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Diaspora - Rio-2016

Dans une petite ville brésilienne, un porte-drapeau libanais...

Gilberto Sader, commerçant libano-brésilien, était à l'honneur à Nova Friburgo, la ville où il tient l'entreprise familiale depuis de nombreuses années.

Gilberto Sader tenant, avec Naji et Yasmine Farah, la torche olympique à la fin de l’événement.

Les Jeux olympiques se tiennent actuellement à Rio, dans un pays où des millions de descendants d'émigrés libanais sont si bien intégrés. Rien d'étrange, donc, à ce que l'un d'eux ait fait parler de lui dans le cadre de cet événement mondial. La médaille pour le Liban est incontestablement revenue à Gilberto Sader, commerçant libano-brésilien vivant à Nova Friburgo, à deux heures de route de Rio.

La ville de Nova Friburgo est située dans les belles montagnes surplombant la baie de Guanabara, à 800 mètres d'altitude, près de Teresópolis et Petrópolis, résidence d'été de l'empereur Dom Pedro II. On se sentirait dans la montagne libanaise : Nova Friburgo, surnommée la Suisse brésilienne, fondée il y a deux cents ans, compte 200 000 habitants, dont deux cents familles libanaises. La ville est renommée pour son École supérieure de gastronomie et son université d'odontologie, ainsi que pour ses industries de fromage et de lingerie féminine, exportant leurs produits dans toute l'Amérique latine.

Gilberto Sader possède la plus grande épicerie fine de la ville spécialisée dans les douceurs brésiliennes qu'il fabrique lui-même. Une entreprise familiale qu'il tient de son père, située sur la grande place du téléphérique, dans laquelle travaillent ses enfants et ses petits-enfants, notamment le dimanche, jour de grande affluence.

Son grand-père avait émigré au Brésil à partir du village de Kfifan, dans la région de Batroun, à quinze kilomètres du village de Btaaboura, d'où était parti le père de Michel Temer. Sader a visité pour la première fois le Liban, en compagnie de son épouse Leda, lors du grand congrès des émigrés organisé en mai dernier à Beyrouth par le ministère des Affaires étrangères. Et c'est lui qui a été élu par la préfecture pour porter la torche olympique passant par Nova Friburgo, une semaine avant l'ouverture des Jeux.

 

« Reconstruire Nova Friburgo, comme nous avons reconstruit le Liban »
Gilberto Sader est une figure populaire de Nova Friburgo où il porte haut les couleurs du Liban. Les émigrés libanais ont en effet contribué à la création de la ville, tout comme les émigrés venus de Suisse, d'Allemagne, d'Italie, du Japon, d'Espagne, du Portugal, d'Autriche, de Hongrie et du continent africain.

Le 12 janvier 2011, après plusieurs jours de pluie et de vents violents, des inondations suivies d'un glissement de terrain à partir des collines surplombant la ville ont provoqué la mort de plus d'un millier d'habitants, ravageant en particulier la place du téléphérique et détruisant le commerce de la famille Sader. Cette catastrophe naturelle exceptionnelle amena Gilberto à s'adresser à la population en ces termes : « Nous allons reconstruire Nova Friburgo, comme nous avons reconstruit le Liban. »

Rendu célèbre par cette courageuse prise de position, Gilberto Sader a donc été sollicité pour porter la torche olympique en ce 30 juillet 2016. Il est descendu en téléphérique pour rejoindre la place où plus 10 000 personnes l'ont acclamé, après avoir assisté à un spectacle de danses libanaises.

Deux événements organisés par l'Association libano-brésilienne de Nova Friburgo s'étaient déroulés la veille de ce grand jour de festivités : la plantation d'un cèdre du Liban sur la place avec l'inauguration d'un beau monument à l'effigie de l'amitié entre les deux pays, réalisé par le célèbre sculpteur Felga de Moraes, et le vernissage de l'exposition Mahjar de Roberto Khatlab présentée par Katia Chalita, vice-présidente de l'Institut culturel Brésil-Liban basé à Rio de Janeiro, dans un grand centre commercial.

 

Une vraie « capitale du monde »
Non loin de là, les Jeux olympiques de Rio de Janeiro ont été inaugurés par une cérémonie grandiose à la hauteur de cet événement et de son lieu d'accueil. Le stade mythique de Maracanã et ses soixante mille spectateurs ont été tenus en émoi durant quarante minutes par un des plus beaux spectacles de danses, sons et lumières qui a enchanté la planète entière, avant l'entrée des athlètes suivie par l'arrivée de la torche. À la fin de ce moment magique, les Jeux étaient ouverts officiellement, en présence du président du Brésil d'origine libanaise, Michel Temer.

Rio de Janeiro a été ainsi confirmée comme capitale du monde, trois des plus grands événements internationaux s'y déroulant en l'espace de trois ans : en 2013, les Journées de la Jeunesse catholique sous l'égide du pape François 1er, qui avaient attiré sur la plage de Copacabana plus d'un million de personnes venues du monde entier ; en 2014, Rio a accueilli la finale de la Coupe du monde de football qui se déroulait dans tout le Brésil ; et, actuellement, les Jeux olympiques.

 

Quand la politique entre en jeu
Côté libanais, toute une loge a salué l'entrée de la délégation de ce pays dans le stade de Maracanã. La délégation avait été reçue la veille par le consul du Liban, Ziad Itani, qui avait convié en son domicile de nombreux Libano-Brésiliens de Rio.

Il y a eu, certes, l'incident entre les délégations libanaise et israélienne, qui aurait pu être évité, d'autant plus qu'il n'y avait pas préméditation. En effet, le responsable du comité libanais n'a pas accepté que des sportifs israéliens montent dans le même bus, de peur que cette promiscuité ne soit utilisée à des fins
politiques.

Pour nous, cette visite à Rio s'est soldée par une série de coïncidences. Alors que nous arrivons, avec nos amis, dans l'une des arènes de jeu du village olympique fraîchement construit dans la région de Barra, nous remarquons, devant nous, un jeune couple avec un petit enfant brandissent le drapeau de la France pour encourager les gymnastes français. La conversation s'engage et le jeune homme s'écrie : « Je vous présente ma femme, elle est libanaise (de la famille Hobeika), et voici un petit Franco-Libanais ! »

Au même moment, le téléphone de notre guide sonne : il nous avait envoyé, deux heures auparavant, à partir de son numéro brésilien, un message à notre numéro libanais pour nous donner rendez-vous au stade. Or il s'avère que les services de renseignements brésiliens ont intercepté la communication et voulaient en savoir plus sur la nature du message et sur l'identité des destinataires !

 

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