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Nigeria : les autorités demandent que le chef d'un groupe chiite soit "condamné"

L'Etat de Kaduna, dans le nord du Nigeria, a demandé que le chef du groupe chiite du Mouvement Islamique du Nigeria (IMN) soit tenu responsable pour "sa désobéissance civile" depuis 30 ans, quelques jours après qu'un juge ait ordonné sa libération.

"L'IMN est une organisation qui n'est pas reconnue par les autorités", a rappelé Samuel Aruwan, assistant du gouverneur de l'Etat de Kaduna. "Les membres vouent une loyauté sans faille à leur chef Ibrahim Zakzaki, qui de fait porte toute la responsabilité des actes illégaux commis par son groupe. Il devrait être poursuivi et condamné."

Dans un livre blanc de 191 pages, publié lundi, le gouvernement local appelle la justice à enquêter sur "les destructions de propriétés, les assassinats (...), les affrontements", dont est responsable le groupe radical chiite "depuis 30 ans". Ibrahim Zakzaky et l'IMN souhaitent établir un Etat islamique chiite à l'iranienne et ne reconnaissent pas l'autorité d'Abuja. Le mouvement a été interdit dans le seul Etat de Kaduna en octobre dernier.

Cette publication intervient alors qu'une cour de justice nigériane a ordonné vendredi la libération du leader de l'IMN dans les 45 jours, alors qu'il est incarcéré depuis un an par les services secrets (DSS) sans procès. Il a perdu un oeil lors de son arrestation violente et est partiellement paralysé. Selon la cour, le DSS et le ministre de la Justice ont été incapables de prouver la légalité de la "détention préventive" de M. Zakzaky.

Il avait été arrêté lors de violents affrontements en décembre 2015 à Zaria, fief de l'IMN. L'armée avait massacré 348 musulmans chiites, minorité dans le nord du Nigeria, presque exclusivement sunnite, puis les avait enterrés dans une fosse commune. Le gouvernement de Kaduna n'a pas nié les morts, et reconnaît que "tout membre de l'armée qui aurait pu être lié à ces tueries devrait passer en cour martiale". Mais personne n'a à ce jour été jugé ou condamné.

Les tensions inter-religieuses sont particulièrement exacerbées depuis quelques mois dans le nord-ouest du Nigeria, où des prêcheurs salafistes nourrissent la haine anti-chiite. Au moins dix membres de l'IMN ont été tués mi-novembre par la police de Kano (nord), lors d'une cérémonie religieuse.
Dans son jugement vendredi, le juge avait mis en garde les autorités contre tout mauvais traitement infligé à M. Zakzaki. "S'il meurt en garde à vue, cela pourrait conduire à de nombreux morts inutiles".

En 2009, Mohammed Yusuf, fondateur de Boko Haram, qui était alors une secte sunnite extrémiste, est mort en garde à vue, déclenchant la colère de ses milliers de fidèles, qui ont pris les armes et ont entamé une rébellion qui a dévasté le nord-est du Nigeria.

L'Etat de Kaduna, dans le nord du Nigeria, a demandé que le chef du groupe chiite du Mouvement Islamique du Nigeria (IMN) soit tenu responsable pour "sa désobéissance civile" depuis 30 ans, quelques jours après qu'un juge ait ordonné sa libération."L'IMN est une organisation qui n'est pas reconnue par les autorités", a rappelé Samuel Aruwan, assistant du gouverneur de l'Etat de Kaduna....