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Liban - Liban

Violence domestique : l’époux de Tamara Harisi écope de neuf mois de prison

Tamara Harisi a échappé à la mort, il y a quelques semaines, lorsque son mari avait essayé de la brûler vive. Se félicitant du jugement, elle avoue appréhender la période qui suivra sa relaxe.

Tamara Harisi en compagnie de sa fillette de six mois, Madison.

Tamara Harisi a obtenu justice pour les coups et blessures qui lui ont été infligés, quelque trois semaines plus tôt, par son mari, Hassan Ftouni. Hier, le juge unique en matière pénale à Baabda a prononcé un jugement condamnant le mari à neuf mois de prison et à une amende de 20 millions de livres libanaises qu'il devra verser à la victime.


« Je suis tranquille pour les neuf prochains mois, mais j'avoue appréhender la période qui suivra, parce qu'on ne peut pas faire confiance à Hassan », confie à L'Orient-Le Jour la jeune femme de 21 ans, qui vit aujourd'hui avec ses parents. « Même la prison à perpétuité ne suffit pas à compenser les dix-huit mois horribles que j'ai vécus auprès de lui », poursuit-elle.


Tamara Harisi, qui avait fui la maison parentale pour épouser Hassan Ftouni, de douze ans son aîné, raconte que la maltraitance a commencé une semaine après le mariage. « Pas une semaine ne passait sans qu'il ne me batte, ajoute-t-elle. Il me confisquait mon téléphone, m'enfermait à la maison et me coupait les vivres. Je me suis tue, me contentant de mon sort, parce que je l'avais épousé sans le consentement de mes parents et parce que j'étais tombée rapidement enceinte. »
Affirmant que tous les voisins sont « prêts à témoigner de la violence dont j'étais victime », Tamara Harisi ne tarit pas de précisions sur les exactions qu'il lui faisait subir. Elle se rappelle ainsi comment elle avait vécu « six mois durant, alors que j'étais enceinte, dans un garage de 2 mètres carrés ». « Je dormais à même le sol... avec les rats, affirme-t-elle. Il me laissait seule quatre soirs par semaine, parce qu'il devait assurer une permanence à la Défense civile. Le garage n'avait pas de clé. Quiconque pouvait entrer. Quelque temps plus tard, il a ramené à la maison ses deux enfants qu'il a eus d'un mariage précédent pour que je m'occupe d'eux. »
Tamara Hasiri précise dans ce cadre que lorsqu'elle avait rencontré Hassan Ftouni, il s'était présenté sous le nom d'Ayman. Il lui avait dit qu'il était divorcé, que son ex-femme était allemande, qu'il était père de deux enfants qui vivent à l'étranger avec leur mère et que son père était malade. La vérité n'a pas tardé à éclater après le mariage. Tamara a découvert que son mari était en instance de divorce, que sa femme était libanaise et que son père était mort ! « Rien que des mensonges », s'indigne-t-elle, soulignant qu'elle avait « même appelé ce père qui n'existait pas pour s'enquérir de sa santé » !

 

(Pour mémoire : Battue par son mari, Tamara quitte l’hôpital protégée par la nouvelle loi sur la violence)

 

« Un malade... »
Les causes qui suscitaient la colère de Hassan Ftouni étaient pourtant « banales ». « J'avais droit à des coups si je faisais des courses chez l'épicier, si je n'avais pas préparé à manger, s'il n'arrivait pas à me joindre au téléphone, si je parlais à mon frère, si notre fillette pleurait..., se rappelle-t-elle. Il ne manquait pas de prétextes pour me battre. Il interprétait tout sous l'angle de la jalousie et de l'adultère. Une fois, après m'avoir farouchement battue au visage, il m'a poussée devant le miroir et m'a dit : "Regarde ce qu'il est advenu de ta beauté"! C'est un malade ! »


