Une manifestation organisée hier par des partisans du Parti syrien national social (PSNS) contre la tenue d'une conférence sur le président assassiné Bachir Gemayel au West Hall de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) a dégénéré en bousculade avec les forces de l'ordre devant le campus de l'université.
Dans les faits, dès 17h, des partisans du PSNS ont observé un sit-in devant l'entrée principale de l'université, rue Bliss. Ils ont tenté d'en interdire l'accès à ceux qui voulaient se rendre à la conférence, organisée par le bureau estudiantin des Forces libanaises (FL). Brandissant des drapeaux de leur parti, les membres du PSNS ont scandé des slogans hostiles à Bachir Gemayel, dont ils ont brûlé un portrait. Accourue sur les lieux au moment où la tension était sur le point de déboucher sur un affrontement en bonne et due forme entre les étudiants des deux bords, une brigade antiémeute de l'armée s'est déployée pour circonscrire l'incident et calmer les esprits.
Contacté par L'Orient-Le Jour (L'OLJ), Michel Raggi, conseiller spécial du député Nadim Gemayel, a indiqué que l'organisation de la conférence sur le thème « Bachir Gemayel : Je viens avec une mission spécifique, les 10 452m² », avait été décidée, il y a plusieurs semaines, avec la direction de l'université.
« Le sujet, axé sur le parcours de Bachir Gemayel, qui, de militant et résistant, était devenu un président de la République rassembleur, a été approuvé par le dean de l'AUB », a affirmé M. Raggi, soulignant que les noms des intervenants, l'avocat Abdel-Hamid Ahdab et l'idéologue Antoine Najm, avaient également été approuvés.
« Ce matin, a poursuivi le conseiller de M. Gemayel, après que des partisans du PSNS eurent publié sur les réseaux sociaux des photos de Bachir Gemayel en compagnie de l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon et appelé à participer au sit-in à 17h30, nous sommes entrés en contact avec les responsables de l'AUB qui nous ont assuré que la conférence serait maintenue. » Or indiquent des sources estudiantines, « vers 18h, heure prévue pour le début de la conférence, un responsable de l'université est entré au West Hall pour aviser que l'événement allait être annulé, provoquant l'indignation de Nadim Gemayel, présent dans l'audience, qui a exhorté les responsables universitaires à laisser entrer les conférenciers conviés, par respect pour eux ». Ce qui ne fut fait, disent ces mêmes sources, qu'après une demi-heure de tractations, permettant enfin à la conférence de se tenir.
Simon Kachar, responsable du service de communication de l'AUB, réfute ces allégations. Affirmant que l'établissement universitaire porte l'étendard de la liberté d'opinion, il a assuré à L'OLJ qu'« à aucun moment, une annulation de l'événement n'a été envisagée ».
Ce regain de tension dans les relations Kataëb-PSNS – marquées historiquement par une rivalité violente idéologique et politique – a suscité des réactions enflammées tant sur les réseaux sociaux que dans les rangs des partisans Kataëb et FL.
Le bureau estudiantin Kataëb a publié en soirée un communiqué dans lequel il a assuré qu'« il ne permettra pas à la logique d'exclusion et d'intolérance de prévaloir », refusant qu'« il soit porté atteinte aux symboles de la résistance, notamment celle des Kataëb ». Le bureau estudiantin FL a également condamné avec virulence « les comportements marginaux » des étudiants PSNS, affirmant que les FL « continueront, jusqu'au martyre, à marcher sur les pas de Bachir à tout moment et en tout temps ».
Une cinquantaine de jeunes Kataëb se sont par ailleurs rendus dans la nuit place Sassine pour exprimer leur colère contre les agissements du PSNS. Les rejoignant, Nadim Gemayel a prononcé une allocution dans laquelle il a fait observer que « trente-quatre ans plus tard, "ils'' ont toujours peur d'une photo de Bachir Gemayel, qui les fait trembler » – en allusion à la mise à feu de son portrait lors du sit-in de l'après-midi. « Ils ont peur de Bachir Gemayel parce qu'ils ont peur de l'idéologie pour laquelle il a combattu en vue d'un État indépendant et libre qui assure la dignité à ses citoyens », a ajouté le député.
Dans les faits, dès 17h, des partisans du PSNS ont observé un sit-in devant...
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Tempête dans une tasse de café de Mme Soleil.
FRIK-A-FRAK
12 h 24, le 26 avril 2016