Les bouchons monstrueux qui paralysent au quotidien les rues de la capitale et de ses banlieues sont-ils en passe d'être réduits ? C'est en tout cas l'objectif que s'est fixé la commission parlementaire des Travaux publics et des Transports, qui a lancé hier une feuille de route destinée à « entamer des solutions partielles et rapides pour résoudre la crise du trafic routier dans le Grand Beyrouth ».
La commission s'est réunie sous l'égide de son président, Mohammad Kabbani, et en présence notamment du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, et des représentants des différentes associations locales mobilisées pour la sécurité routière.
M. Kabbani a passé en revue les différentes étapes susceptibles de résoudre les problèmes du trafic et de diminuer les bouchons à travers la mise en place d'un système de transport en commun développé qui encourage l'usager à l'utiliser et qui réduirait par conséquent le nombre de voitures en circulation.
La commission parlementaire a défini les responsabilités relevant des différentes institutions étatiques ou municipales concernées par le trafic routier ou la sécurité routière de près ou de loin. C'est bien sûr le ministère de l'Intérieur qui est le principal concerné par cette feuille de route à travers les Forces de sécurité intérieure et leurs agents sur le terrain. Dans le cadre de ce plan, plusieurs directives ont été émises par la commission à l'adresse notamment des FSI, des municipalités, du Conseil du développement et de la reconstruction et de la Direction des douanes, afin qu'ils les appliquent immédiatement ou dans un délai bien déterminé pour entamer la première étape de cette feuille de route. En voici les principales :
Double file
La première catégorie concerne les mesures visant à réprimer les violations du nouveau code de la circulation et les règlements en cours.
1 – Renforcer l'application de l'article 122 du code de la route stipulant que le conducteur d'un bus, d'une camionnette, d'un taxi-service ou d'un taxi doit être muni des autorisations nécessaires émises par le ministère des Travaux publics et des Transports et qui comprennent l'immatriculation du véhicule, un permis d'exercer la profession et l'étiquette où figure un code-barre sur tous les détails du véhicule, son propriétaire et son conducteur. Cela conduirait ipso facto à la diminution des véhicules de transport public circulant d'une façon illégale à cause de fausses plaques d'immatriculation.
2 – Interdire de manière absolue le stationnement des véhicules en double file ou d'une façon oblique, perpendiculaire ou sur les trottoirs.
3 – Renforcer la mise en œuvre des articles 40 à 43 du nouveau code qui impliquent un respect des lieux réservés au stationnement et l'interdiction de stationnement.
4 – Appliquer l'article 44 (arrêt prolongé des véhicules) et donc mettre à l'écart tous les véhicules stationnés pendant de longues périodes dans les rues, notamment s'ils sont abandonnés ou s'ils ne sont plus en état de circulation.
5 – Contraindre les deux-roues à moteur à respecter le code de la route dans toutes ses dispositions, à l'instar des véhicules.
6 – Application stricte par la Direction des douanes des dispositions de la loi et des règlements relatifs à l'importation de véhicules et mobylettes d'occasion.
(Lire aussi : Pourquoi les Beyrouthins ne prennent-ils jamais le bus ?)
Police municipale
La deuxième catégorie concerne les mesures réglementaires.
1 – Empêcher l'utilisation de la voie publique comme station d'attente pour les bus, d'où la nécessité d'aménager des points spécifiques aux passagers de façon à ne pas entraver la circulation.
2 – Interdire aux heures de pointe le stationnement des bétonnières et autres engins utilisés dans les travaux publics ou dans des chantiers privés.
3 – Mettre en place une police municipale à Beyrouth le plus vite possible et la renforcer par la formation d'agents actifs compétents qualifiés pour appliquer le nouveau code.
Feux et cyclistes
La troisième catégorie concerne les travaux relatifs à l'infrastructure.
