Pour certains, Donald Trump (à droite) est devenu l’équivalent de Marine (à gauche) ou de Jean-Marie Le Pen en Amérique. Brian Snyder/Pascal Rossignol/Reuters
Aux États-Unis, l'appellation « Hate-Groups » ne choque plus tellement. Ainsi, le KKK (Ku Klux Klan) est légitime et on peut même y adhérer. Certes, ce groupe est marginal et ne compte que quelques milliers de membres. Toutefois, les principes (suprématie de la race blanche) qui l'ont établi au XIXe siècle prospèrent actuellement aux États-Unis et ailleurs, notamment en France avec la percée du Front national. De même, le Tea Party, ultraconservateur, a aujourd'hui un sénateur, Ted Cruz, l'un des candidats dans la course à l'élection présidentielle.
Tout ceci a pavé la voie au nativisme, ou l'opposition à l'émigration, qui domine cette année électorale. Ce soubresaut est solidement représenté par Donald Trump qui domine le paysage électoral et qui est appuyé par, entre autres, la masse du Parti républicain. C'est là le résultat de huit années d'animosité républicaine systématique vis-à-vis du président démocrate Barack Obama.
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L'islam remplace « l'intrus » mexicain
Alors que Donald Trump veut mettre les mosquées américaines sous surveillance, il se retrouve renforcé dans sa position par la moitié des gouverneurs des États qui, eux aussi, ont pris collectivement cette décision, de même que celle de refuser les émigrés syriens non chrétiens. Les candidats à la présidentielle US Ted Cruz, Jeb Bush et Ben Carson font également campagne dans ce sens.
L'histoire semble se répéter. Ce nativisme, ou refus de l'émigration, reflète le combat de ceux arrivés dans le Nouveau-Monde : les pionniers protestants ne voulaient pas de la vague des Européens catholiques qui les ont suivis, lesquels ont lancé une curie contre les Allemands qui, à leur tour, discriminaient tout ce qui venait d'Europe centrale. En Californie, on s'était élevé contre la venue des Chinois et des Japonais. Aujourd'hui, après les attentats de Paris, les musulmans ont remplacé « l'intrus » mexicain, accusé de dénaturer le tissu social américain. Évidemment, Donald Trump n'a pas inventé ce rejet de l'étranger, mais il l'incarne et réveille chez les fils de l'Oncle Sam cet instinct isolationniste dormant. Selon un expert de l'évolution du modèle de l'émigration, « l'Amérique n'est pas la seule démocratie occidentale à ressentir ce soubresaut, ni la seule à ne pas tirer une leçon du passé. Mais ce phénomène paraît flagrant de ce côté de l'Atlantique car il est contre les idéaux qui s'y cultivent ».
(Lire aussi : Les Etats-Unis devraient fermer certaines mosquées, selon Trump)
La menace d'un troisième parti
Pour certains, la radicalisation menée par Donald Trump pourrait être l'annonce de la fin du système des deux partis. En effet, il a toujours affirmé pouvoir mener sa campagne seul, c'est-à-dire sans l'appui du Parti républicain, en tant que candidat indépendant ou... en créant un troisième parti. Dans ce dernier cas de figure, le Parti républicain y laisserait beaucoup de plumes. De plus, la campagne de Trump est rapidement devenue un mouvement axé sur la peur et l'anxiété de l'étranger et des non-Blancs, non loin de la notion de la « White Supremacy » et que rallient les sympathisants néonazis. À ce sujet, l'écrivain américain Barrett Holmes Pitner observe : « Trump copie le modus operandi de la percée de l'extrême droite à travers l'Europe. Il est devenu l'équivalent de Le Pen de l'Amérique – Marine ou Jean-Marie –, choisissez qui vous voulez. » Ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour les démocraties libérales de l'Ouest. « Beaucoup d'Américains abhorrent l'arrivée de l'an 2017, écrivait tout récemment le Financial Times, avec le président Trump, le président Poutine et la présidente Le Pen. »
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Aux États-Unis, l'appellation « Hate-Groups » ne choque plus tellement. Ainsi, le KKK (Ku Klux Klan) est légitime et on peut même y adhérer. Certes, ce groupe est marginal et ne compte que quelques milliers de membres. Toutefois, les principes (suprématie de la race blanche) qui l'ont établi au XIXe siècle prospèrent actuellement aux États-Unis et ailleurs, notamment en France avec...
commentaires (4)
Ou, quand les postfascistes excentriques, racistes et loufoques se retrouvent ! Il ne leur manque que les accoutrements de Clowns, Noirs ou Bruns !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
13 h 28, le 03 décembre 2015