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Moyen Orient et Monde - Analyse

Belliqueux jusqu’au bout, Assad teste la communauté internationale

La Jordanie entraînée « de force » dans le conflit ; le président syrien « isolé de la réalité », selon la Coaliton.
Le président syrien Bachar el-Assad a adopté une posture extrêmement ferme en affichant sa détermination à poursuivre la guerre jusqu’à la victoire et en fermant quasiment la porte à toute solution négociée avec l’opposition. « C’est un discours très provocateur, il est encore plus déterminé qu’avant », affirme ainsi Rime Allaf, experte de la Syrie à Chatham House de Londres, en référence à l’interview de M. Assad mercredi à la chaîne officielle al-Ikhbariya. « Il dit à la communauté internationale : “Nous allons continuer à faire tout ce que nous devons faire pour rester au pouvoir, alors que vous (les Occidentaux) ne faites que créer des problèmes dans la région ” », ajoute-t-elle. « Il tâte le pouls de cette opinion internationale pour voir comment elle réagira. »
Profitant de l’aubaine que lui a offerte la semaine dernière le Front al-Nosra, le plus médiatisé des groupes armés, en prêtant allégeance au chef d’el-Qaëda Ayman al-Zawahiri, le président syrien s’en est pris à l’Occident. En réalité, selon les experts, si le Front al-Nosra est l’organisation la plus connue, elle n’est pas la plus importante, et les formations islamistes sont bien plus nombreuses, sans parler de l’Armée syrienne libre (ASL) qui est de loin le groupe armé prépondérant. M. Assad « a parlé avec beaucoup d’assurance. Je pense qu’avant cette interview, il avait obtenu l’appui de ses alliés, les Russes et les Iraniens. Il est confiant qu’il pourra compter sur tous ses soutiens, tout en sachant que les États-Unis et autres ne sont pas encore certains de ce qu’ils doivent faire », selon Mme Allaf.
Pour l’expert Yezid Sayigh, spécialiste de la Syrie au Carnegie Middle East Center, derrière les mots durs, il a tenu à rassurer son peuple et à remonter le moral de ses troupes. « Le message de son interview est de souligner qu’il a l’intention de rester président (...) jusqu’à la prochaine présidentielle. Il s’agit d’un message pour donner confiance aux Syriens. » En outre, « le régime veut convaincre le peuple qu’il est peut-être plus représentatif des différentes composantes de la société syrienne que l’opposition », estime de son côté Peter Harling, d’International Crisis Group (ICG). D’après cette analyste, au cours des deux ans de conflit, « la rhétorique du régime n’a pas changé, c’est la réalité qui est venue la rattraper », Damas ayant soutenu dès le départ que la révolte était l’œuvre de salafistes.
La Coalition nationale de l’opposition syrienne a estimé pour sa part que le président Assad était « isolé de la réalité ». Cette interview « révèle qu’il est isolé de la réalité, et aveugle à la corruption, la dévastation et le bain de sang qu’il a provoqués », a jugé l’opposition dans un communiqué.

Renforcement
Dans le même temps, la Jordanie s’est trouvée entraînée « de force » dans le conflit avec le renforcement des troupes américaines dans le royaume, selon des analystes, sur fond de mise en garde de Bachar el-Assad à son voisin, accusé d’apporter son soutien aux rebelles. « On nous a forcés à entrer dans le conflit », estime ainsi l’analyste politique jordanien Labib Kamhawi. La mauvaise situation économique du pays « a été utilisée pour mettre la pression sur le royaume afin qu’il ait un rôle plus actif dans le conflit », ajoute-t-il, en référence à l’aide économique et militaire très importante que les États-Unis fournissent à Amman.
Mercredi, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a annoncé un renforcement du dispositif militaire américain en Jordanie, pour le faire passer à plus de 200 hommes. Washington et ses alliés veulent à tout prix empêcher que, dans le chaos croissant de la guerre civile, les stocks militaires ne tombent entre les mains d’extrémistes islamistes.
Le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohammad Momani, a déclaré hier que les troupes américaines étaient dans le royaume « pour renforcer les forces armées jordaniennes face à la situation en Syrie qui se détériore ». Mais l’armée jordanienne a démenti, indiquant dans un communiqué que « les 200 soldats américains n’ont aucun rapport avec la situation en Syrie. ils représentent le premier de plusieurs groupes devant participer aux manœuvres militaires annuelles Eager Lion, auxquelles 15 pays prennent part » et prévues « dans les prochaines semaines ».
Selon l’analyste Oraib Rintawi, qui dirige le Centre d’études politiques al-Quds, Amman est parvenu pendant deux ans à se tenir relativement à l’écart du conflit. « Résister aux pressions, notamment de l’Arabie saoudite et du Qatar (principaux soutiens de la rébellion), a été coûteux financièrement pour la Jordanie, mais en même temps, c’était un choix sage », a-t-il ajouté.
La Jordanie, qui dit accueillir sur son sol plus de 500 000 réfugiés syriens, a cependant voulu souligner qu’elle restait opposée à toute intervention militaire en Syrie. « Nous sommes toujours contre toute intervention militaire », a ainsi indiqué M. Momani.
Pour l’analyste Mamoun Abou Nouwar, un général à la retraite, la mobilisation de troupes américaines à la frontière pourrait provoquer Damas.

