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Liban - Social

Une soirée pour sensibiliser au combat mené par les LGBT

Proud Lebanon, l'association de soutien aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), a organisé une réception dimanche. L'objectif était de mettre en évidence le travail de l'association pour ces populations marginalisées.

C’est à la magnanerie de Dekwaneh que Proud Lebanon a organisé sa rencontre.

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », lance Bertho Makso, fondateur de l'association Proud Lebanon, citant l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le soir du 11 septembre à la magnanerie de Dekwaneh, ancienne fabrique de soie située dans la banlieue nord-est de Beyrouth. Il poursuit : « Les homosexuels au Liban sont mis à l'écart, parfois tués. Ce sont des drames que je vous incite à condamner. Les homosexuels sont aussi nés libres et égaux en droits. »

Proud Lebanon, fondée en 2013, avait ce soir-là réuni des représentants de différentes organisations, associations et ambassades notamment, afin de sensibiliser ses invités à la situation des personnes marginalisées en raison de leur sexualité, et de leur présenter le bilan de l'association. Celle-ci défend l'idée que la cause de l'égalité pour tous ne doit pas être seulement la sienne, mais doit être portée par un maximum d'organisations dans la société. Durant la réception, plusieurs personnes ont pris la parole : Bertho Makso, mais aussi Wadih el-Asmar, secrétaire général du Centre libanais des droits humains, ou encore la journaliste Joumana Haddad, entrecoupées de chansons interprétées par des artistes jazz, comme Pim Van Harten & Nadine Chehade, et pop, avec Nicolas Chalhoub.

 

(Pour mémoire : Au Liban, la communauté LGBT toujours en guerre contre les discriminations)

 

Une aide nécessaire
Depuis sa création, l'association multiplie les actions à destination des LGBT, qu'il s'agisse des Libanais ou des réfugiés syriens que le pays accueille. Elle propose notamment des cours d'anglais, d'informatique, de couture ou de cuisine, qui visent à insérer professionnellement les réfugiés LGBT, venus de Palestine, d'Irak ou de Syrie. Proud Lebanon offre également un espace de discussion aux LGBT libanais, comme l'explique Patricia el-Khoury, psychologue investie dans l'association : « Beaucoup de LGBT viennent à Proud Lebanon pour avoir un espace rassurant qu'ils peuvent partager avec des gens comme eux, qu'ils ne trouvent pas dans la société. D'ailleurs, les endroits communautaires où ils se retrouvent hors de l'association ne sont pas sains : ils peuvent tomber dans la prostitution ou la drogue. » La psychologue a un rôle d'écoute auprès de ceux qui viennent la voir : « Certains se découvrent, se posent des questions sur leur orientation sexuelle. D'autres viennent après un choc traumatique, comme une détention arbitraire. »

Eddie, jeune Libanais, est un habitué de l'association, et apprécie la solidarité importante qui se crée au niveau communautaire. Il est particulièrement impliqué dans l'une des causes principales de l'association : « J'essaye de promouvoir autour de moi l'information sur les maladies sexuellement transmissibles. L'État ne le fait pas, et en conséquence, ma génération n'est absolument pas au courant. » En tant qu'homosexuel, il revendique sa normalité, et nie à la société le droit de juger les gens selon leur orientation sexuelle : « Beaucoup de Libanais sont très conformistes. Ils veulent imposer leur mode de vie, leur point de vue, mais qui les a fait juges ? Les gens n'ont pas à accepter ou non les orientations sexuelles des autres. Je n'ai pas le droit de porter un jugement, je ne suis pas Dieu ou son porte-parole. Or, à cause de ce jugement permanent, beaucoup d'homosexuels au Liban doivent se marier pour ne pas perdre la face. C'est un problème. »

 

(Pour mémoire : Article 534 du code pénal : à quand l’abrogation de la loi contre les homosexuels ?)

 

L'homophobie reste présente
La situation des personnes LGBT libanaises, bien que meilleure que celle des pays voisins, reste très compliquée. Wadih el-Asmar, secrétaire général du CLDH, rappelle : « En tant que citoyen libanais, si je me fais arrêter par des policiers et qu'ils pensent que je suis homosexuel en raison de mon apparence, ils vont être plus agressifs. » Cette homophobie est également présente dans la société toute entière, ajoute-t-il : « Les gens pensent que l'homosexualité est le fruit d'une mauvaise éducation. Ils la considèrent comme une déviance. Au XXIe siècle, ce n'est pas acceptable. » Cependant, des progrès existent, selon lui : « Le travail de Proud Lebanon a contribué à modifier le regard des gens. Nous pouvons organiser des meetings sans risquer des arrestations. C'est un bon signe. »

Officiellement, l'article 534 du code pénal dispose toujours que « les relations sexuelles contre nature sont punies d'emprisonnement pour une durée entre un mois et un an, et d'une amende entre 200 000 et un million de livres libanaises ». La police effectue toujours des descentes dans des lieux LGBT, et pratique des tests anaux, condamnés par Human Rights Watch. Cependant, le 28 janvier 2014, le tribunal de Jdeideh, dans le Metn, avait acquitté une transsexuelle, le juge ayant estimé l'article 534 insuffisamment clair, et donc inapplicable. La Société libanaise de psychiatrie avait déclassifié à son tour, en 2013, les orientations non hétérosexuelles de la liste des maladies mentales, une première dans le monde arabe.

 

 

Pour mémoire

Homosexuel(le)s et bien accepté(e)s sur leurs campus... mais dehors ?

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », lance Bertho Makso, fondateur de l'association Proud Lebanon, citant l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le soir du 11 septembre à la magnanerie de Dekwaneh, ancienne fabrique de soie située dans la banlieue nord-est de Beyrouth. Il poursuit : « Les homosexuels au Liban...

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