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À La Une - Crise

Syrie : Combats sanglants entre rebelles et forces du régime près de la frontière libanaise

Washington veut renforcer son aide militaire "défensive" à l'opposition syrienne.

Au moins six obus se sont abattus samedi dans le Hermel, dans l'est du Liban. AFP

Des combats acharnés se sont déroulés samedi soir près de la frontière libanaise entre les rebelles et les forces du régime, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Au moins six obus se sont abattus dans le Hermel, un bastion du Hezbollah dans l'est du Liban, sans faire de victime, selon un responsable de la sécurité libanaise.

Depuis plusieurs mois, le Liban est touché par des tirs venant de Syrie, où se déroule une guerre civile opposant le régime de Bachar el-Assad aux rebelles qui veulent le renverser.

A Damas, près de 70 personnes, dont de nombreux rebelles, ont été tuées dans les affrontements qui opposent depuis quatre jours insurgés et soldats près de Damas, a indiqué samedi l'OSDH.

"69 personnes ont péri en quatre jours de violences à Jdeidet al-Fadl (au sud-ouest de Damas) que les troupes du régime veulent prendre", a dit l'OSDH, citant des militants sur place qui ont affirmé que plusieurs avaient été tuées dans le pilonnage de l'armée ou sommairement exécutées.

Les combats ont touché les zones sunnites de la localité voisine de Jdeidet Artouz, à majorité chrétienne, a ajouté l'OSDH qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins à travers la Syrie en proie à une guerre civile.

 

Les banlieues de Jdeidet al-Fadl et Jdeidet Artouz se trouvent à proximité de Daraya, que l'armée tente depuis des mois de reprendre aux rebelles. "Daraya est bombardée par l'artillerie et les chars", a dit le conseil local rebelle de Daraya, en faisant état d'importants renforts gouvernementaux.

L'armée, qui cherche à empêcher l'entrée des rebelles dans la capitale, bombardait aussi des quartiers périphériques du sud.

 

Ailleurs dans le pays, une femme et trois enfants ont péri dans un pilonnage de l'armée sur Kharita, dans la province orientale de Deir Ezzor, selon l'Observatoire.

Toujours selon l'OSDH, dans la province de Homs, l'armée a pris le contrôle du village de Radouaniyé, près du bastion rebelle de Qousseir, proche de la frontière libanaise.

Aidée selon l'ONG de milices et de combattants du Hezbollah libanais, elle tentait, aux prix de violents combats, de prendre la colline de Tal al-Nabi Mando aux alentours de Qousseir qui lui donnerait un avantage stratégique.

"La situation est très mauvaise. Ils tentent de prendre le contrôle des villages entourant Qousseir, en vue de nous attaquer dans la ville", a dit à l'AFP via internet Hadi al-Abdallah, un militant antirégime basé à Qousseir.

(Pour mémoire: Syrie : « Au nom de tous ceux qui souffrent, je vous dis : stop ! »)

 

Samedi, les États-Unis devaient franchir un nouveau pas dans leur soutien à l'opposition syrienne en annonçant à Istanbul, lors d'une réunion du groupe des Amis de la Syrie, la fourniture à la rébellion d'équipements militaires défensifs.

Le secrétaire d’État John Kerry a profité de cette rencontre entre les onze pays occidentaux et arabes qui supportent les adversaires du président Bachar el-Assad pour proposer "une assistance supplémentaire non létale aux groupes modérés de l'opposition", a révélé un responsable du département d’État.

Le "montant" comme le "détail" de cette nouvelle aide n'ont pas encore déterminés, a-t-il ajouté.
Des médias américains ont évoqué la livraison de gilets pare-balles, de véhicules ou de lunettes de visée nocturne.

Le responsable américain n'est pas entré dans ces détails mais a confirmé que "d'autres types d'aides non létales (...) --au-delà des rations militaires alimentaires et des kits médicaux-- faisaient l'objet de discussions".

M. Kerry doit en faire l'annonce lors d'un point de presse samedi soir à l'issue de la réunion, qui a débuté peu après 15h30 GMT.

Juste avant de rejoindre ses homologues, le responsable américain a rencontré l'hôte de la rencontre, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, et le chef démissionnaire de la Coalition nationale de l'opposition syrienne (CNS), Ahmad Moaz al-Khatib.

Conscient de la situation dramatique sur le terrain, le chef de la diplomatie américaine avait exprimé dès jeudi ses craintes d'une "dislocation" de la Syrie. Mais il a aussi insisté sur la prudence nécessaire en matière de soutien militaire à l'opposition.

"Nous essayons d'avancer avec précaution pour ne pas créer encore plus de désordre", a dit M. Kerry, "nous voulons aussi nous assurer que ceux avec qui nous travaillons défendent le pluralisme, la diversité et un processus démocratique".

"Nous souhaitons que la Coalition condamne fermement l'extrémisme et les armes chimiques et, tout aussi important, qu'elle s'engage pour une solution politique et travaille à une transition", a confirmé samedi à l'AFP un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat.

(Analyse : Belliqueux jusqu’au bout, Assad teste la communauté internationale)

 

Alors que le conflit est entré dans sa troisième année et a déjà fait plus de 70.000 morts, les pays occidentaux hésitent toujours à livrer des armes aux rebelles, inquiets de les voir tomber entre les mains de ses groupes les plus radicaux, comme le front al-Nosra qui vient de faire allégeance à el-Qaëda.

Nourris de leur expérience en Afghanistan, les États-Unis n'ont jusque-là renforcé leur soutien à l'opposition qu'à petites touches. Lors de la dernière réunion des Amis de la Syrie en février à Rome, ils avaient annoncé pour la première fois une aide directe dont ils avaient formellement exclu tout équipement militaire.

 

Avant même l'annonce officielle de M. Kerry, la principale force de l'opposition au régime de Damas, la Coalition nationale syrienne (CNS), a une nouvelle fois plaidé sans ambiguïté pour une aide militaire.

"Si l'aide humanitaire est une nécessité absolue, l'opposition syrienne souhaite également obtenir un soutien susceptible de provoquer la chute immédiate du régime et de mettre un terme aux souffrances du peuple syrien", a indiqué la CNS dans un communiqué.

 

La France et la Grande-Bretagne ont un temps milité pour la levée de l'embargo décrété par l'Union européenne (UE) sur les fournitures d'armes, la seule mesure capable selon elles de faire pencher la balance militaire en faveur des rebelles. Mais Paris a reculé, estimant que les conditions sur le terrain n'étaient "pas réunies".

 

La question sera sur la table de la réunion sur les rives du Bosphore mais ne sera pas tranchée. "On ne peut pas dire que ce sera tout oui ou tout non", a pronostiqué le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

"L'embargo actuel de l'UE n'est pas viable, nous souhaitons le modifier pour nous donner plus de flexibilité", a précisé un diplomate occidental, "cela augmentera la pression sur le régime Assad et nous permettra de réexaminer nos options".

 

A défaut d'armes, les Amis de la Syrie vont tenter samedi d'asseoir l'autorité du nouveau Premier ministre intérimaire Ghassan Hitto, élu le mois dernier mais aussitôt contesté, notamment par M. al-Khatib.

Mercredi, la Russie, principal soutien au régime de Bachar el-Assad, avait par avance critiqué cette nouvelle réunion des Amis de la Syrie. Ce groupe "contribue de façon négative" à une issue de la crise, a répété le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.


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