ses vœux à une reprise des négociations intersyriennes pour trouver une issue au conflit, a averti qu'Idleb risquait de devenir « la prochaine Alep », « s'il n'y a pas d'accord politique et de cessez-le-feu ».

Pressions occidentales
Alors que les multiples veto russes ont bloqué toute action du Conseil de sécurité de l'Onu sur Alep, une nouvelle réunion est prévue aujourd'hui à la demande de la France pour tenter d'obtenir le déploiement d'observateurs internationaux pour les évacuations. Le secrétaire d'État américain John Kerry a averti qu'Alep risquait de devenir un « autre Srebrenica », du nom de cette ville de Bosnie où fut commis en 1995 le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
À Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a annoncé avoir « convoqué » les ambassadeurs russe et iranien pour leur faire part de sa « profonde inquiétude » concernant Alep et pour dénoncer « les actions de l'Iran et de la Russie en Syrie ». De son côté, le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a dit « ne pas voir d'avenir pour le président Assad en Syrie (...) même s'il triomphe de l'opposition à Alep ».
Enfin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré hier s'être entretenu de la situation à Alep « plusieurs fois » avec son homologue russe Vladimir Poutine, et a eu une longue conversation avec le président américain Barack Obama. Il a précisé avoir aussi discuté avec la chancelière allemande Angela Merkel des moyens d'aider la population d'Alep.
(Source : AFP)

Des milliers de civils et de rebelles ont été évacués hier d'Alep, un mois après une offensive dévastatrice du régime.Le président Bachar el-Assad, qui a bénéficié du soutien crucial de la Russie et de l'Iran dans la guerre, a affirmé que les Syriens « écrivaient l'histoire » avec la « libération » en cours de la ville. Mais cette victoire a un coût humain exorbitant,...
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