La couverture de l’ouvrage : se chercher ailleurs, se trouver ou pas.
Revisitant les multiples pays où elle s'était déjà arrêtée pour, à ses dire, «enrichir son œil arabe et l'émanciper d'une vision unique », elle en fait le tour d'une traite dans un nouvel ouvrage intitulé Emra'at ala qaos qadah (une femme sur un arc-en-ciel). Bien installée dans cette embellie, elle emmène le lecteur vers l'essence des sites géographiques et leur impact profond. Allant au-delà des simples impressions de voyage, pour cerner l'état des lieux des visiteurs. En l'occurrence, elle-même. On suit ce guide à travers ses chapitres: «De la Suisse...» «Que j'envie»; «Regarder Beyrouth de Genève, c'est remuer la plaie»; «Un cygne parlant arabe»; «Le touriste arabe, pourquoi voyage-t-il?» «De New York à la Côte d'Azur, des soucis relaxants»; «Amsterdam, une mauvaise réputation pour une ville calme et authentique»; «Le bout de la nuit au bout du monde»; «Saut d'un nuage à une étoile».
Toujours partante
Partir, c'est mourir un peu et, pour Ghada Samman, c'est regretter de ne pas trouver ce à quoi on aspire dans cette région du monde d'où elle vient, et qu'il faille le chercher sous d'autres latitudes. Bien que cette écrivaine s'est fait connaître pour avoir imposé, sans peur et malgré les reproches d'autrui, sa rébellion, sa liberté absolue, son mode de vie et les écrits qui en ont découlé. Née dans une famille bourgeoise damascène, elle avait choisi, dans les années 60, de poursuivre son existence à Beyrouth, capitale de la liberté et qui a été pour elle le tremplin d'un fulgurant succès littéraire depuis cette époque. À l'instar du grand et inoubliable poète syrien, Nizar Kabbani, elle avait fondé sa propre maison d'édition qui continue jusqu'à présent à publier ses œuvres, plus d'une cinquantaine: romans, nouvelles, recueils de poèmes, essais, récits de voyage. Plusieurs de ses livres ont été traduits en 18 langues étrangères. Beaucoup ont été sujets à thèse et beaucoup d'écrivains se sont penchés sur sa production littéraire.
De Paris, dont elle a fait son quartier général, elle a continué malgré sa notoriété à creuser, encore et encore, et son inspiration et son mode de travail. Confortant l'appellation qui lui avait été donnée, l'écrivaine la plus lue du Golfe à l'océan.
Son nouveau livre est le sixième de sa série Récits de voyage. Les autres portent des titres non moins évocateurs: Le corps est une valise de voyage; Exil sous zéro; Un désir d'ailes; Le cœur, une lanterne solitaire, et L'extase de la liberté.
Voir Venise et mourir... Sans pour autant «perdre ses valises et ses souvenirs», comme l'écrit Ghada Samman, qui, elle, est toujours partante. Dans sa dédicace, on la retrouve telle qu'en elle-même, «à l'aimé qui m'a toujours éloignée de lui/ Refusant mon amour/ Et exigeant ma dispersion parmi les continents/ Et qui s'appelle stabilité».
I. M.