Affaire al-Jadid : le procureur envisage de faire appel de la décision du juge

Le procureur amicus curiae du Tribunal spécial pour le Liban, Kenneth Scott, a annoncé hier qu'il ferait appel de la décision prise le 28 septembre par le juge compétent en matière d'outrage, Nicola Lettieri. Ce dernier avait déclaré Karma Khayat, directrice adjointe de la chaîne al-Jadid, non coupable du premier chef d'accusation relatif à l'outrage au tribunal, et la société al-Jadid sal également non coupable des deux chefs d'accusation, à savoir l'outrage et l'obstruction à l'administration de la justice.
« Nous attendons la décision écrite du juge, mais nous envisageons également de faire appel de la peine prononcée », a déclaré le procureur. « C'est pour nous une satisfaction et un encouragement de voir que Mme Khayat a été déclarée coupable du second chef d'accusation, pour une faute grave, qui a, selon nous, exposé des témoins prétendument confidentiels à un risque réel, et constitue une entrave à l'administration de la justice », a poursuivi M. Scott.
Karma Khayat avait été condamnée à une amende de 10 000 euros pour obstruction à l'administration de la justice.
« Contrairement à ce qui a pu être dit et écrit depuis le prononcé du jugement le 18 septembre, rien dans la décision du juge ne vient appuyer, approuver ou valider le comportement de Mme Khayat et de la société al-Jadid », a ajouté le procureur. « Au contraire, a encore précisé le procureur, le juge a déclaré que " la profession de journaliste ne peut être utilisée comme une protection absolue. " Il a conclu qu'en continuant de diffuser les reportages en cause, al-Jadid avait illégalement divulgué des informations identifiant de supposés témoins confidentiels et protégés. Du fait de son rôle au regard de ces actes, Mme Khayat a été reconnue coupable d'une infraction grave. »
En interjetant appel, M. Scott espère que les juges de la chambre d'appel invalideront la décision du juge Lettieri. « Notre mandat et l'action que nous menons dans ce cadre pour protéger l'intégrité du tribunal, l'administration de la justice et les témoins réels, prétendus et potentiels, se poursuivent », a conclu le procureur.