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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Palmyre : une victoire militaire, symbolique et politique pour Assad, mais...

Sous perfusion russo-iranienne, le régime syrien se vend comme un partenaire indispensable dans la lutte contre le terrorisme.

Une vue aérienne du site archéologique de Palmyre, le 28 mars 2016. Reuters/Rossiya 24/Handout via Reuters TV

C'était il y a un peu moins d'un an. L'État islamique (EI) s'emparait de la cité antique de Palmyre. Après quelques jours de combats, les soldats de l'armée syrienne avaient dû fuir – délibérément, ont dit certains – devant l'avancée des jihadistes. Les Suhkoï russes ne dominaient pas encore les airs. Et les avions américains s'étaient abstenus de bombarder les positions de l'EI, dans cette région, pour ne pas donner l'impression de venir en aide au régime syrien. Jaych el-Fateh, une coalition de factions rebelles menée par le Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda), et le groupe salafiste Ahrar el-Cham venaient de mettre la main sur les villes d'Idleb et de Jisr el-Choughour, infligeant une lourde défaite aux troupes loyalistes. Le régime syrien apparaissait comme vulnérable et Bachar el-Assad était affaibli.

Dix mois plus tard, la situation a complètement changé. Fortes de l'appui des Russes et des Iraniens, les troupes loyalistes ont délogé les jihadistes de la perle antique du désert syrien après vingt jours de combats. Après avoir sécurisé le littoral, coupé les routes d'approvisionnement des rebelles dans le Nord et dans le Sud, le régime peut se prévaloir d'une nouvelle victoire avec la reconquête de Palmyre. La victoire est militaire et politique, symbolique surtout, en attendant la suite des événements...


(Lire aussi : Des soldats syriens "soulagés" après leur entrée dans la cité antique de Palmyre)

 

Des raisons stratégiques
Pour le régime, la ville de Palmyre ne revêt pas la même importance qu'Alep ou Lattaquié. Pour l'EI, elle n'a pas la même importance que Deir ez-Zor ou Raqqa. Mais pour l'un comme pour l'autre, la conquête de Palmyre était notamment motivée par des raisons stratégiques. La cité est un avant-poste pour mener des opérations à Homs ou Damas. C'est aussi un carrefour qui donne accès aux provinces de Deir ez-Zor et de Raqqa, et relie le sud de la Syrie à l'Irak. La prise de Palmyre permet ainsi au régime de sécuriser les routes en direction du littoral et de préparer les offensives vers Deir ez-Zor – où les troupes loyalistes sont encerclées par les jihadistes – et vers Raqqa, capitale syrienne de l'État islamique. Militairement, la reprise de Palmyre lance la course à la reconquête de l'Est syrien même si celle-ci est loin d'être acquise. Elle témoigne, surtout, de l'efficacité de la stratégie russo-iranienne qui a réussi à remettre en selle un régime très affaibli par cinq ans de guerre.

Au-delà de la ville, déserte puisque l'EI avait dit aux habitants de fuir avant l'offensive, c'est la reprise du site archéologique qui confère un aspect symbolique à cette victoire. Les images de la destruction des temples de Bêl et de Baalchamine, et de l'arc de triomphe et des tours funéraires par les jihadistes avaient fait le tour du monde et sensibilisé les opinions occidentales – davantage que la mort de centaines de milliers de Syriens. En reprenant le site, qui n'a pas été totalement détruit, l'armée syrienne se présente comme une protectrice du patrimoine de l'humanité, comme une gardienne de « la civilisation contre la barbarie ». Le narratif du régime s'en retrouve renforcé : il se targue d'être la seule force sur le terrain capable de vaincre l'EI. Et cette posture convient de plus en plus aux Occidentaux, notamment aux Américains, qui ont clairement hiérarchisé leurs ennemis.

 

(Voir aussi : Palmyre libérée de l'EI : les premières images de la cité antique)

 

Changement de ton
À l'instar des Russes, les Américains ont bombardé des positions jihadistes au moment de l'offensive des forces du régime sur Palmyre. Hier, ils ont salué la reprise de la ville, comme l'avait fait dimanche le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Même si elles ne doivent pas être interprétées comme une réhabilitation de Bachar el-Assad, ces postures témoignent d'un changement de ton qui fait suite au rétablissement du rapport de force en faveur du régime et de ses alliés. Cette évolution dans la perception des forces du régime est la principale victoire des Russes et des Iraniens. Grâce à leurs interventions coordonnées, ils sont en train d'imposer le régime comme la plus grande force sur le terrain et la seule alternative politique pour lutter contre le terrorisme.

Reprendre Palmyre au lendemain des attentats de Bruxelles est, dans ce sens, un joli coup de communication pour le régime et pour ses alliés. Ils se positionnent comme des partenaires indispensables dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans l'idée d'une coordination pour la reconquête de l'Est syrien.
Le régime récupère ainsi une partie de son territoire, et par conséquent de sa légitimité. Ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour l'opposition syrienne : plus le régime se renforce, moins il sera enclin à négocier. Et, contrairement aux alliés du régime, les soutiens de l'opposition n'ont pas les moyens – ou la volonté – de changer le rapport de force sur le terrain. L'idée que le régime de Damas est la seule alternative possible contre l'EI est en train de s'imposer. Quitte à oublier que ce pouvoir n'a pas les capacités de tenir ses territoires sans la perfusion russo-iranienne. Quitte à oublier que Palmyre est aussi tristement célèbre pour les atrocités commises par ce régime dans sa prison.

