Arménie: trois preneurs d'otages blessés dans une fusillade au commissariat d'Erevan

Trois membres du groupe armé lié à l'opposition arménienne qui occupe depuis 12 jours le commissariat d'Erevan et détient toujours des otages, ont été blessés vendredi dans une fusillade, a annoncé la police arménienne.

Deux des preneurs d'otages ont été blessés lorsque la police a répliqué à des coups de feu venant de l'intérieur du bâtiment, a indiqué sur Facebook le porte-parole de la police Ashot Aharonyan.
Deux de ces hommes ont été hospitalisés. Le troisième, Araik Handoyan, surnommé "Lone Wolf" (Loup solitaire), avait été blessé à la jambe plus tôt dans la journée, mais a refusé d'être hospitalisé, a indiqué la même source.

Partisans d'un opposant emprisonné, Jiraïr Sefilian, les hommes armés avaient fait irruption dans le commissariat le 17 juillet, tuant un policier et prenant plusieurs personnes en otage, réclamant la démission du président Serge Sarkissian.
Ils ont, depuis, libéré tous les policiers mais détiennent depuis mercredi quatre membres du personnel médical qui étaient entrés dans le bâtiment pour soigner les blessés.

L'un des hommes armés, Varuzhan Avetisyan, a déclaré vendredi à des journalistes qu'il était probable que les autorités soient en train de préparer un assaut, après avoir vu évoluer des drones pouvant larguer des explosifs.

Il a indiqué aux médias arméniens qu'Handoyan avait été blessé par un sniper alors qu'il essayait de voir ce que les drones étaient en train de larguer.
"Si cela continue, on va se défendre avec des armes. Nous ne souhaitons pas de bain de sang, nous ne sommes pas des terroristes, mais on a assez de moyens pour porter un coup sérieux", a-t-il ajouté.

L'ambassade des Etats-Unis à Erevan a déclaré dans un communiqué qu'elle était "très préoccupée par la prise d'otages". Elle a appelé à "la libération immédiate, en toute sécurité, et inconditionnelle du personnel médical retenu en otages depuis mercredi, ainsi que de tous ceux qui souhaitaient quitter le commissariat de police".

Des centaines de partisans de l'opposition ont manifesté à travers la ville pour soutenir les preneurs d'otages, scandant des slogans comme "Serzh, dégage!", en référence au président Sarkisian qui gouverne le pays depuis 2008.
"Sarkissian peut détruire ces hommes, mais les problèmes qui les ont conduits à commettre ces actes vont perdurer" a déclaré le militant Levon Barsegyan présent à la marche.

Arrêté en juin pour détention d'armes, l'opposant Jiraïr Sefilian est accusé d'avoir voulu occuper des bâtiments gouvernementaux et des centres de télécommunications à Erevan.

Critique féroce du gouvernement, il avait déjà été arrêté en 2006 et emprisonné pendant 18 mois après avoir appelé à "renverser le gouvernement par la violence". Il avait aussi été brièvement emprisonné pour tentative de coup d'Etat en 2015 avant d'être libéré.

Ancien militaire, le président Serge Sarkissian, prorusse, a été élu en 2008. Contestée par l'opposition, son arrivée à la tête de l'Etat avait provoqué des émeutes ayant fait 10 morts.