Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - France

Le Front national ne remporte aucune région

La droite remporte sept régions, la gauche, cinq.

Le Front national n'a pas confirmé hier sa percée historique du premier tour aux élections régionales, en ne décrochant aucune région, alors que la droite a remporté sept régions dont l'île de France, aux mains du PS depuis 1998, et la gauche, cinq.

Dans un scrutin marqué par une progression spectaculaire de la participation, l'extrême droite a échoué aussi bien en duel dans le Nord, où la présidente du FN Marine Le Pen affrontait Xavier Bertrand (LR) qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), théâtre de la bataille entre sa nièce Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi. Idem en triangulaire, dans le Grand Est pour Florian Philippot et en Bourgogne-Franche-Comté pour Sophie Montel.

Selon les premières estimations, l'échec du FN ne semblait pas bénéficier à un camp en particulier.
La droite, conduite par Les Républicains, l'emporterait dans au moins sept régions métropolitaines : la Normandie, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca – avec plus de dix points d'avance sur le FN–, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire. La droite a également gagné la région parisienne, gérée par la gauche depuis 17 ans. En outre, elle emporte La Réunion, selon des résultats définitifs.

La gauche, qui avait appelé à voter pour la droite dans trois régions où le FN était en bonne position de l'emporter, a beaucoup mieux résisté que prévu en gagnant au moins cinq régions: victoires nettes en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Bretagne, où le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est imposé. Et de justesse devant la droite en Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté, où le FN est troisième.
La gauche « n'aura pas la déroute annoncée », s'est félicité le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, le ministre Jean-Marie Le Guen saluant un « sursaut républicain ».
En Corse, c'est l'autonomiste Gilles Simeoni qui était donné net vainqueur.

(Lire aussi : Derrière les régionales, l'ombre de la présidentielle)


Le FN n'a donc pas pu confirmer sa forte poussée du premier tour, où il était arrivé en tête dans six régions, avec un nouveau record historique (27,7 % au niveau national). Le parti d'extrême droite pourra trouver pourtant des motifs de consolation. Il progresse depuis le premier tour et réalise, selon les premières estimations, son meilleur score national jusqu'alors, que ce soit en pourcentage, 28,4 %, ou en voix, dépassant très probablement les 6,4 millions de voix de la dernière présidentielle.
Il aura aussi renforcé son aura d'opposant au « système UMPS »: la campagne a été totalement focalisée sur sa présence dans l'ensemble des seconds tours en France métropolitaine, et il a fait chuter au Nord et au Sud-Est la gauche dans deux bastions régionaux, qui n'aura pas d'élus pendant la prochaine mandature, ce que n'a pas manqué de souligner Mme Le Pen.

Autre motif de satisfaction: une implantation locale renforcée avec l'élection de plusieurs centaines de conseillers régionaux.
Enfin, Marine Le Pen, qui craignait les « 28 heures sur 24 » que constituerait une présidence de région, pourra se consacrer entièrement à la présidentielle.

« Plafond de verre » pour le FN

« C'est un essai non transformé une fois de plus. Comme aux départementales, le FN ne parvient pas, faute d'alliés et de réserves à l'emporter, au second tour, où il se heurte toujours à un plafond de verre. Par ailleurs, le patronyme Le Pen est un formidable booster, mais il entraîne aussi plus massivement une mobilisation en contre au second », a commenté hier soir le politologue Yves-Marie Cann (Elabe).
« La marque Le Pen est utile au premier tour mais rédhibitoire au second », confirme auprès de l'AFP le directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, Jean-Yves Camus. « Ça tendrait à accréditer l'idée que même si Marine Le Pen est au second tour, elle ne sera jamais présidente de la République... Mais ça, c'est jusqu'au prochain scrutin. S'enkyste de manière assez définitive un vote FN à 25-30 % qui n'a pas de débouché. Où il disparaît, où il se transforme... ce qui nécessite un second partenaire », observe ce politologue.

(Lire aussi : Marine et Marion Le Pen, égéries de l'extrême droite qui s'affirme en France)

Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, a affirmé hier que la mobilisation des électeurs pour faire barrage au Front national aux élections régionales était « un signe de bonne santé de notre démocratie ».
Dans son discours juste après 20h, Xavier Bertrand (LR) a toutefois appelé la classe politique à la modestie et rappelé le « coup de tonnerre » du premier tour, peut-être « le dernier avant que le FN ne prenne le pouvoir ».

