Bahreïn: des milliers de personnes aux funérailles d'un adolescent dans un village chiite

Des milliers de personnes ont assisté mardi dans un village chiite de Bahreïn aux obsèques d'un adolescent décédé, selon sa famille, des suites de blessures subies alors qu'il était pourchassé par la police.

Ali Abdulghani, un jeune de 17 ans, a succombé lundi à des blessures subies le 31 mars alors qu'il était pourchassé par les forces de sécurité, selon sa famille citée dans un communiqué du principal mouvement de l'opposition chiite, Al-Wefaq. Il n'a pas été possible d'obtenir des précisions de sources indépendantes sur les circonstances exactes du décès.

Le royaume de Bahreïn est secoué par des troubles sporadiques depuis un soulèvement en 2011 animé par la majorité chiite qui réclame des réformes politiques. Ce petit pays du Golfe est dirigé par une dynastie sunnite.
La tension était vive mardi lors des funérailles à Chahrakan, ont indiqué des témoins dans ce village situé au sud de Manama. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues avant de se rassembler dans le cimetière du village, certaines brandissant des portraits du jeune "martyr", a-t-on ajouté.

Six ONG, dont Bahrain Center for Human Rights (BCHR) et European Centre for Democracy and Human Rights (ECDHR), ont appelé à "une enquête immédiate et impartiale sur la mort d'Ali Abdulghani" qui, ont-elle indiqué dans un communiqué conjoint, a succombé à "des blessures subies durant son arrestation par les forces de sécurité" bahreïnies.
Ses funérailles ont eu lieu à la veille de l'arrivée prévue mercredi soir du secrétaire d'Etat américain John Kerry à Manama où il doit notamment participer à une réunion avec ses homologues des monarchies du Golfe, axée sur les conflits armés et la vague de violences au Moyen-Orient. Bahreïn abrite le siège de la Ve Flotte américaine.

Les autorités de Manama attribuent régulièrement les violences déclenchées pendant des manifestations à des "terroristes" qui selon elles bénéficient parfois de la "complicité" de l'Iran et nient toute discrimination envers les chiites. De nombreux opposants sont en prison.