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À La Une - Tension

Corée du Nord : la Russie juge la situation "explosive"

Pyongyang empêche l'accès du complexe de Kaesong aux Sud-Coréens, Séoul menace

Un bus du centre industriel intercoréen de Kaesong. Le 3 avril, Pyongyang a interdit l'accès de ce centre, qui représente une volonté symbolique d'établir une coopération entre les deux Corées, aux ouvriers Sud-Coréens. AFP/ JUNG YEON-JE

La Russie est préoccupée par la situation "explosive" autour de la Corée du Nord, a déclaré mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Igor Morgoulov, quelques heures après que la Corée du Nord décide d'empêcher les employés sud-coréens d'entrer dans le complexe industriel intercoréen de Kaesong, poussant Séoul à ne pas exclure une action militaire pour protéger ses ressortissants.

 

"Ce qui se passe préoccupe sans aucun doute la Russie parce qu'il s'agit d'une situation explosive à proximité de nos frontières en Extrême-Orient", a déclaré M. Morgoulov cité par l'agence Interfax. "Nous appelons toutes les parties à s'abstenir de toute déclaration et de tout acte susceptibles d'aggraver la situation", a poursuivi le diplomate.

"Je ne pense pas qu'une des parties fasse exprès pour déchaîner la guerre. Mais dans la situation actuelle très tendue, il suffit d'une erreur humaine banale ou d'une défaillance technique pour que la situation devienne hors de contrôle", a souligné M. Morgoulov.

 

Le complexe de Kaesong, situé en territoire nord-coréen et symbole de la coopération entre les deux pays, est mercredi devenu le dernier foyer de crispation dans la péninsule coréenne qui connaît une très nette escalade des tensions.

 

"Le Nord nous a indiqué ce matin qu'il n'autoriserait que les départs depuis Kaesong et interdirait les trajets vers" le complexe, a déclaré mercredi Kim Hyung-Suk, porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification, en charge des relations entre les deux pays. Pyongyang n'a pas précisé combien de temps la suspension des entrées resterait en vigueur, a-t-il ajouté.

Un peu avant, le ministère de l'Unification avait indiqué que les 484 Sud-Coréens qui devaient se rendre au sein du complexe n'avaient pas été autorisés à le faire par la Corée du Nord. Le passage de la frontière des Sud-Coréens a lieu normalement à 08H30 (23H30 GMT).

 

Quant aux 861 Sud-Coréens présents à Kaesong mercredi, seuls neuf d'entre eux avaient pu repartir en début d'après-midi, heure locale.

"Nous avons préparé un plan d'urgence, y compris une possible action militaire, en cas de situation grave", a déclaré le ministre sud-coréen de la Défense Kim Kwan-Jin lors d'une réunion de députés du parti conservateur majoritaire, à propos de la protection des Sud-Coréens sur le site.

Plusieurs Sud-Coréens ont choisi de rester au sein du complexe pour s'assurer du bon fonctionnement des sociétés pour lesquelles ils travaillent, a précisé le ministère de l'Unification.

 

Face à cette nouvelle escalade, Pékin a appelé à la "retenue" dans la péninsule coréenne. Nous demandons à "toutes les parties concernées de garder leur calme", a déclaré Hong Lei, porte-parole de la diplomatie chinoise. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Yesui a rencontré mardi les ambassadeurs des Etats-Unis, de la Corée du Nord et de la Corée du Sud pour leur faire part des "vives inquiétudes" de la Chine.

 

La zone industrielle implantée à 10 km à l'intérieur de la Corée du Nord a été inaugurée en 2004 dans une volonté symbolique d'établir une coopération entre les deux Corées.

Précieuse source de devises étrangères dont la Corée du Nord a grand besoin, ce complexe industriel est toujours resté ouvert malgré les crises répétées sur la péninsule, à l'exception d'une seule journée, en 2009. Pyongyang en avait bloqué l'accès pour protester contre des manoeuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes.

Kaesong accueille environ 53.000 Nord-Coréens travaillant pour le compte de 120 entreprises sud-coréennes, dans le secteur manufacturier principalement (habits, chaussures, montres, ustensiles de cuisine...).


Le passage de la frontière pour aller sur le site fonctionnait normalement ces dernières semaines malgré les tensions croissantes entre le Nord et le Sud. Son fonctionnement est considéré comme un baromètre des relations intercoréennes et sa fermeture, prolongée, marquerait une nette escalade des tensions.


Malgré les mises en garde des Etats-Unis et de la Corée du Sud, le Nord a multiplié les annonces et les actes de défi depuis le lancement réussi, en décembre, d'une fusée, considéré par la communauté internationale comme un tir d'essai de missile balistique, puis un troisième essai nucléaire en février.

Et dans son bras de fer avec le reste du monde, la Corée du Nord a été plus loin mardi en annonçant son intention de redémarrer un réacteur nucléaire arrêté en 2007 en dépit des résolutions de l'ONU lui interdisant tout programme atomique.


En réaction, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a dénoncé, au côté de son homologue sud-coréen Yun Byung-se, "la rhétorique inacceptable (...) du gouvernement nord-coréen ces derniers jours". "En fin de compte, ce que (le dirigeant nord-coréen) Kim Jong Un choisit de faire, c'est de la provocation. C'est dangereux, imprudent, et les Etats-Unis n'accepteront pas la République populaire démocratique de Corée en tant qu'Etat nucléaire", a déclaré John Kerry.

 

Le secrétaire d'Etat américain a toutefois pris soin de ne pas rajouter à la tension, répétant que la voie de la diplomatie restait ouverte pour Pyongyang. "Les Etats-Unis croient qu'il existe un chemin très simple pour que la Corée du Nord rejoigne la communauté des nations et dise clairement qu'elle poursuit un objectif pacifique", a-t-il argumenté, plaidant pour "des négociations en vue d'une dénucléarisation".

 

La Corée du Nord multiplie certes les déclarations belliqueuses mais la Maison Blanche a souligné que cette "rhétorique" n'était accompagnée d'aucun geste présageant d'une action militaire d'ampleur. Il n'en reste pas moins qu'aux yeux du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la crise coréenne est "déjà allée trop loin".



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