Des policiers et soldats sud-soudanais en patrouille pendant que d’intenses combats se déroulaient dans la capitale, Juba, ce week-end. Reuters
Des milliers d'habitants de la capitale sud-soudanaise Juba fuyaient hier les combats intenses opposant les forces régulières et les ex-rebelles, les deux camps s'accusant mutuellement d'être responsables de ces nouvelles violences.
Les affrontements ont débuté jeudi à Juba par un accrochage, qui a fait cinq morts, entre des soldats loyaux au président Salva Kiir et des gardes du corps de l'ex-chef rebelle et actuel vice-président Riek Machar. Cet accrochage a été suivi de nouveaux combats vendredi, plus de 270 personnes – en majorité des soldats des deux parties – ayant été tuées, selon les ex-rebelles. Hier, des combats intenses ont repris dans la partie ouest de Juba, où les troupes des deux parties disposent de bases au pied des montagnes de Jebel Kujur, et près d'un camp de l'Onu. Ils se sont ensuite étendus à d'autres zones de la capitale au fil de la journée, notamment dans le quartier de Gudele – réputé pour être une poudrière et où Riek Machar a installé son quartier général – et le quartier central de Tongping, près de l'aéroport international. La compagnie aérienne Kenya Airways a suspendu tous ses vols à destination de Juba.
L'Onu a pour sa part fait hier état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d' « armes d'assaut lourdes » à Juba. La présence d'hélicoptères de combat et de chars a également été signalée. « La situation s'est considérablement détériorée à Juba », a averti l'ambassade des États-Unis, invitant les Américains à rester chez eux. « De violents combats sont en cours entre forces gouvernementales et de l'opposition, aux environs notamment de l'aéroport, des sites de la Minuss (la mission de l'ONU), (dans le quartier de) Jebel et dans différentes zones de Juba », a-t-elle ajouté sur sa page Facebook.
À Juba, des habitants se sont réfugiés dans un camp de l'Onu, à proximité duquel les combats ont éclaté et qui abrite déjà 28 000 déplacés. Selon des travailleurs humanitaires, des tirs ont touché l'intérieur du camp, blessant plusieurs civils. Des civils se sont également dirigés vers une autre base de l'Onu proche de l'aéroport.
Ces affrontements mettent en péril un fragile accord de paix signé l'année dernière dans le plus jeune État du monde, qui fêtait samedi ses cinq ans d'indépendance. Dans le cadre de l'accord de paix et de partage du pouvoir, M. Machar est revenu, avec un fort contingent d'hommes armés, en avril à Juba, où il a été réinstallé vice-président et a formé avec M. Kiir un gouvernement d'union nationale.
Des combats « inacceptables »
Sur le plan politique, le ministre sud-soudanais de l'Information, Michael Makuei, a accusé les ex-rebelles d'être responsables de ces affrontements. Selon lui, le président Kiir « devrait déclarer et imposer à ses troupes un cessez-le-feu unilatéral » dans la journée. « Nous espérons que le premier vice-président, Riek Machar, fera de même », a-t-il ajouté.
Un peu plus tôt, un porte-parole de M. Machar avait rejeté la responsabilité des derniers affrontements sur les soldats gouvernementaux. « Nos forces ont été attaquées sur la base de Jebel », avait accusé James Gatdet Dak, affirmant que l'assaut avait été repoussé et que des hélicoptères de combat et des tanks avaient été utilisés pour bombarder la base.
Les pays de la région, dont le Kenya et le Soudan, ont appelé à mettre fin aux combats et envisagent de tenir un sommet en urgence aujourd'hui lundi à Nairobi.
À New York, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'Onu ont entamé hier soir des consultations à huis-clos. Le secrétaire général Ban Ki-moon a exhorté les dirigeants sud-soudanais à faire cesser ces combats « inacceptables ». De son côté, l'ambassadeur adjoint britannique Peter Wilson a fixé comme priorités « premièrement de protéger les civils et de s'assurer que la violence cesse ». Il a rappelé que Londres était favorable à un embargo sur les armes au Soudan du Sud et il a estimé que le Conseil devrait « envisager toutes les mesures nécessaires pour faire cesser la violence ». Pour l'ambassadeur français François Delattre, il faut « que les parties prennent leurs responsabilités » et que le président Salva Kir et le vice-président Riek Machar contrôlent leurs forces et fassent preuve de « volonté politique » de faire la paix.
(Source : AFP)