Entre Raffi Yedalian et la sculpture, c'est une longue histoire d'amour et de foi. Le monument du martyr bienheureux Ignace Maloyan (1869-1915), érigé récemment à Bzoummar, en témoigne. Cette œuvre en bronze de 2,80 m de hauteur et de 1,40 m de largeur rend hommage à cette victime du génocide, en mettant l'accent sur les pieds nus, membres du corps particulièrement torturés à l'époque.
Elle a été dévoilée au public lors de la cérémonie d'ouverture de l'amphithéâtre du couvent de Notre-Dame de Bzoummar, sous la présidence de Mgr Krikor Bedros XX Gabroyan, patriarche des arméniens-catholiques, en présence de nombreuses figures religieuses, politiques et sociales, notamment le patriarche maronite, Béchara Raï.
Ce n'était pas la première fois que l'on faisait appel à Raffi Yedalian pour ponctuer des dates aussi importantes. En septembre 2012, son monument en bronze de Meghabard a été inauguré et béni par le pape Benoît XVI lors de sa visite à Bzoummar. En avril 2015, le peintre et sculpteur avait présenté une toile du bienheureux Maloyan au pape François au Saint-Siège. Cette toile fut reproduite et émise plus tard en timbre (édition limitée) par le bureau philatélique et numismatique du Vatican.
Cette même année, à l'occasion du centenaire du génocide, a été érigé à la rue Pasteur, à Gemmayzé, un monument de Gratitude des Arméniens libanais au Liban, signé Yedalian. Une statue de 4,25 mètres, également en bronze, qui commémore le génocide en racontant le parcours du peuple arménien et sa résistance durant ces cent années. Si dans le monument apparaît le visage de l'Arménien raviné par la douleur, on peut voir à l'arrière deux autres personnages qui représentent le Libanais et l'Arménien, symbolisant les deux peuples qui ont partagé, à l'époque des Ottomans, les mêmes souffrances. Leurs mains sont unies et leurs corps enracinés dans le sol. Dans ce monument, où la détresse est certainement visible, l'artiste a voulu mettre en évidence la solidarité et le soutien des hommes dans le malheur. La statue avait été dévoilée le 30 juillet 2015 en présence du ministre du Tourisme, Michel Pharaon, grâce à Sebouh Mekhjian qui avait initié ce projet à Gemmayzé.
Ces œuvres portent en elles des souffrances et une histoire que l'artiste a reconstituées en méditant et en sculptant.
C. K.