L'armée syrienne appuyée par l'aviation russe a fait son entrée, hier, dans la ville de Palmyre, au dix-septième jour du début de l'offensive. La prise de contrôle de Jabal el-Tar et son avancée fulgurante dans cette localité semblent annoncer la fin prochaine de la phase de conquête débutée le 7 mars. La tactique d'encerclement rend difficile le repli des combattants du groupe État islamique (EI), et, à l'exception d'une base arrière située à une soixantaine de kilomètres de Palmyre, ces derniers ne disposent pas d'autre zone de repli dans cet espace désertique, configuration qui les fragilise davantage.
Si la reprise totale de Palmyre permettrait aux forces gouvernementales de tenir le nœud de communications essentielles au centre du triangle formé par les villes de Deir ez-Zor, de Homs et de Raqqa, elle constituerait surtout une victoire symbolique. L'armée syrienne repliée depuis mai 2015 sur la « Syrie utile » tente de rétablir sa souveraineté territoriale hors de ces régions. Palmyre permet également un nouvel élan stratégique pour poursuivre l'avancée jusqu'à la frontière irakienne en reprenant le dernier point de passage terrestre d'al-Tanf, et ouvrir le couloir stratégique Téhéran-Bagdad-Damas. Cette attaque programmée depuis la bataille de Lattaquié constitue surtout la première étape de la grande offensive visant à reprendre Raqqa à l'EI (après la levée du siège de Deir ez-Zor) et entériner la perte de souveraineté de l'organisation sur l'ensemble de ses fiefs. Mais le durcissement de la confrontation avec l'EI ne doit pas faire oublier que l'autre priorité stratégique de l'armée syrienne reste la reprise totale et la sécurisation de la ville d'Alep où subsistent encore quelques points d'approvisionnement en armes aux rebelles. Il est donc fort à parier que, sur le plan militaire et opérationnel, la finalité de l'armée syrienne demeure la reconquête totale du territoire. Une réoccupation totale du terrain semble néanmoins difficilement réalisable en l'absence d'une aide massive de la Russie qui a entamé son retrait partiel le 15 mars.
(Pour mémoire : Palmyre, visite guidée d'un trésor menacé)
Pour Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, et rédacteur en chef de procheetmoyen-orient.ch, la mésentente entre Damas et Moscou sur les options politiques dans la conduite du processus de Genève ne contredit pas l'objectif militaire d'une reconquête totale du territoire par l'armée syrienne. « Moscou est indisposé par le peu de créativité politique du partenaire syrien, et compte tenu de la situation géopolitique, dominée notamment par l'affrontement entre l'Arabie saoudite et l'Iran, la Russie doit adopter un calendrier politique qui ne soit pas contradictoire avec le processus des pourparlers. Des concessions sont donc attendues de la part du régime, mais la reconquête de l'ensemble du territoire est un principe sur lequel s'entendent les deux partenaires et qui demeure important pour envisager la suite de la négociation politique », explique le spécialiste.
Mais cette perspective maximaliste sur le plan militaire requiert une participation conséquente de Moscou, qui s'est montré jusque-là peu enthousiaste à s'impliquer en profondeur sur le terrain. Dans son reportage réalisé début mars, « Les calculs de la Russie à l'heure du cessez-le-feu en Syrie », le spécialiste du Moyen-Orient, Alain Gresh, soulignait, avant même le retrait partiel russe, les limites d'un engagement plus poussé de la Russie pour la réalisation de cet objectif, les Russes recherchant coûte que coûte à éviter l'enlisement dans une conjoncture marquée par la chute des cours du pétrole et du gaz.
« Le triomphalisme n'est pas à l'ordre du jour à Moscou. Certes, l'armée syrienne a remporté des succès, mais au prix de destructions massives. À supposer même qu'elle reconquière tout le pays – ce qui est peu probable, les Russes refusant un enlisement –, qui paierait la reconstruction ? » s'interrogeait Alain Gresh.
Pour mémoire
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commentaires (4)
gang de bääSSdiots-fakkîhdiots pleutres et lâches ! Tout ça, pour récupérer une Sale geôle : Tadmôr ! Salauds....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
14 h 12, le 25 mars 2016