Le 7 juin dernier toutefois, Tamara Harisi a échappé à la mort. « Il m'a frappée pendant trois heures d'affilée, de 8h à 11h, se souvient-elle. Il m'a cognée sur le visage, a essayé de me crever les yeux et a même essayé de me brûler vive après avoir versé sur moi de l'alcool. » La cause de cette énième dispute ? « Je lui avais rappelé qu'il m'avait promis d'engager une femme de ménage pour m'aider à m'occuper de ses enfants et de la maison, explique-t-elle. La veille, il s'était mis en colère parce qu'il n'avait pas pu me joindre au téléphone. Il n'y avait pas de réseau et je ne recevais pas de messages. Même ma sœur lui avait expliqué qu'elle avait essayé en vain de m'appeler. Il ne voulait rien entendre. Il m'avait confisqué mon téléphone, convaincu qu'il était que je le trompais. Donc, lorsque j'ai reformulé ma demande ce jour-là, il s'était déchaîné contre moi. Il a été obligé de s'arrêter pour répondre au coup de fil de ma sœur qui tentaint sans relâche de me joindre. Il a alors demandé à ma sœur de venir me récupérer, lui annonçant qu'il m'avait crevé les yeux et arraché les dents. Sur conseil de cette dernière, j'avais fait une copie de la clé de la maison. J'ai profité de ces quelques instants pour prendre ma fille et fuir chez les voisins qui m'ont aidée. Ils ont appelé ma sœur qui, à son tour, a alerté les forces de l'ordre. Il sait que j'ai une malformation cardiaque et malgré cela, il me maltraitait. Il était évident qu'il cherchait à me tuer ! »

 

Un jugement excellent...
Pour l'ONG Kafa, qui lutte contre la violence domestique et qui est chargée du dossier de Tamara Harisi, « ce jugement est excellent, si l'on prend en considération que le parquet avait déféré le dossier devant le juge en engageant des poursuites contre le mari pour coups et blessures », explique Leila Awada, avocate et membre de Kafa. Hassan Ftouni avait été arrêté par la police lorsqu'il était venu réclamer sa fillette de six mois. Il a même menacé de tuer sa femme à sa sortie de prison.


« Après avoir étudié le dossier, nous avons déposé une plainte auprès du juge unique en matière pénale pour tentative de meurtre, poursuit Leila Awada. Nous avons également demandé que le dossier soit renvoyé au parquet pour une enquête complémentaire. Mais le juge a décidé d'étudier le dossier dans sa totalité. Il lui a fallu une seule séance pour prononcer son jugement, ce qui est une première dans les cas de violence contre la femme, puisqu'en général ces dossiers traînent indéfiniment. »
Pour Leila Awada toutefois, « il aurait fallu que Tamara soit entendue une deuxième fois et que le mari soit poursuivi dès le départ pour tentative de meurtre, d'autant que la victime avait déclaré aux médias que ce dernier avait essayé de la tuer en la brûlant vive ».
Mais le dossier n'est pas pour autant clos. Tamara Harisi dispose de quinze jours pour faire appel. « Nous allons nous réunir avec Tamara pour discuter avec elle de l'étape suivante », assure Leila Awada.

 

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Tamara Harisi a obtenu justice pour les coups et blessures qui lui ont été infligés, quelque trois semaines plus tôt, par son mari, Hassan Ftouni. Hier, le juge unique en matière pénale à Baabda a prononcé un jugement condamnant le mari à neuf mois de prison et à une amende de 20 millions de livres libanaises qu'il devra verser à la victime.
« Je suis tranquille pour les neuf...

commentaires (2)

Tamara Harisi a raison de dire que la période qui suivra sera difficile car après neuf mois Hassan prendra certainement sa revanche .

Sabbagha Antoine

15 h 33, le 02 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • Tamara Harisi a raison de dire que la période qui suivra sera difficile car après neuf mois Hassan prendra certainement sa revanche .

    Sabbagha Antoine

    15 h 33, le 02 juillet 2014

  • UN PRIMATE QU'IL FAUDRAIT INTERNER POUR TOUJOURS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 46, le 02 juillet 2014

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