La pilote ukrainienne Nadia Savtchenko refuse d'arrêter sa grève de la faim et de la soif

La pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, qui risque 23 ans de prison en Russie où elle est accusée du meurtre de deux journalistes dans l'est séparatiste de l'Ukraine, a refusé d'arrêter sa grève de la faim et de la soif entamée jeudi, a annoncé vendredi son avocat.

"Nos arguments n'ont pas eu d'effet. Sa seule demande est d'être immédiatement renvoyée en Ukraine", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats, Nikolaï Polozov. "Elle n'a pas bu d'eau depuis que son procès a été ajourné" jeudi soir, a-t-il précisé alors que ses défenseurs craignent qu'en refusant de boire jusqu'à la reprise de son procès, mercredi prochain, Nadia Savtchenko ne fasse subir des dommages irrémédiables à sa santé et mette sa vie en danger.
Selon M. Polozov, la pilote ukrainienne considère comme une "torture" toute tentative qui serait faite de la nourrir de force.

Nadia Savtchenko a entamé jeudi une grève de la faim et de la soif après le report inattendu de son procès, qui l'a empêchée de prononcer sa dernière déclaration avant que le tribunal ne se retire pour délibérer.
La jeune femme de 34 ans avait déjà observé une grève de la faim de plus de 80 jours, qui avait pris fin en mars 2015, pour protester contre sa détention, mais c'est la première fois qu'elle se met également en grève de la soif.

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a refusé de commenter l'initiative de Mme Savtchenko, expliquant qu'il était mal placé pour parler de ce "procès (...) qui n'a rien à voir avec l'agenda" du Kremlin.

Mercredi, le Parquet russe a requis 23 ans de prison contre la pilote, jugée depuis l'été dernier par un tribunal de Donetsk, petite ville russe à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne.
Elle comparaît pour avoir, selon l'accusation, transmis à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes russes tués par un tir de mortier dans l'est de l'Ukraine à l'été 2014.

Arrêtée début juillet 2014 sur le territoire russe selon Moscou, Mme Savtchenko accuse les rebelles prorusses de l'est de l'Ukraine de l'avoir capturée sur le territoire ukrainien et livrée aux autorités russes.
Son arrestation lui a valu une forte popularité en Ukraine, où elle a été symboliquement élue députée aux législatives de 2014, en tête de liste du parti Batkivchtchina (Patrie) de l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko.

"Nous allons redoubler d'efforts pour faire revenir Nadia à la maison. C'est extrêmement important, important pour moi, important pour l'Ukraine, important pour chacun d'entre nous", a déclaré vendredi le président ukrainien Petro Porochenko dans un communiqué.

Mme Timochenko a de son côté salué le courage de la jeune femme, l'appelant néanmoins à mettre un terme à sa grève. "Cette femme extrêmement courageuse représente l'ensemble de l'Ukraine, qui ne se rendra jamais et se battra jusqu'au bout", a-t-elle dit, selon un communiqué de son parti publié jeudi.

Les Occidentaux ont appelé à plusieurs reprises à la libération de la pilote, une demande réitérée vendredi. "Nous voulons la voir libérée et qu'elle rentre à la maison", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain John Kirby. "L'Union européenne continue à appeler à la libération immédiate" de la pilote, "illégalement détenue en Russie", a déclaré de son côté la représentation de l'UE en Ukraine, dans un commentaire à l'agence Interfax-Ukraine.