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Campus - Rencontre

Ces jeunes qui dansent leur vie

Ils ont entre 18 et 29 ans. Ils viennent d'horizons différents. Dotés d'un immense talent, les danseurs de Makriss Dance Ministry (MDM) partagent tous une véritable passion pour la danse.

Karim Chitti, alias « Kayce », et Karen Abi Nader.

En 2009, Charles Makriss, membre du jury de la version arabe de la compétition de danse So You Think You Can Dance diffusée sur la chaîne libanaise MTV, établit, en collaboration avec Maroun Adolph, danseur et coach professionnel de hip-hop et de breaking, une école de danse : la Makriss Dance Ministry (MDM). Sa vocation : enseigner différents styles de danse en favorisant le hip-hop. Et pour constituer son équipe de danse, dont certains membres peuvent se produire devant un public et, pour certains, donner des cours de danse à la MDM, Makriss choisit les danseurs les plus doués, issus de différents horizons, communautés et nationalités. Campus est allé à la rencontre de quelques-uns d'entre eux.

Karim Chitti, « Kayce », 29 ans, et Karen Abi Nader, 19 ans
Le couple de danseurs a décroché le premier prix aux qualifications du championnat du monde de danse latine, organisées à Eddé Sands (Byblos) le 30 août dernier, devant des danseurs professionnels venus du monde entier. Une excellente performance, fruit d'un sérieux entraînement auquel Kayce et Karen ont consacré trois heures chaque jour. Les jeunes danseurs représenteront donc le Liban à la demi-finale prévue à Miami du 14 au 20 décembre, dans la catégorie « Salsa Cabaret », la plus difficile et la plus prestigieuse de la compétition. Une première pour le Liban qui, espèrent-ils, leur permettra d'être classés parmi les cinq premiers, accroissant ainsi la visibilité de leur pays sur la scène internationale.
Kayce, qui détient une licence en finance, considère que la danse lui a donné l'opportunité de s'affirmer, de purger ses émotions négatives et de gagner sa vie, notamment grâce au cours de salsa qu'il donne à la MDM. Convaincu de l'importance de l'entraînement, il affirme que « le travail acharné bat le talent ». Karen en est, d'ailleurs, un exemple. La jeune étudiante en éducation physique et sportive, qui s'est particulièrement illustrée dans la version arabe de So You Think You Can Dance, a su exceller dans ses études, dans son travail comme entraîneuse personnelle et dans la danse. « Pour moi, la danse c'est tout. Je danse au moins quatre heures par jour, sans exception », confie la jeune danseuse qui anime des cours de street jazz et de salsa à la MDM.

Carlos Abou Nader, 25 ans
Carlos a suivi une formation technique pour devenir réparateur d'appareils électroménagers. Passionné par la danse, le jeune homme n'a travaillé dans son domaine d'études qu'une seule semaine. « Je ne peux me voir qu'en danseur ou, à la rigueur, comme propriétaire d'une boutique de vêtements et de costumes de danse ! » lance-t-il en précisant que la danse lui permet de « s'exprimer et d'oublier les mauvais souvenirs ». Le jeune homme avait dix-sept ans lorsqu'il a commencé à danser dans l'équipe de Makriss. Les conseils continus de son coach lui ont permis d'exploiter au mieux son potentiel de danseur, confie-t-il. « Un vrai coach de danse aspire à ce que ses élèves soient meilleurs que lui sans penser à la rivalité qui pourrait s'établir ultérieurement entre lui et eux », affirme-t-il. En ce qui concerne le cours de hip-hop qu'il anime à la MDM, il raconte favoriser l'improvisation libre lorsque ses élèves ont acquis certaines techniques de base. Pour lui, le freestyle émane de l'émotion propre à chacun et exprime l'identité du danseur. « Mon but ultime est de devenir un chorégraphe qui n'enseignerait pas des pas, mais un style de vie », conclut-il.

Philippe Assi, 20 ans
Étudiant en ingénierie mécanique, Philippe est l'un des derniers danseurs à avoir intégré l'équipe de Makriss. Ses deux années de danse ont été amplement suffisantes pour le « métamorphoser », comme il le dit. « Mon cercle de connaissances était majoritairement constitué de gens tirés à quatre épingles, dont je faisais d'ailleurs partie, et qui ne pouvaient pas saisir le style un peu effronté du hip-hop. » La danse lui a donc appris à rester humble, tout en lui donnant une confiance en soi inébranlable. De ce fait, l'étudiant danseur affirme qu'il serait impensable pour lui d'abandonner son art, qui, après deux ans seulement, est devenu une partie de lui, et ce malgré ses études en ingénierie. « La gestion du temps, c'est ce qu'il faut savoir maîtriser ! », affirme-t-il. Après l'obtention de son diplôme, Philippe travaillera sans doute dans son domaine d'études, sans toutefois abandonner sa passion pour la danse.

