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Culture - Dans les coulisses

Ibrahim Maalouf : au nom du père de la trompette quart de ton

Le Festival de Baalbeck lançait sa 60e édition* hier soir au Casino du Liban avec le musicien franco-libanais... et beaucoup d'émotions.

Press Photo

Le 6 juillet 1973, le Festival de Baalbeck accueillait Miles Davis, trompettiste légendaire, qui partage avec Ibrahim Maalouf la performance d'avoir été le seul musicien de jazz à avoir rempli la salle de l'Olympia à Paris, à la différence que Miles Davis partageait l'affiche ce soir-là avec 2 autres artistes, là où Ibrahim était seul. En décembre, le trompettiste franco-libanais remplira d'ailleurs l'AccorHotels Arena, ex-Palais Omnisports de Paris Bercy, preuve que son ambition et sa confiance en lui sont inébranlables.

Pourtant, quand on le rencontre une heure avant son concert en coulisses du théâtre du Casino du Liban, ce qui frappe, c'est sa « coolitude », sa chaleur, sa tranquillité, très éloignées des images d'Épinal d'artistes stressés avant leurs performances. Lui sourit, se balade, gère les problèmes d'invitations (problème universel visiblement), parle à ses musiciens. Et il s'enferme quelques minutes avec celui qui nous fera la surprise de venir jouer en sa compagnie sur scène, son père Nassim Maalouf, avec lequel il nous demande gentiment de le laisser seul encore quelques minutes. Il faut dire que le moment est historique puisque le père n'a pas assisté à un concert de son fils depuis 20 ans, pour marquer son mécontentement suite à la décision de celui-ci d'abandonner le classique. Ce ne sont pourtant pas les occasions qui ont manqué, puisque le trompettiste est une bête de scène, un stakhanoviste du concert (il y en a 140 programmés en 2016), et celui d'hier soir revêtait un caractère particulier.

 

 

 


Par la participation de Nassim Maalouf donc et aussi parce que c'est un concert hommage à Oum Koulsoum, une de ses deux interprètes féminines arabes préférées avec Feyrouz. Comme il nous l'a expliqué avec beaucoup d'humour, l'imbroglio des droits d'auteur de Feyrouz étant plus compliqués que ceux de Michael Jackson, nous profiterons donc de son amour pour la deuxième diva. Sur le meuble qui se trouve dans sa loge trônent deux trompettes, toutes les deux en cuivre, mais l'une brille et l'autre pas, la sienne, car son vernis est mat, et que ce choix se justifie pour éviter de « brouiller » le son qu'elle produit et qu'il a besoin de ce son, typique de son instrument, la trompette à quarts de ton, inventée par son père dans les années 60 et qu'il est le seul à pratiquer, car il est le seul trompettiste de ce niveau originaire du monde arabe et à s'inspirer de la musique orientale.


La liste de ses récompenses, de ses distinctions, de ses collaborations est impressionnante, c'est comme s'il était de tous les projets artistiques en France et qu'il était devenu une figure incontournable de la scène musicale française. Et pourtant, tout cela ne lui monte pas à la tête, il reste les pieds sur terre et à l'écoute, profitant de cette occasion unique au Casino du Liban pour « faire des efforts vestimentaires », mettre un costume au-dessus de ses Stan Smith et jouer au piano l'hymne libanais en introduction, chose qu'il n'avait jamais réalisée auparavant.


La clôture du concert, avec son père sur scène, sera à son image, naturelle et pleine d'émotions, comme toutes celles qu'il aura partagées avec un auditoire de connaisseurs, fiers de son talent, de sa réussite et de l'amour qu'il porte à son pays natal.

* Le concert a été suivi d'un cocktail dînatoire sur la terrasse du Casino du Liban. Les bénéfices de cette soirée de gala serviront à financer un programme 2016 digne des célébrations du 60e anniversaire du Festival de Baalbeck, qui démarrera le vendredi 22 juillet avec un spectacle de la troupe Caracalla sur les marches du temple de Bacchus.

Le 6 juillet 1973, le Festival de Baalbeck accueillait Miles Davis, trompettiste légendaire, qui partage avec Ibrahim Maalouf la performance d'avoir été le seul musicien de jazz à avoir rempli la salle de l'Olympia à Paris, à la différence que Miles Davis partageait l'affiche ce soir-là avec 2 autres artistes, là où Ibrahim était seul. En décembre, le trompettiste franco-libanais...

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