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Économie - Pétrole

L’Opep parvient à un accord « historique » pour limiter sa production

Après des semaines de tractations aux allures de poker, l'Opep a décidé hier pour la première fois depuis 2008 une réduction de sa production de 1,2 million de barils par jour.

Le ministre de l’Énergie du Qatar, Mohammad Saleh al-Sada, et le secrétaire général de l’Opep, Mohammad Barkindo, à une conférence de presse hier, après la réunion de Vienne. Heinz-Peter Bader/Reuters

Les États membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont entendus hier à Vienne pour réduire leur production, scellant après des mois de dissensions un accord indispensable pour faire remonter les prix. C'est la première fois depuis 2008 que les 14 pays du cartel s'engagent à limiter leur production, défiant le pessimisme de nombreux observateurs.

L'accord sera effectif à compter du « 1er janvier 2017 », a déclaré le ministre qatari de l'Énergie Mohammad Saleh al-Sada, qui préside la conférence de l'Opep, évoquant une décision « historique qui va certainement aider à rééquilibrer le marché et à réduire la surabondance des stocks » de pétrole.

L'Opep, a-t-il précisé, va diminuer sa production de « 1,2 million de barils par jour, pour porter son plafond à 32,5 millions de barils par jour ». En octobre, le cartel avait produit 33,64 millions de barils. Et l'organisation devrait, comme elle le souhaitait, entraîner dans son mouvement la Russie, le plus grand producteur mondial de pétrole, qui s'est « engagée à réduire de 300 000 barils » sa production, a annoncé le ministre qatari, après une réunion à Vienne, où siège l'Opep. Moscou a confirmé hier soir son intention de participer à l'effort si le cartel tient ses engagements. La Russie contribuerait ainsi pour moitié à l'objectif de réduction en volume (600 000 barils) demandé aux pays extérieurs au cartel.

Les marchés ont salué ces annonces : à la clôture hier, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 50,47 dollars à Londres, en hausse de 4,09 dollars par rapport à la clôture de mardi, tandis que le WTI pour la même échéance prenait 3,91 dollars à 49,14 dollars. En séance, les cours ont atteint leur plus haut niveau en un mois.

L'accord conclut des semaines d'intenses tractations aux allures de poker entre l'Arabie saoudite, l'Irak et l'Iran. Riyad avait clairement annoncé qu'il ne consentirait à réduire sa production que si Bagdad et Téhéran, respectivement 2e et 3e producteurs du cartel, faisaient de même.

 

(Pour mémoire : Opep : Alger confiant sur un accord, Riyad souffle le chaud et le froid)

 

Victoire pour l'Iran
En pratique, les plus fortes baisses de production seront supportées par l'Arabie saoudite (-486 000 b/j), l'Irak (-210 000), les Émirats arabes unis (-139 000) et le Koweït (-131 000), les plus gros producteurs mis à part l'Iran, selon un document diffusé par l'Opep. L'Iran a obtenu gain de cause et va pouvoir augmenter sa production de 90 000 b/j à 3,8 millions. Son ministre du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a adressé un signe de victoire aux journalistes alors qu'il quittait le siège de l'Opep. Outre l'Iran, qui veut pouvoir profiter de la levée des sanctions économiques à son encontre, la Libye et le Nigeria sont exemptés des limitations en raison des conflits auxquels ils font face et de leur impact sur leurs finances. L'Indonésie, qui a refusé de souscrire à l'accord, a vu son adhésion à l'Opep « gelée ».

L'accord de Vienne reflète les engagements pris par l'Opep fin septembre à Alger où les ministres du cartel s'étaient fixé pour objectif de ramener leur production entre 32,5 et 33 mbj. De façon générale, l'accord va faire remonter l'inflation mondiale à un « taux plus sain », y compris aux États-Unis, a estimé Mohammad Saleh al-Sada. Avec l'effort consenti par la Russie, sa mise en œuvre devrait aboutir à une résorption du surplus structurel de production, qui plombait les cours depuis deux ans.

Des analystes sceptiques ont toutefois prévenu que l'application des limitations devra être surveillée de près, car aucune sanction n'est prévue pour les contrevenants. Si la perspective d'un carburant plus cher ne réjouira pas les automobilistes, la hausse attendue des prix devrait soulager les budgets des pays producteurs de pétrole. Les gros producteurs de l'Opep avaient longtemps soutenu une stratégie de prix bas, espérant ainsi évincer leurs concurrents, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains, et regagner des parts de marché. Mais même les finances publiques de la riche Arabie saoudite avaient fini par souffrir de l'effet des prix bas.

 

 

Pour mémoire

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