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Économie - Conférence

Les banquiers arabes veulent faire entendre leur voix à l’international

Face à l'inflation des normes de régulation financière, les banquiers de la région s'interrogeaient hier sur l'opportunité d'un lobby qui leur permettrait de mieux participer à l'élaboration de ces règles.

« Nos banques arabes sont confrontées à des risques communs face à des législations internationales strictes », a affirmé le président de l’Association des banques du Liban, Joseph Torbey (au micro). Photo DR

La création d'un lobby bancaire arabe était sur toutes les lèvres hier, lors de la première journée de la conférence annuelle de l'Union des banques arabes (UBA) à l'hôtel Phoenicia. De la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent, à l'adoption de l'échange automatique d'informations fiscales – prévue d'ici à septembre 2018 pour le Liban –, les nouvelles législations financières internationales s'enchaînent et contraignent les banques à s'y conformer dans des délais très réduits. Elles veulent donc désormais avoir leur mot à dire dans l'élaboration de ces normes.

« Nos banques arabes sont confrontées à des risques communs face à des législations internationales strictes qui requièrent des banquiers la mise en œuvre d'opérations dépassant parfois leurs compétences, comme la lutte contre le crime organisé, le financement du terrorisme, le blanchiment d'argent, l'évasion fiscale... », s'est inquiété dans son discours le président de l'Association des banques du Liban, Joseph Torbey. « Les banques doivent désormais s'armer pour être au service des États et de leurs appareils sécuritaires et fiscaux », a-t-il renchéri.

« Du fait de notre emplacement géopolitique, nous avons aussi été particulièrement exposés aux sanctions internationales visant le Hezbollah, la Syrie ou encore l'Iran », a regretté Saad Azhari, PDG de la Blom Bank. « Et puisque plus de 70 % de nos transactions se font en dollars, les banques libanaises se sont conformées à toutes ces sanctions pour protéger leurs relations avec les banques correspondantes américaines et européennes, et ce avec le soutien de la BDL », a-t-il poursuivi avant d'affirmer que « les banques arabes ont toutes les capacités pour affronter ces défis ». Selon une étude publiée en septembre par le FMI et la Banque mondiale, en collaboration avec le Fonds monétaire arabe, 39 % des banques arabes interrogées ont vu leurs relations avec leurs banques correspondantes diminuer de manière significative entre 2012 et 2015.

 

(Lire aussi : Riyad et ses alliés du Golfe prêts à produire moins de pétrole)

 

Solidarité
Pour le PDG de la Fransabank, Adnane Kassar, cette situation doit conduire à la création « d'un lobby bancaire arabe organisé, qui participe à l'élaboration des politiques bancaires internationales, en fonction des intérêts du secteur bancaire arabe ». Il a ainsi espéré que ce lobby puisse offrir « une plateforme de dialogue constructif aux dirigeants des banques centrales et banques commerciales arabes avec les organismes de contrôle bancaires et législatifs internationaux, pour une meilleure application des législations internationales ».

Un souhait partagé par un bon nombre des conférenciers. « Cela implique que les pays arabes se mettent d'accord en interne avant d'aller exercer du lobbying à l'international. Mais il n'est pas nécessaire que ce lobby regroupe dès le départ une vingtaine de pays arabes, nous pouvons commencer l'expérience avec les pays dont les secteurs bancaires sont forts et similaires », a plaidé l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Tandis que le gouverneur de la Banque centrale irakienne, Ali Mohssen Ismail, a appelé à la création rapide de ce lobby afin de venir en aide aux secteurs bancaires arabes les plus vulnérables. « Nous avons besoin de la solidarité des banques arabes car les banques irakiennes ont du mal à nouer des liens avec les banques correspondantes », a lancé M. Ismail. De son côté, le directeur général du groupement professionnel des banques du Maroc, El-Hadi Chaibainou, a estimé que le secteur bancaire arabe disposait déjà des prérequis nécessaires pour lancer ce type initiative, notamment à travers les réalisations de l'UBA.

Mais un certain scepticisme sur les conditions concrètes de création d'un tel lobby demeure. « Je n'encourage pas la création d'une telle structure car les secteurs bancaires arabes sont très différents, et cela pourrait également poser des problèmes de souveraineté aux États arabes », a par exemple prévenu le vice-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Mohammad Baassiri.

 

 

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