Dèces du "curé des mers", le prêtre français Michel Jaouen

Surnommé "le curé des mers" ou "le pape des paumés", le prêtre français Michel Jaouen, qui faisait naviguer des jeunes délinquants ou toxicomanes sur des trois mâts connus dans les ports du monde entier, est décédé lundi à l'âge de 95 ans. Il est mort "chez lui, à Paris", victime "de son grand âge", a déclaré à l'AFP sa nièce Marie-Anne Loiselet.

Formé chez les jésuites, Michel Jaouen était devenu aumônier des prisons peu après son ordination. Rapidement, il s'est insurgé contre l'univers carcéral, qu'il juge totalement inapproprié pour les mineurs. "En France, pays soi-disant civilisé, il y a 800 jeunes de moins de 18 ans en prison et tout le monde s'en fout; ça va de mal en pis; la prison ça sert à rien, sauf à coûter cher au contribuable; C'est l'école du crime", dénonçait-il en 2011.

Dès 1951, il a créé une association pour aider les jeunes en rupture. Vite, ce natif de l'île d'Ouessant (ouest) pensera à les embarquer en mer pour les réinsérer. En une cinquantaine d'années, plus d'une quinzaine de milliers de jeunes en difficultés ont ainsi embarqué sur les goélettes trois mâts "Bel Espoir" et le "Rara Avis", afin de se frotter aux lois implacables de la mer et ainsi mieux comprendre et accepter celles de la vie.
"Faire don de soi aux autres, c'est la seule expression de foi qui compte... Tout le reste, c'est du baratin!", expliquait en 2011 cet homme massif, charismatique, le cheveu neige en bataille.

Alain Le Verger, qui embarqua cinq mois durant, en 1975, avec le père Jaouen, en garde un souvenir ému: "Il a réussi à me changer intégralement. Je suis devenu quelqu'un que je n'aurais jamais réussi à être sans lui", se souvient-il auprès de l'AFP.