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Économie - Focus

La Chine hantée par le spectre d’une bulle immobilière

À Shanghai, où la hausse des prix de l’immobilier était de 38 %, le prix au mètre carré neuf atteint 43 420 yuans (6 500 dollars). Photo archives AFP

« La plus grande bulle de l'histoire » : le plus riche des milliardaires chinois lance un cri d'alarme face à l'envolée des prix dans l'immobilier, secteur crucial de la deuxième économie mondiale, malgré les restrictions adoptées pour freiner cet insatiable marché.
Wang Jianlin, patron du conglomérat Wanda, ne cache plus ses inquiétudes envers un marché devenu « incontrôlable » face à l'appétit des épargnants pour la pierre, plus rémunératrice que la Bourse et les dépôts bancaires.
Les prix des logements grimpent dans les grandes métropoles mais s'effritent dans les villes plus modestes, aux prises avec d'énormes volumes d'appartements invendus, a-t-il expliqué à la chaîne américaine CNN. « Le gouvernement a mis en place toute sorte de mesures, limitant les achats et le crédit, mais rien n'a fonctionné », a poursuivi M. Wang.
Les statistiques s'affolent : à Shenzhen (Sud), la hausse était de 38 %, comme à Shanghai – où le prix au mètre carré neuf atteint 43 420 yuans (6 500 dollars), selon le cabinet China Index Academy. Même dans les villes de deuxième rang, la hausse a été de 13,4 %.
Certes, cette reprise « aide la demande intérieure et l'économie », au moment où la croissance chinoise s'essouffle, observe Wang Tao, économiste d'UBS. L'immobilier et la construction représentent environ 15 % du PIB chinois et soutiennent la production manufacturière – via notamment l'électroménager–, selon des estimations.
« Mais la récente envolée renforcera chez les autorités la crainte d'une nouvelle bulle et les incitera à s'y attaquer plus résolument », ajoute cet analyste.
Ma Jun, chef économiste de la banque centrale (PBOC), a d'ailleurs appelé lundi à « des mesures supplémentaires pour endiguer l'expansion de la bulle et contrôler les financements excessifs ».

Restrictions à « contrecœur »
Des restrictions sont déjà apparues depuis le printemps dans les principales métropoles. Afin de contrer la spéculation, Shenzhen, Shanghai ou encore Xiamen interdisent désormais les ventes d'appartements aux non-résidents. Shanghai a été jusqu'à suspendre les ventes de terrains. Cependant, rien ne fait retomber la fièvre.
Pour Christopher Balding, professeur à l'Université de Pékin, ces restrictions sont « prises à contrecœur » – le gouvernement ne voulant pas brider drastiquement l'activité. Or, le récent boom immobilier, qui a pris son élan à l'automne 2015 après deux années de stagnation, s'explique avant tout par un crédit bon marché, qui persiste. Dopés par des baisses de taux et assouplissements répétés de la PBOC, les prêts immobiliers ont encore gonflé de 32,2 % sur un an en août.
Le cocktail d'une fièvre immobilière et d'une embardée des crédits rappelle les « subprimes » américaines. À Shenzhen, jusqu'à 30 % des achats immobiliers sont des investissements spéculatifs, selon l'agence Chine nouvelle. Plus généralement, l'envol de la dette chinoise publique et privée, évaluée à environ 250 % du PIB, alimente déjà le spectre d'une crise financière dévastatrice.
Des mesures plus strictes, relevant notamment le niveau de l'apport personnel pour un prêt immobilier, « devraient conduire à de plus faibles ventes et à un recul des investissements », anticipe Mme Qiao.
L'équilibre restera cependant délicat, les autorités devant empêcher « un éclatement de la bulle, aux conséquences désastreuses », prévient M. Balding, évoquant les sommes colossales que nécessiterait un renflouement du secteur.
Certains professionnels demeurent malgré tout d'un optimisme désarmant. « Quand je regarde Londres ou New York, je me dis que l'immobilier est sous-évalué à Pékin, où je vois le prix atteindre 100 000 yuans/m2 (13 400 euros) d'ici à cinq ans », soit plus d'un doublement sur la période, confiait mercredi, au quotidien Xinjing Bao, Chen Yunfeng, responsable d'une fédération immobilière.

(Source : AFP)

« La plus grande bulle de l'histoire » : le plus riche des milliardaires chinois lance un cri d'alarme face à l'envolée des prix dans l'immobilier, secteur crucial de la deuxième économie mondiale, malgré les restrictions adoptées pour freiner cet insatiable marché.Wang Jianlin, patron du conglomérat Wanda, ne cache plus ses inquiétudes envers un marché devenu...

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