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Économie - Interview express

Michel Santi « L’immobilier est un parasite pour la croissance »

De passage à Beyrouth, à l'occasion du Salon du livre francophone et de la publication de son nouvel ouvrage : « Pour un capitalisme entre adultes consentants », notre chroniqueur Michel Santi revient sur certaines des thèses qu'il défend.

Dans votre ouvrage, vous diagnostiquez un capitalisme en phase terminale. Or tout au long de l'histoire, il a montré ses capacités à résister aux crises. Sur quoi repose votre diagnostic ?
Le capitalisme occidental est en phase terminale car il est impossible de continuer dans un monde schizophrène où une infime minorité survole une masse qui se bat pour assurer sa subsistance. Le problème du capitalisme en l'état actuel est la globalisation qui, depuis les années 1990, ne profite qu'à une part infime de la population. On parlait auparavant des fameux « 1 % » qui concentraient approximativement les deux tiers de la fortune mondiale. On parle désormais des « 0,1 % », car le haut de la pyramide ne cesse de s'enrichir, grâce à l'envolée des Bourses, qui ne reflètent absolument pas l'état de l'économie réelle. Le capitalisme actuel crache des inégalités et l'élection de personnages comme Donald Trump en est une conséquence.

Vous pointez notamment du doigt les effets néfastes du développement du secteur immobilier et des politiques promouvant la propriété, sur les inégalités et la relance de l'économie. Pourquoi ?
Les pays qui ont le plus grand nombre de propriétaires immobiliers sont les pays dont l'économie, et notamment l'industrie, sont les moins performantes. Car dans ces pays, les forces vitales de l'économie sont phagocytées par le secteur immobilier et celui de la construction, plutôt que d'être dirigées vers l'industrie et les services. On observe donc une corrélation négative entre le nombre de propriétaires immobiliers dans un pays et la balance commerciale de ce pays.
Le marché immobilier est un parasite pour la croissance car il donne l'illusion d'une croissance économique : si l'immobilier monte, les prêts accordés par les banques adossés à l'immobilier sont plus importants. La création monétaire des banques va ainsi être entièrement dédiée à l'immobilier, au détriment des autres secteurs. Ce phénomène est d'autant plus dangereux qu'il est générateur de krachs boursiers (citons l'exemple de la crise des « subprimes » ).
Pour inverser cette tendance, les pouvoirs politiques devraient donc, si ce n'est saborder la propriété immobilière, du moins imposer lourdement la spéculation immobilière et la possession de plus d'une maison, afin de décourager la propriété.

Pour sortir de la crise, vous proposez que la politique monétaire de taux négatifs soit corrélée à une « disparition du cash » progressive. Pourtant, il n'a jamais été aussi utilisé à l'échelle mondiale. Comment mettre en œuvre cette disparition ?

Si les politiques de baisse de taux et de « quantitative easing » adoptées par les banques centrales après la crise de 2007-2008 ont permis de rétablir en partie la confiance des agents, les banques n'ont pas répercuté cette facilité de crédit sur l'ensemble de l'économie et seuls les plus riches en ont profité.
De plus, les billets de banque ont neutralisé l'efficacité des taux négatifs. Prenons l'exemple Suisse, dont le taux d'intérêt directeur est de -0,75 %. Cela signifie que les gens payent une taxe sur leurs dépôts en banque. Par réflexe naturel, les gens ont retiré leur argent plutôt que de payer cette taxe : il y a 4 fois plus de billets de 1 000 francs suisses en circulation qu'il y a 5 ans.
Si ces grosses coupures étaient remplacées par la monnaie électronique – les cartes bancaires ou les applications de paiement mobile – les gens n'auront d'autre choix que de dépenser cet argent plutôt que de le conserver dans des comptes taxés de fait. Non seulement cette mesure permettrait une relance de l'économie par l'optimisation de l'efficacité des taux négatifs, mais elle signifierait également l'asphyxie de l'économie souterraine, qui privilégie l'usage des grosses coupures.

Dans votre ouvrage, vous diagnostiquez un capitalisme en phase terminale. Or tout au long de l'histoire, il a montré ses capacités à résister aux crises. Sur quoi repose votre diagnostic ?Le capitalisme occidental est en phase terminale car il est impossible de continuer dans un monde schizophrène où une infime minorité survole une masse qui se bat pour assurer sa subsistance. Le problème du capitalisme en l'état actuel est la globalisation qui, depuis les années 1990, ne profite qu'à une part infime de la population. On parlait auparavant des fameux « 1 % » qui concentraient approximativement les deux tiers de la fortune mondiale. On parle désormais des « 0,1 % », car le haut de la pyramide ne cesse de s'enrichir, grâce à l'envolée des Bourses, qui ne reflètent absolument pas l'état de l'économie réelle. Le...
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