Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Éclairage

La politique étrangère, cheval de bataille des candidats aux législatives russes

L'intervention en Syrie ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique.

Une jeune femme agitant le drapeau du Parti libéral démocratique de Russie, hier à Moscou. Maxim Zmeyev/Reuters

Pour la première fois depuis la chute du communisme, la politique étrangère tient une place importante dans les élections législatives russes. Il s'agit pour le pouvoir, critiqué pour les failles de sa gestion économique, de placer le débat sur un terrain plus favorable, à savoir ses « succès » militaires et diplomatiques.

La politique extérieure du Kremlin, et en particulier sa politique au Proche-Orient, est en effet très largement approuvée par une population nostalgique de l'époque où la Russie était une superpuissance. Si les candidats de Russie unie (parti du président Vladimir Poutine) et des autres partis qui le soutiennent (comme Russie juste, communiste) surfent sur la vague patriotique, les candidats issus des formations politiques de l'opposition tentent, eux, de mettre en lumière les dangers et le coût de la politique gouvernementale, arguant du fait qu'elle n'est pas conforme aux intérêts supérieurs du pays.

Les candidats de Russie unie n'en finissent pas de louer les initiatives diplomatiques du chef du Kremlin et surfent sur les résultats du G20 qui a marqué, selon eux, malgré la poursuite des sanctions, la fin de l'isolement de la Russie sur la scène internationale. « L'intervention russe a sauvé la Syrie d'une éventuelle partition, des missiles occidentaux, d'un coup d'État fomenté par les jihadistes payés par les services américains, et enfin le reste du monde d'une flambée de terrorisme sans précédent, accompagnée d'un nouvel afflux de réfugiés », estime Sergueï Gelezniak, chargé du Proche-Orient à Russie unie. En revanche, sans critiquer ouvertement la réconciliation fortement médiatisée entre M. Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, il souligne que toute paix durable dans la région passe obligatoirement par « la prise en considération des revendications des Kurdes et des Arméniens ».

 

(Pour mémoire : Poutine remplace le puissant chef de l'administration présidentielle)

 

Les autres partis représentés à la Douma partagent à quelques nuances près les postions de Russie unie. Russie juste, une émanation de Russie unie, mais davantage centrée sur la justice sociale, soutient de manière inconditionnelle la politique du Kremlin au Proche-Orient ; l'année dernière, la direction du parti a ainsi exclu tous les contestataires qui s'étaient permis de critiquer le soutien de Moscou au président syrien Bachar el-Assad.

Les candidats du Parti communiste qui prônent comme le maître du Kremlin un monde multipolaire pensent que la politique de Poutine va dans le bon sens. Par ailleurs, ils soulignent qu'il est nécessaire de renforcer la position de la Russie au Proche-Orient et d'intensifier la lutte contre le terrorisme.

Le Parti national libéral (formation nationale-populiste) donne également beaucoup d'importance à la politique étrangère dans son programme de campagne. Il se livre par exemple à une critique acerbe de l'ancien président Boris Eltsine, responsable à ses yeux d'avoir trahi et bradé toutes les positions de la Russie dans le monde pour complaire aux États-Unis. Il affirme aussi son soutien à l'intervention russe en Syrie pour soutenir M. Assad et à la création d'une grande coalition semblable à la coalition américaine existante pour combattre le terrorisme. Enfin, il met en garde contre toute concession aux Américains. « Même si le dialogue entre les différents camps syriens aboutit à un accord, nous estimons qu'il est beaucoup trop tôt pour que la Russie retire ses troupes », peut-on lire dans le programme du parti.

 

(Pour mémoire : Plus de 160 000 personnes demandent la démission de Medvedev)

 

Otan et UE
« Pour la Russie, pas de salut en dehors de l'Otan et de l'Union européenne » : c'est le message que tentent, de leur côté, de faire passer les deux partis de centre droit, Yabloko et Parnas, dont les leaders Gregory Yavlinsky et Mikhaïl Kasianov ont d'ores et déjà fait connaître leur intention de se mesurer à

Vladimir Poutine lors de l'élection présidentielle de 2018.
Ainsi, les candidats de Yabloko (social-démocrate et écologiste) mettent en lumière les dangers que fait courir à la Russie la « politique aventuriste de Poutine ». « On ne construit pas une politique étrangère à coup d'émotions et de ressentiments », affirment-ils. Selon eux, le maître du Kremlin se trompe d'ennemi en se focalisant sur les États-Unis, devenus l'ennemi numéro un. Pour Yabloko, c'est une position purement démagogique, et l'Otan n'a aucune raison de s'en prendre à la Russie, sauf si cette dernière attaque les États baltes ou la Pologne par exemple.

Les véritables menaces que la Russie n'est d'ailleurs pas prête à affronter, faute de stratégie et de moyens, peuvent venir du terrorisme et de la situation en Asie centrale.
Parnas, ouvertement proaméricain, préconise quant à lui un véritable revirement dans la politique étrangère de la Russie et propose plusieurs mesures. Parmi celles-ci, la levée immédiate des contre-sanctions, l'établissement d'un véritable partenariat avec les États-Unis, la suppression des visas et la libre circulation des personnes et des biens avec l'Union européenne, et à terme l'adhésion de la Russie à l'Otan. « Poutine avait lui-même évoqué cette éventualité, certes en d'autres temps », a par ailleurs rappelé Mikhaïl Kasianov, lors d'une récente interview à la radio Écho de Moscou.

 

Lire aussi

Le Kremlin dément vouloir faire gagner Trump à la présidentielle américaine

En Russie, partager du contenu sur les réseaux sociaux peut vous conduire en prison

Pour la première fois depuis la chute du communisme, la politique étrangère tient une place importante dans les élections législatives russes. Il s'agit pour le pouvoir, critiqué pour les failles de sa gestion économique, de placer le débat sur un terrain plus favorable, à savoir ses « succès » militaires et diplomatiques.
La politique extérieure du Kremlin, et en...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut