L'Université américaine de Beyrouth a inauguré son exposition « Genus : Gender, Nation, Status », qui se poursuivra jusqu'au 17 juin. Derrière le titre sibyllin et le pavillon blanc construit à l'occasion par les Alumni Ghaith Abi Ghanem, Jad Melki et Christian Moussa, il s'agit pour l'université de mettre en lumière son rôle comme creuset d'une diversité effervescente au Liban. Diversité des genres, des nationalités, des classes sociales. Sur les photographies écornées et derrière les analyses chiffrées présentées par le président Fadlo Khoury s'entremêlent des visages sans nom et des nombres sans visage. Ici, une étudiante soudanaise à l'élégance délicate, cahiers à la main et vêtements au vent, lève un visage rieur à la caméra ; là, un étudiant turc flotte dans son costume trop grand et essaye maladroitement de se frayer un chemin devant l'entrée principale.
Cette commémoration des moments décisifs de l'histoire de l'inclusion à l'université reflète malgré elle le passé tourmenté de la ville. Sur les fils de statistiques méticuleusement tenues, l'attentat perpétré contre le College Hall en 1991 a creusé des trous noirs béants et des zones d'ombre qui ternissent le blanc immaculé du pavillon.
«Savoir qui a créé cette université n'est pas important. Ce qui est important, c'est de reconnaître ceux qui l'ont fait grandir.» C'est en citant Howard Bliss que le président Fadlo Khoury prend la parole lors du vernissage ; il explique que l'idée est partie d'une couverture du New York Times remontant au 3 avril 1932, qui célébrait la diversité et la diversification de l'AUB. À l'heure du cent cinquantième anniversaire de l'institution universitaire, Fadlo Khoury enjoint les étudiants, les anciens et les visiteurs d'«oser continuer à rêver», de toujours poser un regard curieux sur les richesses de la ville et du campus, et de profiter de ce pavillon éphémère qui célèbre les visages fugaces des étudiants qui ont posé leurs empreintes hétéroclites sur les murs de l'histoire de l'université.