 

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commentaires (8)

**la voix du peuple EST la voix de Dieu !!**

Bery tus

21 h 17, le 29 mars 2016

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Commentaires (8)

  • **la voix du peuple EST la voix de Dieu !!**

    Bery tus

    21 h 17, le 29 mars 2016

  • on la dit depuis le debut, les USA et les russes (donc par conséquent tous les allies des russes comme l'iran, le hezb, et le regime syrien) sont tous des allies en syrie depuis la non intervention des USA en syrie (bien que j'avais saluer la bonne perception disons philosophique des evenements en affirmant que la puissance des armes ne peut rien contre une ideologie mais que la creation d'idees elle peut) seulement voila ou les USA ont merder et c'est précisément la le pb c'est qu'ils auraient du instaurer une strategie de defense du peuple et tout ce qui vas avec comme une no fly zone !!! mais comprennant le pb US ils ne veulent pas etre emmerder en syrie comme en irak en s'occupant des terroristes (que leur envoyait l'iran oui oui bien l'iran et syrien en irak, et d'une autre main en aidant les US contre les résidus du regime de Saddam car de toutes les facons Saddam etait leur pire ennemie et n'avait aucune confiance en lui) donc ils se sont retirer pour laisser le regime et ses suppots et allies de s'occuper de tout ce merdier a leur place !! pour finir tout cela pour affirmer que la conquete de la syrie est impossible a realiser meme avec toutes les armes du monde LA VOIX DU PEUPLE ET LA VOIX DE DIEU !!! le hezb est tres tres tres bien placer pour le comprendre car ils sont passes par ce processus de realisation de soi !!!

    Bery tus

    20 h 09, le 29 mars 2016

  • Et après ????? Je veux bien que le pouvoir en place à Damas se gargarise de cette "victoire" ..... la partie est loin d'être finie. De la modestie , svp C'est le parti de Dieu qui se vante de sa victoire divine ... De ce côté là, la partie est loin de finir Dans tout ce chaos régional, aucun des pays nous avoisinant ne sont prêt à vivre en paix Et ce n'est pas Daesch qui les aidera Daesch recule sur le terrain, mais il dispose encore de grandes ressources pour guerroyer longtemps

    FAKHOURI

    14 h 28, le 29 mars 2016

  • M. Anthony Samrani...La perfusion Russo iranienne...est 'elle inversement proportionnelle à l'intox de l'AFP ...?

    M.V.

    13 h 46, le 29 mars 2016

  • "Palmyre : une victoire militaire etc." ! Comme c'est drolatique ! Ça rappelle tant, la "Guerre des Grands Hotèèèls" etc.... de Beyrouth en 75 !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 07, le 29 mars 2016

  • J'aime bien vous lire Mr Samrani même si on s'attend à ce genre d'article mi figue mi raisin. De quoi avez vous peur ? Sauter du coq à l'âne ne donne pas une idée claire de ce qu'on veut vraiment dans la vie ! Par endroit on a l'impression que les bactéries salafisteswahabotes ont la côte, d'autres fois c'est le régime qui ferait l'affaire, jusqu'au prochain épisode. Le problème Mr Samrani, vous serez de ceux qui écriront qu'il a mieux valu avoir les combattants antivirus bactéries que ces bactéries elles même. Vous pariez ?

    FRIK-A-FRAK

    10 h 33, le 29 mars 2016

  • C'est triste de voir qu'entre une dictature et une autre, les Syriens, après tant de sacrifices, n'auront que de la dictature. Un peu comme les Russes, c'est un peuple qui n'aura vécu que dictatures, persecutions et humiliations. Mais la guerre n'est pas finie et comme prévue déjà depuis 2011, elle sera encore longue. Cependant il faut faire attention a ne pas dire ou écrire des inepties, seul dut a la stratégie et aux efforts Russe le regime a été sauvé. Les Iraniens et le Hezbollah n'ont apporté que la chair a canon et rien d'autre. N'oubliez surtout pas que sans l’armée Russe, ils coulaient tous comme des barquettes en pleine tempête.

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 47, le 29 mars 2016

  • LA LIVRAISON DE PALMYRE PAR DAESCH OU SA REPRISE PAR LES FORCES SPECIALES RUSSES... POUR LE COMPTE DU REGIME... NE PEUT QU,ETRE POSITIVE POUR LES NEGOCIATIONS DE GENEVE... CA NE CHANGE EN RIEN LES POINTS DEJA AGREE MAIS CA CHANGE LES POURCENTAGES ET LES DETAILS DE CES POINTS... CHANGEMENTS IL Y EN AURAIT ET C,EST L,IMPORTANT... L,ARMEE SYRIENNE AVEC LES REBELLES ENSENBLE... UNE FOIS UN GOUVERNEMENT TRANSITOIRE ETABLI... DEVRAIENT COMBATTRE DAESCH...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 44, le 29 mars 2016

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