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Culture - Artiste en résidence

Christoff Baron, dernier maillon de la chaîne du bois

Des palettes de bois et des madriers d'échafaudage rafraîchis, repeints et revisités seront exposés à la galerie Aïda Cherfan*. Le peintre français a réalisé son œuvre à Beyrouth, dans un bel hommage au milieu ouvrier.

Les personnages de Baron se profilent devant des fenêtres en arcade. Photos Michel Sayegh

Une résidence d'artiste à Beyrouth ? Christoff Baron en avait rêvé et c'est grâce à sa galeriste Aïda Cherfan, chez laquelle il avait exposé en 2010 et 2012, qu'il a pu installer son atelier dans une belle demeure délabrée aux murs lézardés, aux poutres fendues et à la peinture défraîchie et usée par le temps. Dans cet espace situé dans une ruelle d'Achrafieh et qui tombe en ruine sans pour autant perdre son âme, l'artiste a pu laisser voguer son imagination.

À l'étage, trônent les pots de peinture, les pinceaux et les brosses, et dans le jardin, qu'enlacent des lianes tombantes et des branches qui pleurent leurs feuilles, l'artiste a installé ses grandes planches de bois. Penché durant de longues heures sur ces palettes noueuses, malgré la tempête de sable qui a soufflé sur Beyrouth ou les autres vents nauséabonds, l'artiste leur redonne vie et en fait des stars.

Depuis que Christoff Baron a pris la voie de l'art après des études d'ingénierie mécanique, il a choisi ce médium pour exprimer un art narratif teinté souvent de sacré. « Pour la petite histoire, j'aime à raconter que je suis né dans cette ambiance d'ouvrier, ce qui est un peu vrai mais un peu romancé. Mes parents possédaient en réalité une entreprise de location de matériel et j'ai grandi auprès de ce milieu d'ouvriers », dit-il. Pourquoi, alors, ce choix des palettes ?
«C'est à la fois un hommage au monde ouvrier et un travail collectif, puisque menuisiers et maçons ont contribué à façonner ces palettes. Ces planches sont les déchets de la consommation. Elles sont utiles dans tous les domaines, dans la construction et autres. Mais personne n'y prête attention, car elles n'ont aucune valeur à nos yeux. En les manipulant, les peignant, les revitalisant, je réussis à les remettre en évidence et à mélanger les histoires à l'histoire », explique-t-il.

Il s'agit donc de conjuguer le passé au présent et le profane au sacré ? « Je n'ai aucun problème à mêler les époques et les genres. Certes, mon thème s'articule autour du sacré, étant moi-même quelqu'un de très religieux. Mon sujet de prédilection est la Cène, une scène historique qui se répète à travers les âges, puisqu'elle parle d'amour, d'amitié et de trahison autour d'un banquet. Mais pour cette exposition, j'ai choisi aussi les noces de Cana que j'ai revisitées à ma manière ainsi que des scènes de tauromachie car je retrouve dans cet acte de jeu de la mort quelque chose de sacré. »
Et la magie du lieu? «Le lieu est en effet magique. Il y a d'abord ces verrières aux formes géométriques et ce vitrail que j'ai reproduit dans mes peintures, et cette ambiance d'intemporalité que je retrouve également dans mon travail. Que peut rêver de plus un artiste si ce n'est cet endroit qui vous porte plus haut? Car, finalement, quel est son rôle sinon que de retrouver cette poésie souvent invisible et de la mettre en partage», conclut Christoff Baron.

*Du 7 au 28 octobre, Aïda Cherfane Fine Art, place d'Antelias, Grand-Beyrouth. Tél. : 04/444111 - 222.

 

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