La police israélienne a lancé hier, à Jérusalem-Est, la partie palestinienne occupée et annexée par Israël de la Ville sainte, la mise en place d'un mur présenté comme temporaire et censé protéger un quartier de colonisation d'attaques lancées depuis un quartier palestinien voisin. Hier soir, la police avait disposé six dalles d'environ deux mètres de long chacune en contrebas du quartier palestinien de Jabal Moukabber, d'où sont originaires certains des auteurs des récentes attaques anti-israéliennes, afin de le séparer du quartier de colonisation juive d'Armon Hanetsiv. Le mur, qui doit atteindre 300 mètres de long selon une porte-parole municipale, a été placé à un endroit « où il y a des antécédents de jets de pierres et de cocktails Molotov sur des maisons et des voitures de juifs ». Des inscriptions en hébreu au bas de ces dalles indiquent « Barrière de police temporaire et mobile ».
Par ailleurs, à Tel-Aviv, la municipalité a interdit l'accès des écoles aux employés chargés de l'entretien et du nettoyage pendant les heures où les élèves sont présents, par crainte d'attentats. La mesure concerne « aussi bien les (employés) juifs que les Arabes », a dit un porte-parole.
En Cisjordanie occupée, des étudiants juifs d'une école talmudique qui s'étaient rendus, sans autorisation ni escorte, au tombeau de Joseph à Naplouse ont été sauvés par les policiers palestiniens d'un lynchage par une foule en colère, selon la police israélienne. Pour rappel, ce tombeau, révéré par les juifs et situé en plein territoire palestinien, avait été incendié vendredi par des dizaines de Palestiniens. Ces jeunes juifs entendaient le restaurer. Mais vu le contexte, la venue sans autorisation était « totalement irresponsable » et « l'incident aurait pu se terminer tragiquement », a indiqué la police israélienne.
Parallèlement, un soldat a été tué par balles hier soir dans une attaque à Beercheba, ville du sud d'Israël. La police israélienne a indiqué qu'un homme, probablement palestinien, avait fait irruption dans la gare routière avec un couteau et une arme à feu. Il a tué le soldat et blessé dix autres personnes, dont quatre officiers de police, avant d'être abattu. La police avait d'abord indiqué qu'il y avait un second assaillant avant de dire qu'il s'agissait d'un civil d'origine africaine qu'elle a blessé par balles en le prenant pour un assaillant.
Rejet de la proposition française
La communauté internationale, comme les responsables israéliens et palestiniens, paraît largement impuissante face à un mouvement principalement conduit par de jeunes Palestiniens échappant à tout contrôle, exaspérés par l'occupation et la colonisation, encouragés par les réseaux sociaux et les incantations religieuses.
L'un des cris de ralliement pour les Palestiniens est la défense de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier les règles régissant l'esplanade, troisième lieu saint de l'islam également vénéré par les juifs. Ce « statu quo » autorise les juifs à se rendre sur l'esplanade à certaines heures, mais leur interdit d'y prier. Les musulmans peuvent y prier à toute heure, mais sont régulièrement soumis aux restrictions de la part des Israéliens qui contrôlent l'accès à l'esplanade.
Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier le « statu quo », ce dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est encore défendu hier. Il a par ailleurs fermement rejeté l'idée, qu'Israël attribue à la France et qui serait contenue dans une déclaration du Conseil de sécurité de l'Onu, d'une présence internationale sur l'esplanade. « Israël rejette la proposition française au Conseil de sécurité car elle n'inclut aucun rappel de l'incitation à la violence et au terrorisme des Palestiniens », a dit M. Netanyahu. Les Affaires étrangères sont allées jusqu'à accuser Paris de « récompenser le terrorisme » palestinien. Le ministère israélien des Affaires étrangères a « convoqué » pour ce matin l'ambassadeur de France, a appris l'AFP auprès de sources diplomatiques, qui n'ont pas donné de raison officielle pour expliquer cette mesure.
Visite de Kerry
Vendredi, le président Barack Obama avait jugé important que les dirigeants israélien et palestinien Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas et d'autres responsables essaient « d'atténuer la rhétorique susceptible d'alimenter la violence, la colère et l'incompréhension ». À ce propos, le secrétaire d'État américain John Kerry a confirmé qu'il rencontrerait cette semaine en Allemagne M. Netanyahu et qu'il se rendrait ensuite au Proche-Orient pour s'entretenir avec le président Abbas.
Enfin, hier, le pape François a dit suivre « avec une grande inquiétude la situation de tension et de violence qui afflige la Terre sainte ».
(Source : AFP)
commentaires (4)
"Les Territoires palestiniens ne sont plus la Jordanie donc pas non plus la "Cisjordanie". La Palestine n'ayant jamais été un État, il est donc difficile de la qualifier (d'occupée!) d'un point de vue légale." ! Au SEUL lecteur "averti" : Étymologiquement, Cisjordanie désigne la région "du même côté" (du mot latin cis), par rapport au Jourdain, par opposition à "l'autre côté, l'autre rive du fleuve, appelée trans–Jordanie. Ce terme est employé pour la rive ouest du Jourdain et est apparu entre 1948 et 1967 en rapport à la période d'annexion par le royaume que l'on appelait encore la Trans-jordanie. Ce royaume hachémite avait été créé dans les années 1920 sur la rive orientale du fleuve et avait été transformé par la SDN en mandat britannique en même temps que la Palestine sur l'autre rive. Ses frontières suivent le Jourdain, la mer Morte et la Ligne verte (la ligne de cessez-le-feu de la Guerre de 48). La Cisjordanie englobe de nombreux lieux saints des religions abrahamiques. La région a fait l'objet de résolutions de l'ONU dont la 181 et la 242. L'ONU la considère comme un territoire occupé. L'autorité palestinienne la revendique pour y fonder un État palestinien, déjà reconnu dans ces frontières par plusieurs pays. Attribuée par le Plan de Partage de la Palestine à un futur État arabe, elle est annexée par la Transjordanie en 1949 et Israël en prend le contrôle en 67 etc. CQFD. S'il faudrait plus, que "Le Journal" s'en charge. Suis blasé. Pour ne pas dire autre chose !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
06 h 12, le 21 octobre 2015