Geoff Caddick/AFP
Investie hier comme Première ministre britannique, Theresa May a promis de « relever le défi » du Brexit et aussitôt fait sensation en confiant le ministère des Affaires étrangères à Boris Johnson. Signe de l'immense tâche qui attend son gouvernement, elle a également créé un ministère entièrement dédié au Brexit dont David Davis, un ancien secrétaire d'État aux Affaires européennes, aura la charge. Construire « un nouveau rôle audacieux et positif » hors de l'Union européenne pour son pays: c'est sur ce credo que Mme May, 59 ans, a inauguré son mandat, après avoir reçu la mission de former un gouvernement par la reine Elizabeth II.
Nommée en fin d'après-midi à Buckingham Palace, quelques minutes après que David Cameron eut remis sa démission, elle a tout de suite rejoint le 10, Downing Street, pour distribuer les portefeuilles les plus importants.
Philip Hammond, ancien ministre des Affaires étrangères, a été le premier à être nommé au portefeuille des Finances, signant la disgrâce de George Osborne, fidèle lieutenant de David Cameron. Mais déjà, tous les regards étaient braqués sur Boris Johnson qui venait de passer devant les caméras pour s'engouffrer dans la nouvelle résidence de Theresa May. Beaucoup pensaient que le chef des pro-Brexit pendant la campagne pour le référendum était grillé depuis qu'il a renoncé à briguer le poste suprême. Mais voilà qu'il revient par la grande porte pour prendre la tête du Foreign Office, où il aura un rôle fondamental à jouer pour négocier les modalités du Brexit.
Theresa May et son équipe héritent d'un Royaume-Uni sens dessus dessous, profondément divisé, soumis à des turbulences économiques et la pression des dirigeants de l'UE pour que Londres engage au plus vite la procédure de divorce.
La 54e Première ministre du pays et deuxième femme après Margaret Thatcher est une eurosceptique qui avait rejoint le camp du maintien dans l'UE pendant la campagne référendaire. Elle n'a pas dévoilé son calendrier lors de sa première allocution dans ses nouvelles fonctions. Fille de pasteur, réputée pour sa détermination, sa force de travail mais aussi une certaine froideur, elle a seulement promis « la justice sociale » et de veiller au maintien de l'unité du pays. Elle avait prévenu auparavant qu'elle ne comptait pas activer l'article 50 avant la fin de l'année.
Émotion de Cameron
Lors de sa dernière séance de questions devant le Parlement, David Cameron l'a invitée à ne pas complètement tourner le dos aux 27 autres membres de l'Union. « Il est vital pour notre industrie d'avoir un bon accès au marché unique, cela devra être une priorité », a-t-il déclaré, avant de recevoir une ovation debout des députés tories mais aussi de quelques travaillistes.
Devant Downing Street, pour sa dernière allocution en tant que Premier ministre, il a souhaité à son pays qu'il « aime tant » de « continuer à réussir ». Il est ensuite allé remettre, sous l'orage menaçant, sa démission à la reine en compagnie de son épouse Samantha et de leurs trois jeunes enfants. « Ça a été le plus grand honneur de ma vie de servir notre pays comme Premier ministre ces six dernières années », a-t-il souligné avant de remercier, très ému, ses enfants et son épouse, « l'amour de ma vie ».
Pour David Cameron, qui avait prôné le maintien dans l'UE, c'est une nouvelle vie qui commence. Le dirigeant conservateur a remporté deux élections législatives (2010 et 2015), survécu au référendum d'indépendance de l'Écosse... mais restera pour l'histoire le Premier ministre du Brexit. « Je marche dans les pas d'un grand Premier ministre moderne », a assuré Mme May en prenant possession des lieux.
Juncker a « hâte »...
« J'ai hâte de travailler étroitement avec vous et d'apprendre vos intentions à ce sujet », a réagi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, à peine la nomination de Theresa May officielle.
Un « sommet ou une rencontre » sur les suites du Brexit entre le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil italien Matteo Renzi se tiendra fin août en Italie.
Même les pro-Brexit sont impatients. Une cinquantaine de manifestants ont réclamé l'activation immédiate de l'article 50 du traité de Lisbonne – qui lance le processus de sortie de l'UE – devant Downing Street hier soir.
Enfin, le président russe Vladimir Poutine s'est dit prêt à « un dialogue constructif » avec Mme May.
(Source: AFP)