C'est un langage à double fond que le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a adressé hier à l'Arabie saoudite. « C'est à l'Arabie saoudite de s'excuser d'avoir offensé les Libanais, d'avoir nui à ceux qui ont longuement lutté pour la libération de leur terre et leur indépendance et leur décision autonome », a-t-il affirmé hier à l'occasion d'un meeting du parti, non sans lui proposer de « revoir ses comptes » et lui tendre la main.
« C'est l'Arabie saoudite qui nous agresse ; pour nous, nous n'agressons personne et nous ne nous sommes pas conduits autrement qu'en toute logique et dans le cadre de la liberté d'expression », a affirmé le numéro deux du Hezbollah.
« Que tout le monde le sache, a-t-il enchaîné. Le Liban est et restera le pays des libertés. Il ne sera le satellite d'aucun autre pays sur la surface de la terre. En tant que Libanais, nous voulons que les Libanais soient des personnes libres, fières, et non des personnes qui suivent d'autres États. Le Liban ne sera jamais un émirat saoudien, ni d'ailleurs d'aucun autre pays. »
« Tout ce que nous faisons, a ironisé Naïm Kassem, c'est de décrire les actes de l'Arabie saoudite au Yémen. Que dire donc de ce qui s'y passe ? Que les fusées sont destinées à nourrir les enfants et les nourrissons ? Que des obus sont tirés sur les hôpitaux transportant des bonbonnes d'oxygène ? (...). »
Et le numéro deux du Hezbollah de rappeler que pas plus tard que jeudi, l'Union européenne a voté à une majorité de 85 % des voix de son Parlement une recommandation visant à interdire à ses membres de vendre des armes à l'Arabie saoudite, « en raison de ses crimes au Yémen ».
« Et nous ne parlons pas des armes envoyées en Syrie et en Irak », a-t-il pointé.
Naïm Kassem a donc invité l'Arabie saoudite à « revoir ses comptes et à réaliser que ses crimes ne passeront pas parce qu'elle bénéficie d'une couverture politique des États-Unis et des autres grandes puissances qui bénéficient de ses largesses ».
« Nous ne mendierons rien de l'Arabie saoudite, qu'elle fasse ce qu'elle veut, qu'elle se conduise comme bon lui semble », a-t-il enchaîné, en référence aux fonds dont ce pays a décidé de priver l'armée et les FSI.
« Examinez bien vos actions, a-t-il conclu. Vous et vos partisans au Liban avez lancé des accusations dans notre direction, et vous avez adopté des positions hostiles à notre encontre. Malgré tout, nous considérons que vous êtres convaincus de ce que vous faites, et nous le sommes aussi de notre côté. Nous vous tendons la main en vue d'une réconciliation, d'une coopération et d'une entente, car nous voyons que le Liban a besoin de toutes ses composantes. De ce fait, n'essayez pas de nous diviser ou de faire pression sur nous. Cela ne vous servira à rien. Nous ne changerons pas d'attitude, mais notre main demeurera tendue vers ceux qui souhaitent refaire leurs calculs en vue d'une réconciliation, d'une action nationale, d'une réponse à Israël et aux takfiris et à tous les complots ourdis contre le Liban. »
Liban
Naïm Kassem demande à l’Arabie saoudite de s’excuser... tout en lui tendant la main
OLJ / le 27 février 2016 à 01h26
commentaires (5)
Bravo Naiim. Pas de Tabboulé aux saoudiques, qu'ils aillent bouffer du hamburger
Ali Farhat
04 h 11, le 28 février 2016