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Moyen Orient et Monde - Golfe

Menée par des islamistes, l’opposition koweïtienne forcée à s’unir pour peser

Le rejet de la politique d'austérité est le seul sujet commun entre les différents groupes d'opposants.

Le député islamiste Walid al-Tabtabai célébrant sa victoire aux législatives koweïtiennes. Yasser al-Zayyat/AFP

L'opposition koweïtienne, dominée par des islamistes, a fait un retour en force au Parlement à l'issue des élections anticipées du 26 novembre, mais doit encore faire montre d'unité pour pouvoir peser, estiment des analystes.
Composée de groupes et d'individus de divers horizons, cette opposition ne fait front commun que sur certaines questions, comme celle du rejet de la politique d'austérité des autorités. Mais elle étale ses divisions sur d'autres questions. Au Koweït, la loi interdit les partis politiques, et l'opposition est formée d'individus et de groupes mal structurés, à l'exception des mouvements islamistes qui sont mieux organisés.
Les groupes de l'opposition ont boycotté les élections législatives de 2012 et de 2013 pour protester contre un amendement de la loi électorale. Ils ont cependant décidé de participer aux élections anticipées du 26 novembre en invoquant « une détérioration » de la vie politique dans l'émirat pétrolier du Golfe.
« L'opposition n'est pas une entité unique. C'est une coalition de groupes et d'individus non liés par une idéologie distincte ou même un programme », explique à l'AFP l'analyste politique Abdelwahed Khalfan. « (Ses composantes) divergent dans leurs orientations et leurs objectifs, mais elles se présentent sous le label de l'opposition face au gouvernement », ajoute-t-il.
Les islamistes ont raflé presque la moitié des 24 sièges remportés par l'opposition sur les 50 élus au Parlement. Les autres sièges de l'opposition sont revenus à des nationalistes et à des libéraux. Le principal groupe islamiste, le Mouvement constitutionnel islamique (lié aux Frères musulmans), a remporté, avec ses partisans, six sièges, alors que les salafistes radicaux et leurs alliés comptent cinq élus dans la nouvelle Chambre.
« Nous aurons plus d'un bloc de l'opposition au Parlement. Les élus de l'opposition ne peuvent pas tous être classés sous la même étiquette », souligne un autre analyste, Saleh al-Saïdi. « Ils s'accorderont sur certaines questions prioritaires, mais seront plus nombreux lorsqu'il s'agira de "questions populistes" », prédit-il.

Rejet de l'austérité
Ainsi, de nombreux députés se joindront vraisemblablement aux élus de l'opposition pour rejeter, sous la pression de l'opinion publique, les mesures d'austérité et l'augmentation des prix décidées par les autorités.
Des élus de l'opposition ont signalé des dossiers urgents à soulever dès la première réunion du Parlement, le 11 décembre. L'islamiste Walid al-Tabtabai a précisé que la priorité serait d'amender la loi électorale, d'abroger les lois du précédent Parlement imposant des restrictions sur les libertés et d'annuler le retrait de la nationalité koweïtienne décidé contre des opposants. Les élus de l'opposition sont quasi unanimes sur ces questions.
« Les députés n'ont d'autre choix que de s'entendre sur la base d'engagements nationaux communs », a écrit le député de l'opposition islamiste Jamaan al-Harbash sur son compte Twitter. « Nous devons mettre de côté toutes les questions controversées pour assurer le succès sur les sujets nationaux convenus », a-t-il souligné.
Entre 2011 et 2014, l'opposition avait organisé des manifestations de rue pour réclamer des réformes démocratiques, un gouvernement élu et un amendement de la Constitution pour réduire les prérogatives de la famille régnante. Ces revendications ne sont plus une priorité pour l'opposition qui a été affaiblie, alors que plusieurs de ses dirigeants et des dissidents ont été emprisonnés.
Dans ce pays de 4,4 millions d'habitants, dont 70 % d'étrangers, qui se targue d'avoir été la première monarchie du Golfe à se doter d'un système parlementaire (en 1962), le Parlement dispose de certaines prérogatives, notamment le contrôle de l'action du gouvernement et des ministres. Mais le pouvoir réel demeure entre les mains de la famille al-Sabah, qui règne depuis 250 ans. Des membres de cette famille occupent des postes-clés dans le gouvernement, dont les portefeuilles de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur. De plus, des ministres non élus deviennent membres du Parlement avec des pouvoirs comparables à ceux des députés élus, ce qui donne au gouvernement un avantage.
Omar HASSAN ABDULLA/AFP

L'opposition koweïtienne, dominée par des islamistes, a fait un retour en force au Parlement à l'issue des élections anticipées du 26 novembre, mais doit encore faire montre d'unité pour pouvoir peser, estiment des analystes.Composée de groupes et d'individus de divers horizons, cette opposition ne fait front commun que sur certaines questions, comme celle du rejet de la...

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