Au moins quinze roquettes, tirées depuis la Syrie, ont frappé mercredi en soirée la ville historique de Baalbeck, fief du Hezbollah dans l'est du Liban. Il s’agit d’une des attaques les plus importantes contre une place forte du parti chiite depuis que l’opposition syrienne a menacé de riposter au soutien militaire du Hezbollah au régime de Damas.
Les roquettes ont atteint les régions d'el-Charawneh, el-Bassatine, et Iaat, blessant au moins trois enfants et provoquant des dégâts matériels. Une source de sécurité a indiqué à l’AFP que trois roquettes étaient tombées dans le centre de Baalbeck et deux autres près des ruines romaines de la ville, qui attirent de nombreux visiteurs. D'autres roquettes sont tombées près de la ville, a ajouté la même source.
Ces tirs interviennent quelques heures après que l'armée du régime de Bachar el-Assad et son puissant allié, le Hezbollah, ont repris aux rebelles la ville clé de Qousseir, située près de la frontière avec le Liban.
C'est la première fois que Baalbeck est la cible de roquettes depuis le début de la guerre civile en Syrie.
Aussitôt après la chute des roquettes, des hommes armés sont apparus dans les rues de la ville tandis que d'autres se sont dirigés vers la frontière proche, selon la source de sécurité.
"Beaucoup d'hommes se sont rendus vers la frontière, et nous sommes prêts à les rejoindre, pour défendre le Liban" contre les rebelles syriens, a déclaré Ali Abu Zahi, un habitant de Baalbeck âgé de 40 ans.
La guerre civile en Syrie exacerbe les tensions au Liban voisin, profondément divisé entre partisans et opposants au régime de Bachar el-Assad.
A Baalbeck, des soldats libanais inspectent les dégâts causés par une roquette tirés de Syrie. AFP/Stringer
Mercredi, c'est Ersal qui a été la première cible d’attaques en provenance du territoire syrien. À majorité sunnite, ce village situé au nord-est de la Békaa avait accueilli dans la soirée de mardi à mercredi un nombre important de soldats et de Syriens blessés ayant fui Qousseir (un nombre évalué à "des milliers" selon la chaîne al-Jazira). Les forces syriennes régulières qui traquaient les rebelles ont attaqué le village. Vers midi et demi, un hélicoptère syrien a effectué un raid sur la région de Kherbet Daoud, à Ersal, tirant six roquettes. Le raid a visé un espace habité de la localité. En outre, trois barils bourrés d’explosifs ont été lancés dans la zone de Kroum. Seuls un baril et une roquette n’ont pas explosé, et les autres ont provoqué des dégâts matériels. En fin de journée, le calme s’était rétabli dans le village.
Mercredi aussi, la frontière nord n’a pas été épargnée par les attaques syriennes. Un obus en provenance du territoire syrien a atterri en effet dans le village de Nsoub à Akroum, dans le Akkar. Le domicile du Libanais Mohammad Diab a été visé, mais l’obus n’a produit que des dégâts matériels.
Le président de la République Michel Sleiman a très vite réagi aux attaques contre le territoire libanais, dénonçant avec virulence "les bombardements syriens sur le village de Ersal", et appelant au "respect de la souveraineté libanaise et de la sécurité des régions du Liban et de ses habitants". Le chef de l’État a été la seule autorité à réagir à ces attaques hier. Le député Mouïn Meraabi a mis en garde d’ailleurs contre "le silence officiel sur les violations syriennes de la souveraineté du pays et qui finiront par avoir de graves conséquences sur le pays".
La Ligue arabe condamne le Hezbollah
Prenant part quant à lui à la réunion ministérielle des pays arabes au Caire, hier – qui a condamné "toute forme d’intervention étrangère, en particulier celle du Hezbollah, dans le conflit syrien" –, le ministre démissionnaire des Affaires étrangères Adnane Mansour a estimé que la participation du Hezbollah aux combats en Syrie est "un acte préventif". "La vengeance n’est pas le moyen de sauver la Syrie", a-t-il ajouté. Il faut souligner toutefois dans ce cadre que les habitants de Ersal craingnent "un coup vindicatif de la part du régime syrien". Les craintes pour la stabilité du Liban se font d’ailleurs de plus en plus ressentir. Les pays du Conseil de coopération du Golfe ont ainsi demandé hier à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Liban.
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commentaires (14)
Pardon, lire: dans le ADN, bien sûr... etc.
Ali Farhat
22 h 18, le 07 juin 2013