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Économie - Immobilier / Salon Dream

Face à la crise, les promoteurs doivent repenser leur stratégie

La récente et légère amélioration du marché immobilier n'empêche pas les professionnels de s'adapter aux nouvelles réalités du secteur.

Certains promoteurs ont décidé d’introduire plus de flexibilité dans les termes de leurs transactions. Photo Michel Sayegh

Face au ralentissement du marché immobilier, les promoteurs présents au Salon Dream, qui fermera ses portes demain, n'hésitent pas à réadapter leur stratégie pour s'adapter à la conjoncture. La performance du secteur, un poumon de l'économie libanaise qui représentait environ 14 % du PIB libanais en 2013, selon la comptabilité nationale, semble pourtant connaître un regain depuis le début de l'année. Selon le cadastre, les transactions immobilières ont augmenté de 8,4 % en glissement annuel sur les cinq premiers mois de 2016 – à 25 079 –, tandis que leur valeur s'appréciait de 17,8 %, à 3,43 milliards de dollars.

« La situation s'est améliorée ces derniers mois avec le retour des expatriés pour l'été et la fin de la crise des déchets. Mais ça n'a pas encore beaucoup d'impact sur nos ventes », nuance Joe Nehmé, partenaire d'Investors Group. La hausse de 18 % sur la même période du nombre de permis de construire est aussi à prendre avec des pincettes dans la mesure où ces permis ne donnent pas nécessairement lieu à des lancements de projets à court terme.

 

(Lire aussi : Malgré ses pertes, Solidere va distribuer des dividendes en 2016)

 

Baisser les prix
Pour attirer les acheteurs et vider les stocks, la plupart des promoteurs affirment s'être résignés à concéder certaines remises. « On a baissé nos prix de 5 % à 15 % en fonction des projets. On s'est bien rendu compte que nos stocks ne répondaient pas à la demande actuelle. Ce sont uniquement des surfaces grandes et chères », explique Michel Georr, directeur général de CGI. Mais tous ne sont pas prêts à le faire, notamment parce que leur segment est moins affecté par la conjoncture. « Parce qu'on est dans une niche, on n'a pas de concurrence. Du coup on n'a pas besoin de baisser nos prix pour vendre. En revanche, on préfère proposer des prix de lancements convenables pour fidéliser notre clientèle », souligne le directeur des ventes et du marketing de Rise Properties. Cette société, qui propose des biens uniques et de haut standing, a actuellement 6 projets en stock, dont 4 déjà vendus.

D'autres ont adopté des stratégies différentes, en décidant par exemple d'introduire plus de flexibilité dans les termes de leurs transactions. « On a allongé nos périodes de financement. La première année est exempte d'intérêts. Et en fonction de l'importance de la transaction, la deuxième peut l'être aussi », explique Mounir Douaidy, directeur général de Solidere. C'est avec cette même stratégie que Marwan Choufani, directeur des ventes chez Sakr, et récent partenaire de la franchise libanaise de la société américaine RE/MAX, espère attirer les promoteurs frileux à l'idée d'entamer de nouveaux projets : « Nous proposons l'option "payez sur 8 ans" à 0 % d'intérêt avec un acompte d'1 %. La réduction peut atteindre 20 % si le client paye la totalité tout de suite. »

 

(Lire aussi : La moitié des quartiers de Beyrouth accuse une baisse des prix en 2016)

 

S'adapter à la demande
La plupart des promoteurs doivent aussi s'adapter aux mutations du marché. « On a perdu presque tous les investisseurs étrangers de la région qui étaient nos clients les plus importants », explique Mounir Douaidy. Depuis que les pays du Golfe ont déconseillé à leurs ressortissants de venir au Liban, pour des raisons sécuritaires en 2011 puis politiques en février dernier, le nombre de transactions immobilières étrangères a considérablement baissé. Sur les cinq premiers mois de 2016, la part des transactions immobilières réalisées par des étrangers s'élevait à 1,6 % seulement contre 2,4 % sur la même période en 2015.

Les expatriés, autre clientèle importante, semblent eux aussi manquer au secteur immobilier. « Ils achètent toujours mais ne sont pas pressés. Ils n'ont pas une vue haussière sur le marché », explique Michel Georr. Pour pallier ce manque, certaines sociétés qui arrivaient jusqu'ici à vendre « sans effort », comme CGI, n'ont pas eu d'autre choix que de changer de stratégie marketing : « Nous sommes davantage présents sur les réseaux sociaux et dans les salons. Nous avons aussi lancé une série de road shows... On va trouver les expatriés là où ils se trouvent. »

Ces pertes ont laissé la place à une clientèle locale aux demandes nouvelles. « Ce qui marche le mieux maintenant, ce sont les petites surfaces dans la banlieue de Beyrouth », commente Georges Chehwane, directeur général de Plus Properties. « Il y a toujours de la demande, c'est juste qu'elle a changé. À nous de nous adapter maintenant », lance Anthony Stephan, le président et directeur général de District S. Son idée ? Répondre aux besoins d'une partie de la clientèle libanaise locale en réduisant les espaces et en lui proposant un lieu qui soit à la fois respectueux de l'environnement et à la pointe de la technologie, à l'intérieur même de la capitale.
Tous s'accordent au moins sur un point. La situation du secteur immobilier ne pourra se redresser qu'avec le retour d'une certaine stabilité politique. « La crise de l'immobilier n'est que le reflet de la crise économique et politique que vit notre pays mais aussi toute la région », se désole enfin Mounir Douaidy.

 

 

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