Berlin versera cinq millions d’euros supplémentaires aux réfugiés syriens du Liban

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a clôturé hier sa visite au Liban par un entretien au Sérail avec le Premier ministre, Tammam Salam.

Au cours de la journée d'hier, le ministre allemand a effectué une tournée dans la Békaa, qui a englobé les bureaux du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR) à Zahlé et un campement champignon de réfugiés syriens à Bar Élias. Il s'est ensuite rendu à l'ambassade d'Allemagne à Rabieh, clôturant sa tournée par une visite à l'Institut allemand des études orientales à Zokak el-Blatt. M. Steinmeier était accompagné d'une importante délégation regroupant plusieurs responsables à l'ambassade d'Allemagne, avec à leur tête l'ambassadeur Christian Clages.

(Lire aussi : Berlin opposé aux camps de réfugiés syriens aux frontières, car celles-ci « ne sont pas sûres »)

À Zahlé, il a été accueilli par Ninette Kelley, la représentante de l'UNHCR au Liban, et par Maeve Murphy, responsable du bureau de l'institution onusienne dans la Békaa. Exposant la situation au chef de la diplomatie allemande, Mme Kelley a souligné que « le Liban accueille tous les jours 1 000 réfugiés syriens ». « Aujourd'hui le pays compte 1 089 317 réfugiés enregistrés. Si la situation reste la même en Syrie, ce chiffre devrait atteindre un million et demi à la fin de l'année », a-t-elle dit, notant qu'en « juin 2011, 2 000 réfugiés étaient enregistrés au Liban, en juin 2012 le chiffre est monté à 25 400, en juin 2013 l'on comptait 575 061 réfugiés syriens, aujourd'hui, un an plus tard, leur nombre dépasse le million ».

L'Allemagne parmi les premiers pays à agir
M. Steinmeier effectue sa visite au Liban pour discuter du dossier des réfugiés syriens dans le pays. L'Allemagne figure parmi les plus importants donateurs dans ce cadre et elle accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens en Europe. La République fédérale a été aussi parmi les premiers pays à se mobiliser pour venir en aide aux déplacés syriens.

« L'aide allemande aux réfugiés syriens s'élève à un demi-milliard d'euros. Cette somme inclut cent millions d'euros que Berlin a versés pour venir en aide aux réfugiés syriens du Liban », a indiqué à L'Orient-Le Jour l'ambassadeur Christian Clages. « Les fonds vont directement aux organismes onusiens ainsi qu'aux ONG allemandes présentes au Liban, notamment Caritas et la Croix-Rouge allemande », a-t-il poursuivi.

(Lire aussi : Fin de la politique de la porte ouverte aux réfugiés syriens)

La délégation s'est ensuite rendue à Bar Élias, dans un campement champignon qui compte quelque 600 réfugiés, des enfants pour la plupart, qui vivent sous 90 tentes. M. Steinmeir a visité aussi une école non formelle que Berlin a financé la mise en place à travers l'Unicef.
La Békaa compte 52 écoles non formelles toutes créées grâce à l'Unicef. « Dans ces écoles, mises en place dans les campements, nous assurons aux petits réfugiés un apprentissage accéléré qui leur permettra d'intégrer l'école », a affirmé à L'Orient-Le Jour la représentante de l'Unicef au Liban, Annamaria Laurini.
Il est cependant difficile de trouver des places aux réfugiés syriens dans les écoles publiques libanaises, qui ont une capacité de 350 000 élèves. C'est que le nombre de réfugiés syriens en âge d'aller à l'école frise les 400 000.

Dans un point de presse, M. Steinmeier a rendu hommage à la résilience des Libanais qui accueillent actuellement plus d'un million de réfugiés. Il a annoncé que Berlin consacrera cinq millions d'euros supplémentaires aux réfugiés syriens du Liban. Il a également indiqué que dès son retour en Allemagne, il étudiera avec les responsables des Länder allemands la possibilité de recevoir un nombre supplémentaire de réfugiés. Ce nombre devrait s'élever pour toute l'Allemagne à 10 000 Syriens.

(Lire aussi : Amnesty International : Les réfugiés syriens manquent cruellement de soins de santé au Liban)

L'Allemagne accueille depuis le début de la crise syrienne quelque 30 000 réfugiés. Une bonne partie d'entre eux bénéficient d'un programme que Berlin a adopté l'année dernière ; il s'adresse aux réfugiés syriens enregistrés au Liban et il a été rendu possible grâce à une coopération entre le ministère allemand des Affaires étrangères, l'UNHCR et l'Organisation internationale pour les migrations. Les autres réfugiés syriens en Allemagne arrivent dans le pays avec un visa Schengen et effectuent des demandes d'asile une fois sur place, alors que d'autres entrent en Allemagne illégalement.

M. Steinmeier s'est ensuite rendu à l'ambassade d'Allemagne à Rabieh où il a inspecté le service consulaire, le travail ayant doublé voire triplé depuis la fermeture de l'ambassade à Damas en janvier 2012.
C'est aussi devant l'ambassade d'Allemagne que la Croix-Rouge allemande a remis hier à la Croix-Rouge libanaise dix ambulances équipées qui devront être utilisées dans les régions qui comptent un grand nombre de réfugiés syriens. Le coût de chaque ambulance s'élève à 55 000 euros. Les véhicules ont été achetés et équipés au Liban. Quatre autres ambulances avaient été remises plus tôt en 2013. Il s'agit de véhicules 4 x 4 transformés en ambulances. La Croix-Rouge allemande a également remis à la Croix-Rouge libanaise 1 000 uniformes, 500 casques et 500 vestes imperméables. La Croix-Rouge allemande est présente au Liban depuis le début de 2011.

La délégation s'est enfin rendue à Zokak el-Blatt, à l'Institut allemand des études orientales, relevant de la Fondation Max Weber et comptant une douzaine de chercheurs.


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