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Culture - Théâtre

Cette si délicate « Peau d’Élisa »...

C'est une histoire de femme. Une histoire d'amour(s), de peau(x), de mots et d'émotions signée Carole Fréchette. Mise en place par Marie-Christine Tayah et produite par Joe Kodeih, elle est interprétée par deux comédiens amateurs de l'Atelier de théâtre de Gemmayzé.

Simona De Martino, première consule à l’ambassade d’Italie, et Pascal Ramy, tout juste 16 ans : un duo de mordus des planches... Photo DR

Dans le répertoire de Carole Fréchette, une auteure dramatique québécoise aux pièces abonnées au succès, La peau d'Élisa occupe une place à part. Cet émouvant et singulier quasi-soliloque d'une femme qui raconte, par fragments épars, de frémissantes histoires d'amours, de passions, de rencontres, de baisers humides et d'exaltations partagées a été adapté et mis en scène, depuis sa création en 1999, un nombre incalculable de fois, dans différents pays et langues. Dont le Liban et l'arabe, dans une adaptation signée Joe Kodeih présentée au Monnot en 2004. Et c'est encore Joe Kodeih, mais en tant que producteur cette fois, qui est derrière la nouvelle « adaptation et mise en place » qu'il a confiée à Marie-Christine Tayah.

Traductrice et journaliste, cette dernière, passionnée de théâtre, cherche à en expérimenter tous les rouages. Elle a, à son actif, un roman théâtral, Actes manqués (éditions Noir Blanc et Cætera), la mise en scène de quelques pièces pour enfants, un rôle dans Psy de Marcel Ghosn et une brève figuration dans Les Liaisons dangereuses de Joe Kodeih, qu'elle avait assisté pour l'adaptation du texte de Choderlos de Laclos.

Mille-feuille d'émotions
Séduite par « ce mille-feuille d'émotions et de psychologie féminines » que recèle La peau d'Élisa, elle choisit de transposer la pièce sur scène, en y faisant monter le public, qu'elle fait asseoir au plus près des comédiens, « de manière à ce qu'il partage avec eux le ressenti des émotions », dit-elle. Et, sur les conseils de l'acteur et metteur en scène, elle a choisi de confier les deux rôles de cette pièce à deux autres mordus des planches qui suivent assidûment depuis quelques mois les cours de l'Atelier théâtral de Gemmayzé.

Simona De Martino, première consule à l'ambassade d'Italie, se glisse ainsi chaque mercredi et jeudi du mois de novembre dans La peau d'Élisa, et Pascal Ramy, tout juste 16 ans, élève en classe de première à l'Athénée de Beyrouth, l'accompagne en endossant le rôle du jeune homme lui donnant (un bref moment) la réplique. Sauf qu'entrer dans la peau de ces personnages aussi poétiques que déroutants n'est pas chose aisée. Le rôle d'Élisa est particulièrement exigeant. Il porte totalement un texte fragmenté comme un puzzle dont les éléments nécessitent une grande habileté de jeu pour s'imbriquer. Il demande aussi une certaine concentration de la part de l'auditoire. Les propos d'Élisa sont fantasques. Entre confidences et divagations, ses histoires, souvenirs vécus ou créés de toutes pièces, émeuvent autant

qu'elles désarçonnent. Et il faut beaucoup de ressources, une parfaite maîtrise des subtilités d'expressions, d'intonations, de gestuelle et d'attitudes, pour interpréter cette femme énigmatique et troublante qui monologue une heure durant. Pour accrocher le public, sans le lasser. Pour l'emporter dans l'univers de cette amoureuse qui se confie aux passants, qui se confie au public, comme on lance une bouteille à la mer. Dans une tentative désespérée de sauver sa peau. Cette peau qui se relâche, s'affaisse, croît et se multiplie jusqu'à l'enfouir entièrement, la rendre invisible aux yeux des autres.

S'il aurait mieux valu confier cette performance « délicate » à des comédiens professionnels, le duo d'amateurs s'y est attelé avec toute sa sensibilité. Celle-ci transparaît dans le regard de Simona De Martino, dans son accent à la rondeur toute italienne qui fléchit et bute parfois sur les mots, les phrases, ainsi que dans le jeu fébrile du tout jeune Pascal Ramy.
Au final, malgré des moments creux, le duo réussit quand même à communiquer la détresse, le désarroi, la peur de la solitude, de la vieillesse et de la mort des personnages.

 

*Jusqu'à fin novembre, tous les mercredis et jeudis à 20h30. Billets en vente chez Antoine. Réservations au : 76/409109.

Extrait
« On allait se baigner dans les piscines privées, la nuit. Un jour, il a enlevé le toit de son auto au chalumeau, pour faire une décapotable. Quand il pleuvait, il fallait la vider avec un petit seau, comme une chaloupe. On riait beaucoup. Il était fou, Armando. C'était gai, mais on ne s'aimait pas encore. Pas complètement... Je veux dire avec la peau et la bouche et tout. Excusez-moi. (...) Excusez-moi, qu'est-ce que je disais ? Euh... voyons. Il s'appelait Armando, c'est ça ? (...) »

Dans le répertoire de Carole Fréchette, une auteure dramatique québécoise aux pièces abonnées au succès, La peau d'Élisa occupe une place à part. Cet émouvant et singulier quasi-soliloque d'une femme qui raconte, par fragments épars, de frémissantes histoires d'amours, de passions, de rencontres, de baisers humides et d'exaltations partagées a été adapté et mis en scène, depuis...

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