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Liban - Nord

Une décision de démanteler les kiosques illégaux serait à l’origine de l’acte criminel de Mina

La voiture du président du conseil municipal a été incendiée jeudi à l'aube

M. Alameddine au cours de sa conférence de presse : « Le message noir est bien arrivé, mais nous redoublerons d’efforts pour la ville. » Photo Ani

Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 4h30, deux voitures ont été incendiées dans la ville de Mina (près de Tripoli), dont celle du nouveau président du conseil municipal, Abdel Kader Alameddine. Selon ce dernier, cet incident est un « message sanglant » contre sa « tentative de redonner vie à la ville ».
Le sujet a été évoqué hier par le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, sur son compte Twitter : « J'ai appelé le président du conseil municipal de Mina pour avoir de ses nouvelles. Je lui ai exprimé mon soutien et l'ai assuré du sérieux de l'enquête qui permettra d'arrêter ceux qui ont incendié sa voiture », écrit le ministre.
Lors d'une conférence de presse donnée hier au siège de la municipalité, en présence des membres du conseil et de notables de Mina et de Tripoli, M. Alameddine échafaude une hypothèse pour élucider le mystère de l'incident. Il rappelle que la voiture incendiée était garée juste en bas de chez lui, ce qui en fait un « message noir » qui lui est adressé, « comme si on voulait m'intimider pour m'empêcher de m'acquitter de mes devoirs envers cette ville ».
M. Alameddine explique que depuis leur arrivée au conseil municipal, son équipe et lui « ont échafaudé des plans et mené des études en vue de revitaliser une ville qui a souffert, ces dernières années, de l'absence d'un conseil municipal » (qui était démissionnaire). « L'une de nos priorités était de mettre fin aux abus sur les biens-fonds publics et privés au niveau de la célèbre corniche maritime de la ville, a-t-il poursuivi. Nous avons commencé, il y a quelques jours, à réduire le nombre de ces abus, attentifs à ne pas nuire aux intérêts des uns et des autres. » Et d'ajouter : « Mais il semble que certains s'estiment lésés par cette tentative de rendre à Mina son image de ville touristique civilisée. Ils ont pensé que par de tels actes de vandalisme, ils pouvaient m'envoyer un message de terreur pour me lier les mains. Le message est bien arrivé, mais je leur dis qu'il ne fera que redoubler notre volonté de servir la ville. Une ville qui est solidaire de sa municipalité et qui la soutient en tout point. »
Des sources de la région précisent à L'OLJ que le démantèlement des kiosques le long de la corniche a fait l'objet de plusieurs réunions à la municipalité ces derniers jours, étant donné l'ampleur des abus : ces kiosques illégaux ont fini par installer des tables et des chaises et occuper une bonne partie de cette corniche, qui est l'une des plus belles du pays. Selon ces sources, ces abus ont été favorisés par plusieurs facteurs : le chaos qui a résulté des rounds de violence à Tripoli a poussé les habitants de Bab el-Tebbaneh à s'installer à Mina et à y « occuper » la corniche, sans rencontrer de résistance. Un autre facteur est celui des « protections politiques » : ces kiosques affichent souvent les portraits d'hommes politiques, d'où les réticences des forces de l'ordre à les enlever.
Abdel Kader Alameddine est loin d'être un inconnu à Mina : il a été son président de municipalité de 1975 à 2004. Ayant perdu les élections cette année-là, il s'est représenté en 2010 et a été élu au conseil. Mais il a démissionné peu après, en raison de désaccords sur la personne du président du conseil. L'ensemble du conseil a été considéré comme démissionnaire en 2012, après le départ de nombre de ses membres. En 2016, la liste de Alameddine, élue tout entière, était appuyée par plusieurs pôles politiques de Tripoli, notamment l'ancien ministre Mohammad Safadi et l'ex-Premier ministre Nagib Mikati.
Outre le chaos qui a nui à la ville ces dernières années, les sources interrogées craignent que « certains veuillent changer le visage de Mina, celui d'un lieu de coexistence et d'ouverture », en référence aux tentatives de retirer les licences d'alcool accordées aux établissements (tentatives auxquelles l'actuel conseil municipal n'a pas donné suite), sans les relier pour autant à l'agression.
« Personne ne pourra menacer la sécurité de Mina, qui a toujours été un exemple de coexistence », a affirmé pour sa part Nagib Mikati, qui a dénoncé hier l'agression, dans un communiqué. Il a exhorté « les forces de l'ordre à révéler au plus vite l'identité des agresseurs et à les arrêter ». Il a estimé que « cet attentat ne changera pas l'image de cette ville attachée aux institutions ni n'empêchera son conseil municipal élu d'œuvrer pour son développement, traduisant la confiance que la population a mise en lui depuis les élections municipales ».

Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 4h30, deux voitures ont été incendiées dans la ville de Mina (près de Tripoli), dont celle du nouveau président du conseil municipal, Abdel Kader Alameddine. Selon ce dernier, cet incident est un « message sanglant » contre sa « tentative de redonner vie à la ville ».Le sujet a été évoqué hier par le ministre de l'Intérieur,...

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