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En Tunisie, les dattes de la discorde entre l'Etat et des habitants d'une oasis

Un bras de fer oppose en Tunisie l'Etat à une association locale autour d'une exploitation de dattes à Jemna (sud), un juteux marché de plusieurs centaines de milliers d'euros par an, a-t-on appris lundi auprès des acteurs de cet imbroglio.

Légalement, les terres, d'une superficie de 361 hectares, appartiennent depuis l'indépendance à l'Etat, qui sous-traitait de longue date l'exploitation à des sociétés privées. Depuis la révolution de 2011, l'"Association de la protection des oasis de Jemna" exploite toutefois la ferme, de son propre chef.

Dimanche, malgré les mises en garde du gouvernement qui cherche à reprendre la main, une nouvelle vente aux enchères des dattes a ainsi été organisée par l'association. La récolte 2016 de l'exploitation des terres "Henchir Moamar" a été adjugée pour la somme de 1,7 million de dinars, soit près de 700.000 euros, a indiqué à l'AFP le vice-président de l'association Belgacem Chayeb.

Cette initiative a entraîné lundi une nouvelle protestation du gouvernement de Youssef Chahed. "L'Etat continuera à accomplir son devoir de protection des biens publics et récupérer ce qui a été saisi", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Interrogé par l'AFP, le secrétaire d'Etat aux domaines de l'Etat et aux affaires foncières, Mabrouk Kourchid, a réaffirmé sa volonté de mettre un terme à cette exploitation "illégale". "Nous allons appliquer les procédures légales nécessaires pour protéger les biens de l'Etat", a-t-il prévenu.

Pour sa défense, l'association de Jemna, issue d'une antenne locale de la "Ligue de protection de la révolution" --une ex-milice pro-islamiste-- a affirmé être dans son bon droit. "Historiquement, ces terres nous appartiennent. Elles ont été prises de force par les Français sous le Protectorat. Nous faisons partie des habitants de Jemna et nous avons un attachement sentimental à nos terres. Nous n'allons pas céder", a clamé M. Chayeb.

L'affaire a également suscité la polémique sur les réseaux sociaux, les "pro-Jemna" arguant que l'argent des récoltes est régulièrement utilisé pour des investissements et pour aider les habitants en difficulté. Quant aux "anti", ils ont dénoncé "une action illégale" portant atteinte au "prestige" de l'Etat.

Selon des chiffres officiels, la Tunisie a produit entre octobre 2015 et septembre 2016 quelque 246.000 tonnes de dattes dont 110.000 tonnes destinées à l'export pour un chiffre d'affaires de 473,7 million de dinars (environ 192 millions d'euros).

Un bras de fer oppose en Tunisie l'Etat à une association locale autour d'une exploitation de dattes à Jemna (sud), un juteux marché de plusieurs centaines de milliers d'euros par an, a-t-on appris lundi auprès des acteurs de cet imbroglio.Légalement, les terres, d'une superficie de 361 hectares, appartiennent depuis l'indépendance à l'Etat, qui sous-traitait de longue date l'exploitation...