C'est un aventurier moderne des mondes perdus, un digne descendant de l'histoire de l'exploration en France alliant défis sportifs et recherche scientifique. Le Français Evrard Wendenbaum, âgé de 37 ans, compte à son palmarès quelque 25 expéditions « engagées » dans les lieux les plus inaccessibles de la planète.
Si sa célébrité est inversement proportionnelle à ses faits d'aventure, c'est que ce diplômé en sciences de la Terre, grimpeur, photographe, réalisateur de multiples films d'expéditions, ne prend jamais le chemin des cimes, des déserts ou des forêts primaires à sa propre gloire, mais au nom de la sauvegarde et de la protection de la biodiversité, « trésors du monde vivant, patrimoines de l'humanité », assure-t-il.
« À 30 ans, j'avais quasiment tout fait dans le domaine de l'extrême, les "expés" les plus osées, difficiles et dangereuses sur tous les continents et dans les coins les plus inhospitaliers – des Alpes au Karakoram (Pakistan), de l'Alaska à la Patagonie, des Tien Shan (monts célestes en Himalaya) au cœur de la forêt amazonienne, explique-t-il. Mais je cherchais encore ma voie et j'ai décidé de mettre mon savoir, mon énergie, mes capacités physiques et mon expérience au service de la science. »
Héritier des années Hulot
En 2009, cet aventurier crée l'association Naturevolution, puis élabore une série d'expéditions naturalistes et humanistes baptisée Lost Worlds (mondes perdus). Son objectif est d'emmener et de guider des équipes de scientifiques – géophysiciens, géologues, entomologistes, biologistes... – dans les dernières Terrae (quasi) Incognitae de la planète pour « explorer et étudier, sensibiliser, classer et protéger de l'avidité des hommes ».
La première expédition s'envole en 2010 pour Madagascar et le massif encore vierge du Makay. Deux autres suivront, avec la découverte d'une centaine d'espèces végétales et animales, et l'obtention auprès des autorités malgaches du classement du site en « aire protégée ».
La deuxième expédition Lost Worlds entraîne en 2014 chercheurs, grimpeurs et spéléologues sur l'île de Sulawesi (Célèbes), au sud-est de Bornéo en Indonésie. Dans le Matarombéo, un massif karstique de 1 200 km2, l'équipe découvre un gruyère minéral aux roches coupantes comme des rasoirs et qui abrite une biodiversité foisonnante. Elle viendra enrichir les collections du Centre national de la recherche scientifique français (CNRS) et du Muséum national d'histoire naturelle.
Evrard Wendenbaum met actuellement la dernière main à la préparation de sa prochaine expédition, à la fois scientifique, sportive et transdisciplinaire. En juillet-août, il conduira une vingtaine de chercheurs, alpinistes et plongeurs sous les latitudes extrêmes boréales, dans le massif du Renland, dans l'est du Groenland, qui domine le plus grand fjord du monde, le Scoresby Sund. « Wendenbaum représente l'un des archétypes actuels de l'explorateur engagé et contribue de manière extrêmement efficace à construire de nouvelles voies de l'exploration moderne », explique Olivier Archambeau, président de la Société des explorateurs français (SEF).
(Source AFP)