Jérusalem: le maire fait planer la menace de détruire des maisons palestiniennes

Le maire israélien de Jérusalem a laissé planer la menace de détruire des maisons palestiniennes construites sans permis israélien à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville annexée par l'Etat hébreu, en cas de démantèlement d'une colonie sauvage en Cisjordanie occupée.

Le maire, Nir Barkat, membre du parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a exprimé cette position dans un courrier, consulté lundi par l'AFP, en réaction à une décision de la Cour suprême israélienne.
La Cour a ordonné l'évacuation au plus tard le 25 décembre de la colonie d'Amona où sont installées une quarantaine de familles de colons israéliens sur des terres privées appartenant à des Palestiniens près de Ramallah en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Pour la communauté internationale, toutes les colonies, autorisées ou non par les autorités israéliennes, sont illégales.
Mais le maire de Jérusalem est opposé à la destruction de la colonie d'Amona.

Dans une lettre au conseiller juridique du gouvernement, Nir Barkat affirme que la destruction d'Amona "pourrait avoir des implications pour des cas similaires à Jérusalem, où des Arabes ont construit illégalement sur des terres privées ou municipales".
"Il ne doit pas y avoir une loi pour les juifs et une autre pour les Arabes", selon une copie de cette lettre fournie par ses services à l'AFP.

Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville sainte, est occupée et annexée depuis 1967 par Israël, une annexion jugée illégale par l'Onu. Les permis de construire n'y sont délivrés qu'au compte-gouttes par la municipalité israélienne. Des Palestiniens ont donc construit des maisons sans ces permis.
Ir Amim, une ONG israélienne opposée à la colonisation de Jérusalem-Est où plus de 200.000 Israéliens se sont installés a dénoncé les menaces du maire.

"Ce sont des propos scandaleux de quelqu'un qui tente de promouvoir sa carrière politique sur le dos des habitants de Jérusalem", a affirmé à l'AFP Yehudit Oppenheimer, dirigeants d'Ir Amim. Selon elle, Nir Barkat aspire à devenir un des leaders nationaux du Likoud et "pour cela il pense que tout lui est permis".
"Il n'a d'ailleurs pas attendu l'application de la décision de la Cour suprême concernant Amona pour passer à l'action", a-t-elle déploré affirmant que les autorités ont détruit 166 constructions palestiniennes ne détenant pas de permis israélien à Jérusalem-Est, deux fois plus que durant la même période de l'an dernier.