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Moyen Orient et Monde - Commentaire

Si Brzezinski le dit...

La succession de crises, qui ont affecté la république impériale sur fonds de transformations internationales, atteste du lent mais irrémédiable déclin de l'« hyperpuissance » américaine. Ce constat, d'un réalisme criant, est celui de Zbigniew Brzezinski. Du Grand échiquier à Vision stratégique, les objectifs stratégiques formulés par le grand théoricien du modèle géopolitique impérialiste ont profondément évolué. La géopolitique reste une donnée capitale des relations internationales, mais elle se reconfigure, et les États-Unis ne sont plus en mesure de conserver leur position dominante sur le Grand Échiquier. De son point de vue très américano-centré, il expliquait dans ce livre que le centre névralgique de l'hégémonie américaine était le continent eurasiatique qui doit être contrôlé par des moyens plus subtils que l'utilisation ou la menace d'utilisation de la force armée.

Pour Brzezinski, dans la configuration post-guerre froide, ce sont les États-Unis qui prévalent sur l'Eurasie et c'est précisément cette position dominante sur l'Eurasie qui assure aux Américains leur place dominante sur la scène internationale. Pour pérenniser cette situation, il préconisait donc une domination basée sur des éléments économiques et culturels sur les États issus de l'effondrement de l'Union soviétique, la consolidation du partenariat entre les États-Unis et l'Europe, la stratégie d'endiguement de la Russie, ennemi idéologique majeur des États-Unis, pour empêcher qu'elle ne redevienne trop puissante et ne reconstitue un pôle central d'attraction, et des États hostiles à la puissance américaine et capables de contrôler les flux énergétiques au Moyen-Orient. Et surtout : maintenir la division à l'Est.

 

(Pour mémoire : Brzezinski met en garde contre le risque d'une guerre "désastreuse" entre les USA et l'Iran)



Or sous les effets conjugués de la crise mondiale, de l'ascension fulgurante de la Chine, de l'évolution des rapports de forces globaux, les interactions internationales se sont profondément modifiées et ont favorisé l'émergence d'alliances nouvelles mettant fin au système d'alliances stables héritées de l'ère post-Seconde Guerre mondiale. La prophétie du Grand Échiquier sur un éclatement de la Russie ne s'est pas réalisée et toutes les stratégies élaborées du temps de l'« hyperpuissance » semblent aujourd'hui dépassées.
Avec les convergences d'intérêts sino-russes pour la construction d'un grand espace de coopération asiatique, le rapprochement dans la gestion des crises régionales et le désinvestissement progressif américain du Moyen-Orient, les stratégies préconisées par Brzezinski dans le Grand Échiquier deviennent impraticables. Des néocons à Obama, les contradictions de la politique étrangère américaine attestent de l'érosion de cette puissance. D'abord, la guerre américaine en Afghanistan, puis en Irak, auxquelles s'oppose Brzezinski, le déploiement d'antimissiles américains dans trois pays d'Europe de l'Est (la Pologne, la République tchèque et la Hongrie), la diplomatie américaine à l'égard de l'Iran et l'obsession de l'expansion militaire de la puissance américaine ont cessé de répondre à ce que Brzezinski préconisait.

Sous l'administration Obama, c'est l'absence de vision stratégique claire américaine qui reflète la difficulté à servir leurs intérêts stratégiques. Alors que la Chine est perçue comme la principale menace et que le repositionnement vers l'Asie est consacré comme une nouvelle priorité, Washington s'engage dans la confrontation avec la Russie en précipitant les crises sur le terrain géorgien et ukrainien. Les moyens dont ils disposent pour imposer leur perception de la disposition des pièces sur l'échiquier s'amenuisent. La contraction de l'influence américaine et l'absence de nouveaux leaderships entraînent un vide stratégique. Ce vide stratégique exacerbe à son tour les conflictualités locales et régionales. Un monde en recomposition où le vide de puissance produit des crises et les crises renforcent le vide de puissance. Pour Brzezinski, une hégémonie américaine valait mieux que pas d'hégémonie, mais cette douloureuse transition est un préalable à l'avènement d'un monde multipolaire garant de l'équilibre géopolitique global.

 

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commentaires (1)

Pour pérenniser cette situation, il préconisait donc une domination basée sur des éléments économiques et culturels sur les États issus de l'effondrement de l'Union soviétique, la consolidation du partenariat entre les États-Unis et l'Europe, la stratégie d'endiguement de la Russie, ennemi idéologique majeur des États-Unis, pour empêcher qu'elle ne redevienne trop puissante et ne reconstitue un pôle central d'attraction, et des États hostiles à la puissance américaine et capables de contrôler les flux énergétiques au Moyen-Orient. Et surtout : maintenir la division à l'Est. JE RECOMMANDE VIVEMENT LA LECTURE DE CET ARTICLE AUX ABRUTIS QUI CROIENT AUX CONNIVENCES IDIOTES D'UN PATRON ET DE SON EMPLOYE ...

FRIK-A-FRAK

12 h 11, le 30 novembre 2015

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Commentaires (1)

  • Pour pérenniser cette situation, il préconisait donc une domination basée sur des éléments économiques et culturels sur les États issus de l'effondrement de l'Union soviétique, la consolidation du partenariat entre les États-Unis et l'Europe, la stratégie d'endiguement de la Russie, ennemi idéologique majeur des États-Unis, pour empêcher qu'elle ne redevienne trop puissante et ne reconstitue un pôle central d'attraction, et des États hostiles à la puissance américaine et capables de contrôler les flux énergétiques au Moyen-Orient. Et surtout : maintenir la division à l'Est. JE RECOMMANDE VIVEMENT LA LECTURE DE CET ARTICLE AUX ABRUTIS QUI CROIENT AUX CONNIVENCES IDIOTES D'UN PATRON ET DE SON EMPLOYE ...

    FRIK-A-FRAK

    12 h 11, le 30 novembre 2015

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