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Sport - Championnats d’Europe

Des bancs très... blancs !

Préjugés, racisme ? Des entraîneurs noirs s'insurgent.

Daniel Amokachi fut la star du Nigeria au Mondial 1994. Aujourd’hui, pour devenir entraîneur, il a dû rejoindre la Finlande (D2), loin des championnats prestigieux où il brillait comme attaquant. Photo AFP

« On peut jouer, mais pas diriger. Peut-être que le Noir est juste fait pour exécuter », ironise le sélectionneur de la RD Congo, Florent Ibenge. Préjugés, frilosité des dirigeants, problèmes de formation : très peu d'entraîneurs noirs sont assis sur le banc d'un club professionnel en Europe.
« Il y a plein de joueurs noirs, mais aucun entraîneur. Il faut poser la question aux dirigeants. Des gens sont là, formés, à qui on ne veut pas faire confiance. Je crois qu'on n'est pas encore prêts mentalement à les prendre », déplore Ibenge. « Les clubs européens ne croient pas en nous », renchérit Samson Siasia, qui vient d'être nommé sélectionneur du Nigeria. « Beaucoup d'entre nous ont joué au plus haut niveau en Europe, mais ces mêmes clubs ne nous donnent pas la possibilité de montrer ce qu'on peut faire en dehors du terrain. Et même quand ils nous donnent notre chance, ils ont vite fait de nous licencier », soupire-t-il. « Où est un John Barnes (ex-attaquant anglais d'origine jamaïquaine), avec tout ce qu'il a accompli à Liverpool ?
On ne lui a pas donné sa chance comme coach, peste Siasia. Et il y a beaucoup de joueurs français d'origine africaine, mais le seul entraîneur dont je me souvienne, c'est Makelele à Bastia (en 2014). »
Sur 92 clubs professionnels en Angleterre, on compte quatre entraîneurs noirs seulement. Il y en a un seul en France (le Néo-Calédonien Antoine Kombouaré à Lens, en 2e division). Sans parler de l'Espagne, de l'Italie ou de l'Allemagne.
Discrimination, voire préjugés racistes ? « Il y a là quelque chose de profondément injuste, mais je ne veux pas mettre de nom dessus », souffle Siasia. Pour un coach noir, décrocher un poste « est un long chemin et c'est très difficile », relevait en octobre dernier l'entraîneur anglais Chris Ramsey, lui-même noir. « Il faut s'obstiner et ne pas baisser la tête, même si les raisons pour lesquelles on n'est pas pris sont parfois évidentes », ajoutait-il.
D'autant que la quasi-absence d'entraîneurs noirs semble nourrir un cercle vicieux et décourager les aspirants. « Un joueur de couleur se dira : "Est-ce que ça vaut le coup de passer les diplômes, puisque personne ne me recrutera ?" » analyse le chercheur français Pascal Boniface. En 2009, il avait coécrit le livre De but en blanc avec Pape Diouf, l'ex-président (noir) d'un des clubs les plus prestigieux de France, l'Olympique de Marseille. Dans ce livre, Diouf retraçait son parcours en se qualifiant lui-même « d'anomalie sympathique ».
Tous blancs ou presque, c'est aussi le cas en... Afrique, où nombre d'équipes nationales font appel à des sélectionneurs étrangers. « Il y a en Afrique l'image du sorcier blanc, qui a en outre l'avantage de résister aux pressions ethniques ou politiques », souligne Boniface. C'est l'un des chevaux de bataille d'Ibenge.
« Nous, Africains, demandons à nos dirigeants de ne plus mettre en avant des critères discriminatoires comme la race ou la nationalité », martèle-t-il, quelques semaines après avoir permis à la RD Congo de remporter le championnat d'Afrique des nations.
Ramsey ne dit pas autre chose : « Nous ne voulons pas de symboles. Nous voulons des gens qui sont là pour leur mérite. »

(Source : AFP)

« On peut jouer, mais pas diriger. Peut-être que le Noir est juste fait pour exécuter », ironise le sélectionneur de la RD Congo, Florent Ibenge. Préjugés, frilosité des dirigeants, problèmes de formation : très peu d'entraîneurs noirs sont assis sur le banc d'un club professionnel en Europe.« Il y a plein de joueurs noirs, mais aucun entraîneur. Il faut poser la question aux...

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