Prudence à Paris
Pour le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, il n’y a pas de « bonne solution » pour mettre fin à la guerre civile en Syrie, et une éventuelle livraison d’armes à l’opposition présente autant d’avantages que d’inconvénients. Il a ainsi confirmé à Strasbourg le revirement du gouvernement français qui, par la voix de François Hollande, avait demandé à ses partenaires européens, le 14 mars dernier, la levée de l’embargo pour aider les rebelles.
Le président de la République avait déjà fait marche arrière deux semaines plus tard dans une intervention télévisée en estimant qu’il convenait de s’assurer d’abord que les armes ne risquaient pas de tomber entre les mains des mouvements extrémistes au sein de la résistance.
(Sources : agences)
Le président syrien Bachar el-Assad a adopté une posture extrêmement ferme en affichant sa détermination à poursuivre la guerre jusqu’à la victoire et en fermant quasiment la porte à toute solution négociée avec l’opposition. « C’est un discours très provocateur, il est encore plus déterminé qu’avant », affirme ainsi Rime Allaf, experte de la Syrie à Chatham House de...

commentaires (3)

C'est comme si Belzébuth tente les Diables des Enfers...

SAKR LOUBNAN

15 h 37, le 19 avril 2013

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Commentaires (3)

  • C'est comme si Belzébuth tente les Diables des Enfers...

    SAKR LOUBNAN

    15 h 37, le 19 avril 2013

  • Et comme disait l'autre sous la torture, pourtant il est encore là et bien là et pour longtemps encore, coupant court aux illusions de ceux qui voyaient le bonhomme partir en "2 semaines" de soulèvement salafo wahabo qatari mercenarisé.. La Syrie n'est pas la Lybie et l'Iran pas l'Irak de saddam.Rappelons nous !!!!

    Jaber Kamel

    11 h 47, le 19 avril 2013

  • Assad est super "isolé de la réalité", comme le dit la Coalition nationale de l'opposition syrienne". Maladivement obsédé pour sa permenence au pouvoir; sans un brin de patriotisme, car s'il en avait il ne détruirait pas son pays et ne commettrait pas les monstrusités qu'il commet envers son peuple; sautant sur "l'aubaine que lui offre le front al-Nosra en déclarant son allégeance à al-Qaeda" et -le plus important- sûr qu'Israel, préfèrant encore sa dictature et la destruction qu'elle opère de la Syrie pour de longues années, empêche les USA, donc l'Europe aussi, de livrer des armes adéquates aux rebelles (voir par ailleurs la déclaration de Netanyahu à la BBC), le dictateur de Damas réduit la révolution syrienne à la dimension de l'organisation de Zawhari dans cette révolution. Or, à supposer qu'il accepte, même maintenant, d'abandonner le pouvoir, il est sûr que le peuple syrien, par la Coalition nationale de l'opposition et l'ASL, ferait se dissiper dans l'air, en peu de temps, la présence d'al-Qaeda en Syrie.

    Halim Abou Chacra

    05 h 05, le 19 avril 2013

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