Hasard du calendrier, le dernier scrutin du quinquennat s'est déroulé un mois jour pour jour après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France (130 morts). La campagne a été largement marquée par ce drame, dans un contexte d'état d'urgence décrété jusqu'à la fin février.

Depuis une semaine, la forte poussée du FN a braqué les regards de l'Europe entière sur la France et l'entre-deux tours a été dominé par la mobilisation face à l'extrême droite. Manuel Valls avait dramatisé les enjeux en mettant en garde contre « la division » prônée par le FN, pouvant conduire, selon lui, jusqu'à la « guerre civile ».

Turbulences à droite

Droite et gauche se sont activées toute la semaine pour mobiliser les quelque 50 % de Français qui avaient boudé les urnes au premier tour.
Appel visiblement entendu, puisque sur l'ensemble de la journée, la participation (58 à 59 %) a connu un rebond énorme, d'environ 9 points au niveau national, selon les instituts.
Ainsi, Élisabeth, étudiante de 24 ans à Lille, a « fait ce qu'il faut contre le FN ». Certains sont toutefois restés imperméables à ces arguments, comme Abdel, 38 ans, croisé dans la matinée dans les rues de Clermont-Ferrand: « Ils n'auront pas ma voix, même pour battre le FN. »
D'autres étaient très agacés par la diabolisation du vote FN. À Marseille, Fabienne, une VRP de 60 ans, a voulu « donner une leçon » en votant pour « la blonde », Marion Maréchal-Le Pen.

(Lire aussi : Florian Philippot, stratège politique de l'extrême droite française)

À droite, les couteaux risquaient d'être tirés dans la perspective de la primaire de novembre 2016 pour la présidentielle, qui va focaliser tous les débats des mois à venir. La contre-performance du premier tour a entraîné des critiques en interne de Nicolas Sarkozy, notamment de la part du n° 2 du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a fustigé sa stratégie du ni ni. Le président des Républicains a tenté de désamorcer la grogne en promettant la tenue d'un Conseil national pour débattre de la « ligne » du parti.

De ligne, le gouvernement n'a lui pas l'intention de changer. Avant même les régionales, le président François Hollande, qui suivait la soirée électorale depuis son bureau de l'Élysée avec ses proches conseillers, semblait bien décidé à ne pas procéder à un remaniement rapide.

Enfin, le porte-voix du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a appelé hier soir à la constitution d'un « véritable front populaire » dans la perspective de la présidentielle de 2017. Le responsable politique s'est néanmoins dit « sans illusion, car la COP21 comme cette élection ont montré à quel niveau d'irresponsabilité les élites politiques peuvent parfois croupir ».


Lire aussi

L'avenir est à réinventer, l'édito d'Émilie Sueur

« Le Parti socialiste a joué à un jeu très dangereux... »

Le beau coup de la diplomatie française, louée tous azimuts...

Le Front national n'a pas confirmé hier sa percée historique du premier tour aux élections régionales, en ne décrochant aucune région, alors que la droite a remporté sept régions dont l'île de France, aux mains du PS depuis 1998, et la gauche, cinq.Dans un scrutin marqué par une progression spectaculaire de la participation, l'extrême droite a échoué aussi bien en duel dans le Nord,...
commentaires (3)

À LA PROCHAINE... SI... LES TÊTES CHAUVES S'ORNENT PRÉMATURÉMENT DE FAUX LAURIERS !!!

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 43, le 14 décembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • À LA PROCHAINE... SI... LES TÊTES CHAUVES S'ORNENT PRÉMATURÉMENT DE FAUX LAURIERS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 43, le 14 décembre 2015

  • La vérité c'est que c'est aussi un échec de N Sarkosi car la gauche c'est 5 régions et la droite 4 car sans le soutien de la gauche les 3 autres régions étaient perdues donc c'est l'échec du "ni ni " de Sarko

    yves kerlidou

    08 h 40, le 14 décembre 2015

  • Dommage ,le tripartisme en France aurait était un bon régulateur politique, les pouvoirs restent inchangés , avec Normal 1er et la dernier nomenklatura marxo/socialiste en UE , le PS ,LR/UMP ,les verts rouge ,les centres et la presse et médias de gauche.....

    M.V.

    08 h 30, le 14 décembre 2015

Retour en haut