1 – Aménager des trottoirs et les élargir par endroits de façon à les rendre plus appropriés pour les piétons, et supprimer tous les obstacles y existant pour faciliter le déplacement des personnes âgées ou à besoins spéciaux.
2 – Mettre en place des voies spécifiques aux cyclistes là où la largeur de la rue le permet, avec l'obligation pour les cyclistes de se limiter à l'utilisation exclusive de ces voies.
3 – Assurer une maintenance périodique des feux de signalisation et supprimer tout ce qui peut réduire leur visibilité ou les cacher.
4 – Inspecter et augmenter le nombre de poteaux de signalisation et les panneaux routiers.
5 – Aménager dans des terrains municipaux des parkings publics sécurisés à étages, notamment dans des régions où la densité démographique est importante.
(Lire aussi : Un pont en L à Jal el-Dib)
Déchets
La quatrième catégorie concerne la gestion du trafic routier.
1 – Supprimer les blocs de béton et autres obstacles posés sur la voie publique de façon à maintenir la fluidité du trafic.
2 – Renforcer le travail de la police municipale pour assurer la fluidité du trafic, en particulier devant les écoles et les lycées aux heures d'entrée et de sortie des élèves.
3 – Réorganiser la collecte des déchets et le balayage des rues de manière à éviter les heures de pointe, et interdire le stationnement des véhicules sur une distance de dix mètres des bennes à des moments précis pour faciliter le transfert des déchets dans les camions-bennes.
4 – Mettre en place un calendrier précis pour le déplacement des poids lourds en coopération avec le syndicat concerné, sans pour autant nuire à la nature de leur travail.
Étude et appels d'offres
La cinquième catégorie concerne la mise en place d'un système de transports en commun publics.
– Réaliser une étude (fin 2016) sur la faisabilité économique et évaluer l'impact environnemental (une durée de dix mois à partir de septembre 2016) de l'aménagement d'une voie rapide (système BRT) entre Beyrouth et Tabarja, puis l'étendre jusqu'à Tripoli, et la mise en place d'un réseau de transport par bus dans le Grand Beyrouth.
Plusieurs appels d'offres seront lancés pour notamment l'achat de nouveaux bus. Il est de même prévu de fournir les fonds nécessaires à la mise en œuvre de ce chantier grâce à un prêt de la Banque mondiale, et les mesures préalables nécessaires pour l'obtention de ce prêt ne seront pas prises avant le mois de juillet 2017, sachant que l'obtention de ce prêt nécessite l'approbation du Conseil des ministres et le vote d'une loi par le Parlement.
Nombre « impressionnant » d'agents
Pour le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui s'est exprimé à l'issue de la réunion, « il est clair que la grande partie du projet (70 %) repose sur les FSI ». « Mais cette institution ne peut pas être efficace sans une augmentation de ses effectifs d'une façon significative, et le recrutement prend du temps, malgré le fait que 8 000 nouvelles recrues sont sur le point d'intégrer les rangs de la police », a-t-il dit, déplorant l'absence d'une vraie culture de la circulation routière chez les automobilistes en général et chez les conducteurs de motocyclettes – un vrai danger public – en particulier.
Sur ce point, une source des FSI a indiqué à L'OLJ que 60 % des motocyclettes qui circulent actuellement sont sans permis et sont dangereuses. « Nous avons déjà détruit des milliers d'entre elles, mais nous ne pouvons pas tout faire, la Direction des douanes doit nous prêter main-forte », a ajouté cette source. « Nous avons réussi à appliquer le nouveau code de la route dans la mesure du possible et le nombre des victimes des accidents de la route a diminué, mais le chemin est encore long, notamment concernant la nouvelle feuille de route dont la réussite implique un nombre d'agents impressionnant, or nous sommes déjà en manque », a amèrement rappelé la source en question.
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Pour mémoire
commentaires (6)
Simple question . Ou est avant tout le nouveau permis de conduire ?
Sabbagha Antoine
19 h 08, le 07 septembre 2016