Lana Ramadan, 24 ans
Lana, licenciée en Radio/TV, confie que la danse a ajouté de la valeur à sa vie. Elle a commencé à danser à 18 ans avec une bande d'amis. Deux ans plus tard, elle fait la connaissance de MDM. Bien qu'il soit difficile d'être une femme dans le monde du breaking (ou break dance), perçu à tort comme une danse plutôt masculine, la danseuse, devenue enseignante de breaking, a su s'imposer. « Le plus grand défi a été de faire face aux préjugés sexistes, mais je l'ai relevé en affichant un caractère fort que j'avais déjà et qui s'est renforcé grâce à la danse. » Lana, qui désire suivre des ateliers à l'étranger pour perfectionner sa danse favorite, évoque « l'esprit familial » qui règne parmi les danseurs malgré leur diversité communautaire et religieuse. « Nous prions tous ensemble avant nos spectacles quelle que soit la religion de chacun. »

Tarek Ramy, 22 ans
« Je me sens le roi du monde lorsque je danse », commence-t-il par affirmer en souriant. Tarek, qui travaille également avec son père comme fournisseur de légumes auprès de restaurants, a abandonné ses études techniques en hôtellerie pour avoir plus de temps pour la danse. Son père a fait de la résistance quant à la passion de son fils, surtout au début. Quatre ans après avoir entamé la danse, il a été contraint, à 20 ans, d'abandonner sa passion pour quelques mois à cause de son entourage. « Mon père, originaire de Zahlé, pensait que ma carrière de danseur ne pourrait pas pourvoir à ma subsistance. » C'était au début. Actuellement, ses parents le soutiennent dans sa carrière de danseur, après avoir constaté que la danse professionnelle est son moyen d'expression privilégié et qu'elle est même gratifiante au niveau financier.

Sam Saïd, 23 ans
Surnommé Ghost – comme la chanson éponyme de 2pac –,
Sam affirme que l'art est sa vocation. Ainsi, quand il ne danse pas, il dessine ou il exerce son métier de DJ. « J'aime la musique, surtout quand elle est traduite en pas de danse. » L'artiste d'origine soudanaise est devenu coach de hip-hop à 18 ans, après deux ans de danse seulement. Mais son ambition ne s'arrête pas là : il rêve de fonder une école des arts « mais probablement pas au Liban », dit-il, évoquant le manque de soutien de la part du gouvernement au secteur des arts. Le jeune homme avoue faire souvent face à des commentaires racistes à cause de la couleur de sa peau, mais jamais de la part de son équipe de danse. Et quand on lui demande si jamais il y a eu des discordes au sein de l'équipe, il répond rieur : « Vous ne vous disputez pas entre frères et sœurs ? »

Elsy Kahwaji, 18 ans
Malgré son plâtre au pied, Elsy affiche un grand sourire en racontant sa passion pour la danse. Sa blessure, elle se l'est faite en effectuant une de ses prouesses. « C'est un risque inévitable pour les danseurs qui veulent aller plus loin », confie-t-elle en ajoutant : « Ça vaut le coup. » Elsy a commencé à danser à la MDM alors qu'elle avait seulement 13 ans. Aujourd'hui, elle y donne des cours de hip-hop pour enfants. La jeune danseuse est une styliste en devenir. La danse lui a beaucoup apporté en termes d'inspiration, confie-t-elle. Cela transparaît dans ses créations qu'elle est amenée à réaliser au Collège artistique de la mode moderne. En retour, le monde de la danse exige de la jeune fille des costumes pour la scène. Ainsi, Elsy conçoit la tenue vestimentaire des membres de l'équipe pour les différents spectacles qu'ils réalisent. Quand on lui demande pourquoi elle danse, Elsy répond, simplement : « Je ne peux pas ne pas danser. »
Carlos, Philippe, Lana, Tarek, Sam, Elsy, Karim et Karen dansent avec leurs corps et leur cœur. Ils dansent malgré tout. Ils dansent car ils sont nés pour danser.

Pour en savoir plus sur MDM : http://makrissdanceministry.com

En 2009, Charles Makriss, membre du jury de la version arabe de la compétition de danse So You Think You Can Dance diffusée sur la chaîne libanaise MTV, établit, en collaboration avec Maroun Adolph, danseur et coach professionnel de hip-hop et de breaking, une école de danse : la Makriss Dance Ministry (MDM). Sa vocation : enseigner différents styles de danse en favorisant le hip-hop. Et...

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