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À La Une - danemark

La chute de Yahya Hassan, bandit-poète des quartiers danois

Fils de réfugiés palestiniens, le jeune homme de 21 ans a été condamné vendredi à un an et neuf mois de prison ferme pour avoir tiré sur un adolescent de 17 ans.

Le poète danois d'origine palestinienne, Yahya Hassan, 21 ans, a été condamné vendredi à Aarhus, deuxième ville du Danemark, à un an et neuf mois de prison ferme pour avoir tiré au 7.65 mm sur un adolescent de 17 ans, blessé au pied et à la jambe. AFP / SCANPIX DENMARK / THOMAS LEKFELDT

Si ses admirateurs le comparent à Rimbaud, les ennemis de Yahya Hassan jurent de le faire partir les semelles devant : bandit-poète auteur d'un best-seller, ce jeune Danois s'est offert une saison en enfer carcéral.

Yahya Hassan, 21 ans, a été condamné vendredi à Aarhus, deuxième ville du pays scandinave où il a grandi, à un an et neuf mois de prison ferme pour, au mois de mars, avoir tiré au 7.65 mm sur un adolescent de 17 ans, blessé au pied et à la jambe. Poursuivi pour 34 chefs d'accusation allant de violences, conduite sous l'emprise de stupéfiants et vols commis entre mai 2015 et mars 2016, Hassan a plaidé la légitime défense, affirmant que sa victime venait de le frapper.

La chute de cet écorché au cheveu noir et catogan est aussi brutale que son ascension fut fulgurante: en 2013, il publie son premier recueil de poèmes, "Yahya Hassan", une mitraille de mots frappés en lettres majuscules, sans ponctuation. Le succès est immédiat avec 100.000 exemplaires écoulés en quelques mois, un record au royaume de Hamlet où la rime ne paie plus.

Dans la langue des quartiers, il fait le procès de la première génération d'immigrés, celle de ses parents palestiniens réfugiés au Danemark dans les années 1980, qu'il accuse de maltraitance, de fraude aux prestations sociales, de bigoterie.
Nous, enfants de l'exil "n'avons pas été abandonnés par le système mais par nos parents", déclare-t-il à l'époque au quotidien Politiken.
Dans le poème "Antenne satellite", il déclame: "ON N'AVAIT PAS DE CHAÎNES DANOISES/ON AVAIT AL JAZEERA (...). ON N'AVAIT PAS DE PROJET/PARCE QU'ALLAH AVAIT DES PROJETS POUR NOUS".

Poétique du laminoir
Poétique de la rupture, trahison des origines qui l'obligent à raser les murs des cités.
En novembre 2013, il est agressé en gare centrale de Copenhague par un homme de 24 ans déjà condamné pour son appartenance à une cellule terroriste fomentant des attentats contre les troupes étrangères en Irak et en Afghanistan.
Il est menacé de mort sur les réseaux sociaux. On le flanque d'agents de la police de sécurité, une protection rapprochée encombrante pour ce gamin turbulent. Il les congédie.
Embrumé de hasch, il s'isole, s'enfonce dans sa paranoïa, publie des posts agressifs sur son compte Facebook, multiplie les coups de gueule à la télévision. On craint pour sa raison.

Il se présente aux législatives sur la liste du Parti national, une formation qui cible le vote immigré. Ses esclandres agacent, il est exclu. Une aubaine pour le sulfureux Parti du peuple danois qui l'adore. "C'est une bonne chose qu'il ait cette parole publique", se réjouit en 2013 la figure de proue de cette formation populiste anti-immigration, Pia Kjaersgaard. Il dira tout le mal qu'il pense de ce mouvement qui, au bout du compte, le lui rendra bien.

Yahya Hassan ne s'appartient plus. Les critiques l'encensent, les médias le brocardent, on le réduit sans cesse à ses débuts délinquants, les institutions pour jeunes à la dérive, sa liaison à 16 ans avec une enseignante qui fait son initiation littéraire et sexuelle.
L'écrivain danois Kaspar Colling reproche à l'éditeur du jeune poète son "irresponsabilité" quand il l'a jeté sans prudence dans la lumière. Censurer les passages les plus virulents du recueil sur l'islam n'aurait rien enlevé à son acuité, à sa force. Hassan devra assumer toute son existence "les lourdes conséquences" de son brûlot écrit à l'âge des excès, déplore-t-il.

Si ses admirateurs le comparent à Rimbaud, les ennemis de Yahya Hassan jurent de le faire partir les semelles devant : bandit-poète auteur d'un best-seller, ce jeune Danois s'est offert une saison en enfer carcéral.
Yahya Hassan, 21 ans, a été condamné vendredi à Aarhus, deuxième ville du pays scandinave où il a grandi, à un an et neuf mois de prison ferme pour, au mois de...

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