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Liban - Urbanisme

« Backyard » : quand l’architecture se met au service de l’environnement

Avec le projet novateur du tandem Mallat-Zeidan à Hazmieh, rien ne se perd, tout se transforme.

Les kaakés à attraper au passage.

Pas de verrines de quinoa aux fleurs de courgettes ni de bouchées au saumon fumé. Pas de crevettes à la sauce soja ni de ravioles sur lit d'épinards. Mais des galettes libanaises, la kaaké traditionnelle, celle que l'on attrape au vol, au volant de sa voiture, lancée par un marchand en saroual et à bicyclette.

Sur un mur en bois de chantier, des piquets en fer de coffrage tendent leurs bras aux anses parsemées de graines de sésame et monogrammées aux initiales des deux architectes. Des cageots en bois récupérés, piquetés de petites tomates, de cerises, de pains au thym et de concombres bio rythment le passage. Voila le menu proposé ce 28 mai par Bernard Mallat et Walid Zeidan sur le rooftop de Backyard, leur tout dernier projet à Hazmieh. Un menu qui répond aux règles de la simplicité et de l'économie, au service du beau et du créatif. Un menu à l'image de ce projet novateur, dans cette banlieue de Beyrouth, à laquelle manquait un espace public qui regroupe toutes les enseignes de l'alimentation. Des burgers aux menus japonais, en passant par la man'ouché et la pizza. Le choix est varié et l'écrin de taille.

 

Les ponts
Pour éviter la consommation énergétique qui consiste à faire fondre le métal en vue d'un autre usage, la rambarde des ponts, voie piétonne qui relie un espace à un autre, a été réalisé par les barres de fer récupérées sur le chantier. Ce recyclage a pour but de préserver l'environnement avec une réduction du coût. Cette innovation technique réussie tant par sa réflexion écologique que par son esthétisme abouti est un repas concocté avec les ingrédients de bord et à portée de main, mais un repas étoilé, digne des grands chefs.

 

Les murs
En hommage à la ville de Beyrouth dont les façades d'immeubles sont souvent inachevées et irrégulières, les murs du projet Backyard sont dénudés de tout revêtement et se parent de barres d'acier utilisées lors du coffrage du béton. Enlevées, nettoyées et repeintes, elles sont plantées dans un rythme régulier et s'animent, la nuit venue, par un jeu d'ombres ludiques.

 

Les bancs
Les architectes ont conçu tous les meubles urbains qui ponctuent les passages. Ainsi, la forme des bancs tend à épouser aussi bien la silhouette des adolescents que celle des adultes. Beyrouth n'est pas une ville pour amoureux, une ville qui offre généreusement ses surfaces en bois ou en fer forgé dans les jardins publics aux baisers volés. Backyard tente de pallier ce manque, celui des espaces où il fait bon de se prélasser avant ou après un repas.

 

Les colonnes
Comme des totems plantés sur les passages en gravats, elles servent à abriter ventilateurs, jardinières, haut-parleurs, et éclairages. Dans une ville où les immeubles tendent toujours d'aller plus haut et où les derniers étages sont souvent conçus pour en supporter toujours un de plus, les colonnes de Backyard sont un clin d'œil à cette architecture typique du pays qui prône le profit au détriment de l'art.
Trouver des solutions écologistes en palliant les défaillances d'un gouvernement qui n'assure ni jardins publics ni espaces vert, qui autorise le démantèlement d'un patrimoine pour planter des tours dont on ne voit pas la fin, qui dénigre l'urbanisme et prône le vandalisme architectural, est une tâche ardue. Bernard Mallat et Walid Zeidan ont tenté cette expérience. Et ils la revendiquent.

Pas de verrines de quinoa aux fleurs de courgettes ni de bouchées au saumon fumé. Pas de crevettes à la sauce soja ni de ravioles sur lit d'épinards. Mais des galettes libanaises, la kaaké traditionnelle, celle que l'on attrape au vol, au volant de sa voiture, lancée par un marchand en saroual et à bicyclette.
Sur un mur en bois de chantier, des piquets en fer de coffrage tendent leurs...

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